Ahmad Al-Mismari le porte-parole de l'Armée nationale libyenne (ANL) dirigée par le maréchal Khalifa Haftar basée dans l'est du pays, a annoncé lundi en soirée la prise de contrôle de toute la ville de Syrte, située dans le littoral à quelque 450 km à l'est de la capitale Tripoli, des mains des forces du gouvernement rival soutenu par l'ONU le gouvernement d'accord national (GNA). « Le commandement général des forces armées arabes libyennes annonce officiellement la libération de la ville de Syrte du terrorisme et des criminels », a-t-il déclaré lors d'une conférence de presse organisée à Benghazi. Al-Mismari a également indiqué que l'ensemble de l'opération de prise de contrôle de Syrte n'a pas pris plus de trois heures, précisant par ailleurs qu'elle était confidentielle. Dans un premier temps les forces de l'ANL ont débarqué et se sont emparées du port de la ville, sans doute avec la complicité de milices qui combattaient pour le GNA et « ont pris le contrôle de la base militaire d'As-Saadi et de certains quartiers de la ville et se sont avancées vers le centre-ville », a-t-il ajouté. « L'Armée nationale libyenne a placé par la suite Syrte sous son entier contrôle », a-t-il déclaré. L'armée du général Khalifa Haftar, établie dans l'est de la Libye, mène une campagne militaire depuis début avril dans et autour de la capitale Tripoli, tentant de prendre le contrôle de la ville et de renverser le gouvernement de Fayez al-Sarraj, soutenu par l'ONU, le GNA. La prise de Syrte, jusque-là contrôlée par les forces loyales au GNA de Fayez Al-Sarraj est une percée de taille pour l'ANL car elle est considérée comme un verrou stratégique vers la « conquête de l'ouest » sous administration du GNA et qui vient de recevoir des renforts de la Turquie en hommes et matériels. Cela pourrait être un tournant décisif dans le rapport de force entre l'ANL et le GNA. Syrte, fief de l'ex-dictateur Mouammar El Kadhafi est une région géopolitiquement importante car elle commande l'accès à la ville historiquement rivale Misrata à 250 km et où se stationnent le gros des troupes du GNA qui protègent la capitale Tripoli. Cette conquête sans pratiquement ni de tirs ni de combats est essentielle dans ce sens où elle laisse à découvert le flanc Est d'un autre bastion stratégique, Misrata, où d'ailleurs se trouve l'un des seuls aéroports contrôlés par le GNA qui soit encore opérationnel. Les troupes de l'ANL de Haftar, déjà présentes, au sud de la capitale, ainsi que dans quelques quartiers, gagnent petit-à-petit du terrain et sont en train de serrer l'étau sur les milices du GNA, loyales à Fayez Al-Sarraj, qui à part la défensive, ne peuvent plus se permettre aucune autre initiative que celle de résister à l'offensive lancée le printemps dernier par les hommes du maréchal Khalifa Haftar. Et si l'on assiste soudain à un regain de violences et à une forme rapide du déroulement du processus de l'offensive autour de Syrte cela s'explique par la position et la mobilisation affichée par la Turquie en faveur du GNA car Misrata que convoite le maréchal Khalifa Haftar est appelé à être le centre de commandement des troupes turques. En effet, jeudi dernier la Grande Assemblée nationale de Turquie avait adopté la motion autorisant l'envoie des troupes turques en Libye. L'Union européenne, les Etats-Unis, Israël, la Grèce, Chypre, la Ligue arabe avaient exprimé leur inquiétude et mis en garde la Turquie contre cette ingérence dans les affaires intérieures de la Libye.