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Un Maroc au coeur du malaise entre conservateurs et modernistes
Publié dans Maroc Diplomatique le 01 - 12 - 2016


L'identité comme stratégie
Salwa Tazi, écrivaine
Que ce soit ici ou ailleurs, lors­qu'un gouvernement cherche à asseoir sa légitimité, il in­voque la perte des valeurs, ou celles de l'identité nationale et/ou religieuse, pour faire craindre le pire aux citoyens. Les dirigeants savent que les citoyens craignent par-dessus tout de perdre leur « identité » ou leurs « valeurs» par exemple, à cause de l'immigration massive (en Europe) ou à cause de la montée de l'islamisme et du radica­lisme. En revenant sur la question des valeurs et de l'identité nationale, les partis politiques utilisent la stratégie de la peur du grand méchant loup pour revenir au conservatisme pur et dur. Comment expliquer cette stratégie ? Comme le gouvernement du PJD n'a rien fait de positif pendant l'exercice de son mandat et comme son bilan est maigre, il a voulu tirer avantage de la façade identico-religieuse. C'est le miroir aux alouettes. Au lieu de propo­ser des alternatives intelligentes pour gouverner, au lieu de s'occuper des vrais problèmes qui rongent la socié­té comme le chômage, l'éducation, la corruption, la sécurité nationale… les dirigeants Péjidistes portent le débat sur une idéologie plutôt que sur des réalisations concrètes. Ils utilisent l'Islam politique pour faire peur aux citoyens qui risquent de «perdre» leur identité religieuse et nationale. Cette stratégie est une tragédie !
La question de la religion est une question récurrente qui revient sou­vent lors des moments troubles. Au­jourd'hui, avec la montée de l'Isla­misme dans le monde, le PJD sort la carte Joker de la religion. Il se veut le sauveur de la religion « menacée » et le protecteur des valeurs. En fait, le PJD a mis en place une stratégie de communication basée sur la religion et la morale. Son message populiste s'adresse à une frange populaire de la société (analphabète ou « alphabé­tisée ») de plus en plus conservatrice et de plus en plus influencée par le Wahhabisme importé par les prêches via les satellites et les imams de mos­quées. Or Sa Majesté le Roi, a rappelé dans son discours du 20 Août 2016, je cite : « l'extrémisme et la haine consti­tuent le principal facteur d'insécurité et d'instabilité et que la civilisation humaine, ne peut s'épanouir que dans l'interaction et la coexistence interre­ligieuse, comme ce fut dans le passé à Bagdad et en Andalousie. » Les Ma­rocains auraient-ils été des mécréants avant l'arrivée au pouvoir du PJD ? Bonne question ! Certes, le PJD veut faire croire de façon sournoise que ceux qui ne pratiquent pas la religion selon leurs « critères» sont mécréants.
Sa Majesté le Roi a invité les Maro­cains résidents à l'étranger à «rester attachés aux valeurs de leur religion et à leurs traditions séculaires face à ce phénomène qui leur est étranger.» (Discours du 20 Août 2016). Bien sûr qu'avant l'arrivée du PJD, il n'y avait pas de « mécréants» mais des citoyens marocains, toutes religions ou ethnies confondues, qui vivaient en bonne entente, dans la paix so­ciale. Aujourd'hui, nous assistons à un clivage de la société avec le PJD qui dresse les uns contre les autres. Il a divisé les citoyens en bons croyants et mécréants. Et puis qu'est ce que la mécréance ? «Ceux qui incitent au meurtre et à l'agression, qui excom­munient indûment les gens et qui font du Coran et de la Sunna une lecture conforme à leurs intérêts, ceux qui ne font que colporter le mensonge au nom de Dieu et du Prophète. C'est cela la vraie mécréance.» dixit Mohammed VI, Commandeur des Croyants. (Discours du 20 Août 2016)
Identité marocaine et modernisme
Le modernisme est compatible avec l'identité marocaine. Notre pays était en phase de modernisation depuis le protectorat! Lors du célèbre discours que Lalla Aïcha a prononcé, le 11 avril 1947, à Tanger à l'occasion de la fête des écoles des filles, la prin­cesse était aux côtés de son père, le Roi Mohammed V, le visage décou­vert et la tête recouverte d'un léger voile, lorsqu'elle a lancé un appel à la femme marocaine en l'invitant à prendre une part active à la vie na­tionale. Lalla Aïcha a encouragé les femmes marocaines à la suivre sur le chemin de la culture et de la moder­nité. Le magazine américain Times du 11 Novembre 1957, l'avait décrite comme un symbole de l'émancipation de la femme musulmane parce qu'elle représentait un bel exemple pour les générations à venir. Ma mère avait retiré son voile à cette époque-là. Par ailleurs, il est intéressant de noter que lors de l'inauguration du CHU Ibn Sina, (Hôpital Avicenne) à Rabat en 1954, aucune infirmière n'était voi­lée. Est-ce à dire qu'elles n'étaient pas de «bonnes musulmanes?» Je ne pense pas. Elles étaient modernes et elles suivaient la marche du temps et du progrès. Certes, le modernisme est compatible avec l'identité marocaine et plus généralement avec l'identité musulmane, mais les extrémistes re­ligieux et l'Islam politique freinent son expansion.
