La Ligue arabe a souligné, à l'issue d'une réunion urgente mardi 31 décembre 2019, à la demande du Caire, « la nécessité d'empêcher les ingérences en Libye », où le gouvernement de Tripoli a signé deux accords avec Ankara, dont l'un porte sur la coopération militaire. Dans une résolution adoptée par les délégués permanents réunis au siège de la Ligue au Caire, l'organisation panarabe a dit « son refus et souligné la nécessité d'empêcher toute ingérence qui puisse contribuer à faciliter la venue en Libye de combattants extrémistes terroristes étrangers ». Les pays membres ont également exprimé « leur forte inquiétude face à l'escalade militaire qui aggrave encore davantage la situation en Libye et menace la sécurité et la stabilité des pays voisins et de la région tout entière ». Plongée dans le chaos depuis la chute de Mouammar Kadhafi en 2011, la Libye est aujourd'hui déchirée entre deux autorités: le gouvernement d'union nationale (GNA) reconnu par l'ONU et basé à Tripoli et un pouvoir incarné par le maréchal Khalifa Haftar dans l'Est. Le maréchal Haftar a lancé début avril une offensive pour conquérir la capitale et annoncé le 12 décembre le début d'une nouvelle « bataille décisive » pour s'emparer de Tripoli. Il est soutenu par l'Egypte, les Emirats arabes unies et la Russie. Fin novembre, la Turquie a signé deux accords avec le GNA. L'un porte sur la coopération militaire et l'aide que la Turquie pourrait apporter au GNA dans sa lutte contre les troupes du maréchal Haftar. Et le second porte sur la souveraineté maritime. Il permet à la Turquie de faire valoir des droits sur de vastes zones en Méditerranée orientale riches en hydrocarbures, au grand dam de la Grèce, de l'Egypte, de Chypre et d'Israël. Le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi a dénoncé le 17 décembre toute velléité de contrôler la Libye voisine, au surlendemain d'une rencontre à Istanbul entre le président turc Recep Tayyib Erdogan et le chef du GNA. « Nous n'autoriserons personne à contrôler la Libye (…) c'est une question qui relève de la sécurité nationale de l'Egypte », avait déclaré Sissi, cité par plusieurs médias contrôlés par l'Etat. Et lundi, le président égyptien a évoqué lors d'un entretien téléphonique avec son homologue français Emmanuel Macron « les risques d'une escalade militaire ». L'émissaire de l'ONU en Libye, Ghassan Salamé, a regretté « l'internationalisation du conflit, son extension territoriale, notamment au niveau maritime, et aussi l'escalade militaire proprement dite ».