La littérature politique des mouvements islamistes entre instrumentalisation et altérations du religieux dans l'islamisme radical, les interpénétrations entre le droit commun et l'islamisme radical, l'approche historique du mouvement propagandiste et du phénomène de l'islamisme radical est très complexe. Pourtant, dans ces implications quotidiennes, le but semble facile et atteignable. Et le Maroc ne fait pas exception à la règle. Entre discours officiel et aléas de la rue, entre commerce de pensées obscurantistes et mercantilisme, on peut tomber sur des vendeurs des rues, qui proposent de la propagande islamiste en cassettes vidéo, CD et DVD, appelant au jihad. Dans les taxis, sur les plages, devant quelques mosquées, dans les cafés et mêmes dans les hammams, on peut rencontrer une panoplie humaine qui a pris sur elle de nous reconvertir au «vrai islam». Prêches, harangues, colère, rage et bile combinées, la littérature est de très bas étage, mal ficelée, très approximative, souvent servie par des ignares et des analphabètes. Il s'agit pour nous dans cette enquête, d'appréhender un phénomène désormais installé dans le paysage moyen-oriental, et, au-delà, sur l'ensemble de la planète. Il s'agit de l'islam radical se réclamant du jihad et toute sa littérature propagandiste telle qu'elle est déclinée en textes, tracts, sites internet, portails déguisés, CD, DVD, VCD, cassettes audio, et autres produits de merchandising comme des posters, des affiches, des photos et parfois même des objets qui viennent à peine de faire leur apparition au Maroc, comme c'est le cas depuis des années au Pakistan et dans d'autres pays du Mashrek et même en Algérie et en Tunisie. Pour cerner ce vaste champ littéraire bien établi, aux codes et genres bien définis, il est bon de revenir, d'abord, aux textes et aux discours, de mettre en regard les discours classiques définissant cette notion de jihad avec l'emploi qui en est fait dans la littérature de propagande « jihadiste » et notamment dans le discours d'Al-Qaïda. Il est tout aussi important pour nous d'éviter tout amalgame, de s'intéresser aux territoires, aux espaces dans lesquels se déploient les pratiques politiques et militaires qui s'en réclament, pour toucher les influences qui agissent au Maroc et trouvent dans la rue, droit de cité. Parmi les Cd les plus diffusés au Maroc, il y a un «best sellers» qui a fait le tour du pays à une époque où les réseaux dormants affiliés à Al Qaïda, n'avaient pas encore fait leur entrée en jeu. Il s'agit d'une charge en forme de harangue d'un prêcheur salafiste appelé Abdallah Nihari. Dans les milieux avertis et au fait du discours jihadiste, ce nom fait autorité. Le bonhomme avait pris sur lui de nous enseigner, en des termes fielleux que «la femme est une créature de Satan», même quand elle est voilée et que la libération de la femme est l'origine du mal dans la société. Ceci, en prélude à une montée en puissance pour déclarer la guerre à tout ce qui n'est pas de son credo, c'est-à-dire, l'Occident, les autres religions, les coutumes et les moeurs des autres. Bref, un réel coup de balai de tout ce qui est différent. Ceci est un hors d'œuvre littéraire, servi avec des phrases simples et dont les visées sont claires, des dires mêmes de leur auteur : exterminer toute autre vision du monde. Les colères de cet illuminé ne sont rien devant d'autres manifestations de la littérature de propagande : les plus coriaces, sont les films de guerre mettant en scène des jihadistes arabes en action, dans des pays comme l'Afghanistan, le Daguestan, la Tchétchénie ou la Bosnie. Ce qu'il faut préciser d'emblée, c'est qu'à chaque alerte terroriste au Maroc, le marché est vidé de ce type de produits, mais cela n'empêche pas ceux qui en possèdent de les garder bien au chaud comme des documents de grande valeur, comme le dit ce vendeur de corans et autres cassettes devant une mosquée à Hay Mohammadi, pas loin de la Kissariat : «On ne peut pas tout saisir. La police a ratissé tous les quartiers après les évènements de Sidi Moumen, évidemment les vendeurs ont pris peur. Mais je peux vous assurer qu'il suffit de se connecter sur internet et de télécharger des petits films sur le jihad. On imprime quelques photos, et on met le tout dans des pochettes que l'on revend à 5 ou 8 dhs. On ne peut pas non plus contrôler tous les sites». Ce vendeur nous a appris que les fameux sites dédiés au jihad changent d'adresses constamment, mais «pour celui qui veut en faire son gagne pain, il suffit de suivre l'actualité sur Internet et d'avoir quelques connaissances qui s'intéressent au même sujet, pour trouver les portails qu'il faut et télécharger des documents très vendeurs» Portées historiques et démagogies De quoi parle-t-on dans ces cassettes et DVD sur le