Querelles de clochers
Globalement parlant, nos valeurs sont les mêmes. Les tensions qui existent sont dues à la forme et non au fond, du moins je l'espère ! Sur le fond, nous sommes tous d'ac­cord. Nous invoquons tous Dieu de la même manière. Nous croyons tous à la « Chahada » (la profession de foi) ce qui est suffisant pour être musulman. Sur la forme, toutes nos différences apparaissent comme une tâche d'huile. Ce sont à la fois le discours islamo-politique, la lutte du pouvoir, la lutte idéologique et la confrontation des valeurs qui sont sur le «banc des accusés». Il y a une cacophonie qui nuit à l'écoute de l'essence-ciel. On devrait tous tendre vers cette seule voix qui nous rassemble.
Le monde a toujours traversé des périodes de crise identitaire qui pro­voquent des tensions récurrentes autour de la question des valeurs morales. Démunis, les citoyens se raccrochent au conservatisme car ils ont peur de perdre les valeurs mo­rales, religieuses ou humanistes qui donnent un sens à leur existence.
La femme, cheval de Troie
La femme est la partie visible de l'iceberg. C'est un symbole. Elle est la gardienne des traditions, elle édu­que les enfants, futurs citoyens. Enfin quand elle se voile, porte le burkini, le khimmar ou la burqa, elle dévoile au monde l'état actuel et le degré de l'islamisme prévalant dans la société. La femme est un indicateur, un ther­momètre social. C'est dire que le Ma­rocain vit une sorte de bipolarité dans le sens où il vit dans la culpabilité. Il n'assume pas ses choix religieux. Il est partagé entre tradition (conservatisme) et modernité (progressisme), entre la déclaration des droits de l'Homme et le droit de la Charia, entre l'égalité homme/femme dans la société mo­derne et la supériorité de l'homme en Islam (quawamoun). Fatima Mernissi en a parlé dans «La peur-modernité, conflit Islam, démocratie» (éditions Albin Michel). Elle y explique que nous avons peur de « l'étrange et de l'Etranger », peur de l'individualisme, de la liberté d'opinion. Et la femme est au confluent de toutes ces peurs. En fait, les civilisations arabo-mu­sulmanes sont le modèle vivant de la bipolarité. Elles n'arrivent pas à se libérer du poids de la jurisprudence ancestrale. Seule la laïcité pourra dé­faire ces noeuds et guérir le Marocain de sa bipolarité chronique.
Moeurs et médias
Peut-être que si les médias en ligne ne favorisaient pas la diffusion des affaires de moeurs, on n'en serait pas là. Mais heureusement qu'ils sont là. Les médias sont l'un des outils les plus utiles au service de la modernité. Ils montrent, au grand jour, tous les scan­dales qui existaient certainement de­puis longtemps. Cela dit, nous serions arrivés à ce stade avec ou sans médias, mais cela aurait pris plus de temps. Il est temps que nous soyons alertés des dérives de l'islamisme. Les extrêmes font plus de mal que de bien. Le parti politique sorti gagnant des élections doit sérieusement et impérativement avoir le sens des responsabilités et servir les intérêts de la Nation avec toutes ses composantes. Il doit s'at­teler aux vrais problèmes et défis que traverse notre Maroc. Il doit travailler sur la démocratisation et la consolida­tion du pays. Son ambition doit être celle d'unir les citoyens entre eux plu­tôt que de les diviser. Son devoir est de s'appuyer sur des bases modernes au lieu de s'enfoncer dans des sables mouvants avec des luttes idéologiques nuisibles et inutiles.


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