Pas de trêve en Libye durant ce mois de ramadan, histoire de calmer une situation pour le moins explosive. Depuis plusieurs jours, les combats d'une violence rare, font rage. L'homme fort de l'est du pays, le maréchal Khalifa Haftar, de son ambition effrénée de s'emparer de la capitale Tripoli poursuit son offensive contre le gouvernement d'union nationale (GNA). Dans la nuit du è au 8 mai, l'armée nationale libyenne dirigée par Haftar a effectué une série de 18 frappes aériennes visant la ville de Misrata. L'académie militaire de la ville, son centre d'opération dirigée par des soldats turcs ainsi que les dépôts de munitions à l'aéroport ont été visés provoquant explosions et morts d'hommes. RFI relatant que deux dépouilles de soldats turcs au moins, ont été remises à l'hôpital de Misrata. Mais ce n'était pas là, la seule ville visée par l'aviation du maréchal. Zliten, Gheryane, Ejeilat et Zouara, toutes sous influence du GNA, n'ont pas été en reste. Tripoli, la capitale libyenne, a, elle, été bombardée à l'artillerie lourde. Dans le quartier d'Abou Slim, des témoins font état de fortes déflagrations, dus à l'explosion des dépôts d'armes suite à ces bombardements. Plusieurs habitations ainsi que des véhicules ont été détruits ou du moins touchés. Le GNA déplore la mort de plusieurs civils. Ces opérations interviennent dans la foulée de l'attaque avortée de la base aérienne d'Al-Watiya, opérée par le GNA, il y a deux jours. Aussitôt après l'échec, le GNA avait appelé par la voix de Fayez el-Sarraj à une solution politique pour « sortir de la crise actuelle et en finir avec les divisions », faisant savoir au passage qu'il acceptait toutes les initiatives. Mais Haftar ne l'a pas entendu de cette oreille d'autant plus que lors de cette attaque, l'ANL y avait perdu une dizaine d'hommes. Aussi, les raids aériens de cette nuit sont une riposte à la tentative du GNA de s'emparer d'Al-Watiya. « Ce sont des opérations tactiques pour défendre le territoire face à la Turquie » avait rétorqué le général Ahmad al Mismari, porte-parole de l'ANL. Puis faisant allusion aux déclarations du président turc Erdogan qui avait annoncé lundi soir s'attendre à « des bonnes nouvelles de la Libye », le général Ahmad al-Mismari, a promis, de son côté « d'agréables surprises » pour Ankara, l'allié de Tripoli, en Libye. Faut dire également que les combats ne sont pas prêts de s'arrêter car au regard de la situation mondiale les parties au conflit ont les coudées franches tant la Libye est délaissée de toutes parts, mis à part les mercenaires évidemment. Et dans ce contexte, la Libye devient « le terrain d'essai pour toutes sortes d'armes nouvelles et interdites« , a récemment déclaré Stéphanie Williams, représentante spéciale des Nations Unies pour la Libye. Premières victimes, les civils. Un rapport récent d'experts de l'ONU contrôlant l'embargo sur les armes imposé à la Libye, confirmait la présence dans ce pays de « mercenaires », mais souligne « ne pas être en mesure de vérifier de manière indépendante l'importance de leur déploiement ». Le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, sautant sur l'occasion n'a pas manqué de dénoncer les « informations continues » sur « l'implication de mercenaires étrangers dans la crise en Libye ((allusion faite aux Turcs et Russes) avec des capacités de combat renforcées, et des livraisons d'équipements militaires aux deux parties en violation de l'embargo sur les armes » a-t-il déploré dans un rapport sur la Libye au Conseil de sécurité daté du 5 mai.