Le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres s'est dit, vendredi, « profondément inquiet » par les violents combats ayant éclaté au sud de Tripoli entre les forces de Khalifa Haftar et celles du gouvernement de Fayez al-Sarraj, reconnu par la communauté internationale. « Je quitte la Libye avec une profonde inquiétude et un cœur lourd« , a déclaré M. Guterres à l'aéroport, peu après sa rencontre avec le maréchal Haftar. En visite depuis mercredi dernier en Libye, le patron de l'ONU a indiqué qu'il est toujours « possible d'éviter une confrontation sanglante à Tripoli et ses environs« . M. Guterres a rencontré vendredi en Libye le maréchal Khalifa Haftar, dont les forces sont engagées dans une offensive pour prendre la capitale, alors que plusieurs pays ont lancé des appels à la retenue pour éviter toute escalade militaire susceptible de compromettre les efforts en cours. En réaction à ces développements, notamment l'appel de Haftar à ses troupes d'avancer sur Tripoli, le Secrétaire général de la Ligue arabe, Ahmed Aboul Gheït, a pour sa part demandé à l'ensemble des parties libyennes de faire preuve de retenue et de désamorcer immédiatement la situation militaire dans les régions Est du pays. Dans un communiqué, le chef de la l'organisation panarabe a exhorté les parties libyennes à considérer la voie politique comme la seule solution à la crise en Libye. M. Aboul-Gheit s'est déclaré « extrêmement préoccupé » par l'évolution récente de la situation en Libye et la reprise des affrontements armés, alors que la communauté internationale multiplie les efforts visant à encourager les Libyens à participer au processus politique parrainé par les Nations unies. Il a également souligné qu'il n'y a pas de solution militaire à la crise libyenne, « une question qui a été réitérée lors du 30ème Sommet de la Ligue arabe » tenu dimanche dernier en Tunisie. → Lire aussi : Libye : Guterres se dit préoccupé par le risque de confrontation Pour leur part, les ministres des Affaires étrangères des sept pays les plus industrialisés (G7), réunis vendredi à Dinard (nord-ouest de la France), ont appelé à la cessation « immédiate » de « tous les mouvements militaires vers Tripoli ». « Nous exhortons toutes les parties impliquées à faire cesser immédiatement toutes les activités et tous les mouvements militaires vers Tripoli, qui entravent les perspectives du processus politique mené par les Nations unies, mettent des civils en danger et font durer les souffrances du peuple libyen« , ont souligné les ministres dans une déclaration commune. « Il n'y a pas de solution militaire au conflit libyen« , ont souligné les chefs de la diplomatie des Etats-Unis, du Canada, de la France, de l'Allemagne, du Royaume-Uni, d'Italie et du Japon, se disant « opposés à toute action militaire en Libye ». « Toute faction ou tout acteur libyen alimentant le conflit civil porte atteinte à des innocents et fait obstacle à la paix que les Libyens méritent« , ont ajouté les ministres, réitérant leur soutien total à la recherche d'une solution politique par l'envoyé spécial de l'ONU en Libye, Ghassan Salamé. A Moscou, le Kremlin a mis en garde contre une « reprise du bain de sang » en Libye après le lancement d'une offensive des forces pro-Haftar vers Tripoli, et appelé à un règlement « pacifique et politique » du conflit. « Nous estimons que le plus important est qu'aucune action ne conduise à la reprise du bain de sang« , a affirmé à la presse le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov. « Nous estimons indispensable de poursuivre tous les efforts possibles pour une résolution complète de la situation avec des moyens politiques et pacifiques« , a-t-il ajouté. M. Peskov a indiqué que Moscou ne participe « d'aucune manière » au soutien militaire des troupes du maréchal Khalifa Haftar. Jeudi, les forces pro-Haftar avaient lancé une offensive pour prendre la capitale Tripoli, où siège le gouvernement d'union nationale (GNA) dirigé par M. Al-Sarraj qui a ordonné, à son tour, à ses forces et groupes alliés de les repousser. Face au risque d'embrasement, le Conseil de sécurité de l'ONU tient une réunion à huis clos à la demande du Royaume-Uni, pour discuter de la Libye, après des appels internationaux à la retenue. L'escalade militaire intervient alors même que le pays se prépare à tenir une conférence nationale parrainée par l'ONU qui devrait rassembler de nombreuses parties libyennes dans le but de mettre un terme à la crise politique dans le pays. La Libye tente de mettre en place une transition démocratique alors que règnent l'insécurité et le chaos depuis la chute du régime de Mouammar Kadhafi, en 2011.