jihad, qui se vendent sous le manteau au Maroc ? Les martyres y tiennent le haut du pavé. Toute une culture de la mort y trouve un terreau fertile, pour proposer à des milliers de jeunes «une fin heureuse Fi sabil Allah». Et l'attrait de la mort trouve un écho certain, puisque le nombre de martyres grossit et les sites qui relayent les informations jihadistes, affichent au quotidien une panoplie de portraits de ces jeunes, hommes et femmes, qui ont fait le choix, franchi le pas vers l'au-delà. En clair, le fonds de commerce est clair : la négation de la vie au service de l'horreur. C'est un sujet aussi vieux que toutes les religions : christianisme, judaïsme et islam et aussi plusieurs sectes qui ont choisi la mort comme solution finale. La base littéraire est la même : incriminer l'autre, désigner son ennemi, décortiquer son mode de vie, faire une analyse sommaire de sa pensée et de ses principes de morale en proposant d'autres valeurs et d'autres modes de vie, qui doivent prendre le dessus. Et pour supplanter l'autre, il faut l'éliminer. Mais le passage d'un exposé idéologique à une solution radicale, doit suivre un cheminement bien précis. Dans tous les sites jihadistes, ce sont les images de la mort et de la torture des musulmans qui font office de preuves et de moyens de persuasion. «Quand on voit des femmes musulmanes, violées par des soldats serbes ou russes, quand on assiste à des exécutions collectives de croyants innocents, dont le seul crime est leur religion, il y a de quoi être révolté. Certains font la part des choses, d'autres tombent dans le discours de la vengeance, c'est ce qui fait la différence entre un terroriste en puissance et un citoyen indigné par l'injustice», nous confie un étudiant de la faculté de Ben M'sik qui ne cache pas son affiliation islamiste radicale, en refusant l'amalgame avec le terrorisme ou la pensée terroriste. Le même étudiant déclare avoir visionné des dizaines de films qui montrent les horreurs perpétrées sur «des musulmans dans le monde. Le fait de les voir ne fait pas de moi un terroriste ni un jihadiste, bien que je pense que tout musulman est au fond jihadiste par définition». Dans ce même esprit, le cas Belhachmi, qui faisait partie des groupes entraînés en Algérie, avait fait l'objet d'un document diffusé par le groupe d'Al Qaïda au Maghreb, pour montrer d'abord l'engagement des activistes et surtout leurs aptitudes à la mort. Phénomènes de mode et prosélytisme Dans un taxi desservant la ligne entre Sidi Bernoussi et le centre-ville, certains chauffeurs font double emploi. Au-delà de la recette du jour, on sert «la bonne parole», faisant d'une pierre deux coups : on gagne son pain et peut-être une place au chaud au paradis le jour du jugement dernier là où il fait bon trouver les 70 femmes qui attendent le mâle de chauffeur en goguette, fier d'avoir participé à propager les préceptes de la vie ici-bas, avant le grand voyage dans l'au-delà. Le principe est simple : une cassette d'un prêche un peu soft, avec quelques passages enflammés, et au milieu du discours, le chauffeur prend la parole, arrête la bande pour donner de la voix et exposer son point de vue sur la question. Il y va de son cru sur la religion, le royaume de Dieu, l'enfer pour les impies, vous et moi, l'importance et l'urgence de porter une barbe, de tourner le dos à la vie moderne, de s'habiller comme un afghan brûlé par la chaleur de Kandahar. En somme, ce sont tous tes principes et ta vision de ta propre vie qui sont remis en cause par un inconnu, qui doit juste faire son boulot pour te déposer d'un point A à un point B. Mais au nom de je ne sais quelle prédisposition au «bien», il va te servir de longs et obscurs chapelets sur le bien et le mal. Cela peut aller jusqu'aux injures et des gestes d'intimidations. Des jeunes filles en ont fait les frais à cause de leurs tenues vestimentaires, des garçons à cause d'une coupe de cheveux et d'autres parce qu'ils ont un verre dans le nez ou ont eu la malchance de demander que l'on change de station radio pour écouter un peu de musique. Quand les femmes s'y mettent D'autres sillonnent les rues avec des radios cassettes portées en bandoulières autour du cou, scandant des versets du coran. Ils sont à pied, et leur intérêt n'est pas de vendre leurs cassettes, mais surtout de te faire écouter des versets du coran, malgré toi. On a beau leur demander de baisser le volume en leur expliquant que le coran est bel et bien sacré mais que l'on peut l'écouter autrement et selon nos besoins et nos envies, les marchands ambulants résistent et t'accusent d'être un athée qui refuse de prêter l'oreille à la parole de Dieu. Des accrochages ont eu lieu dans ce sens. Autrement dit, le droit au culte n'est plus du ressort de l'intime et du personnel, mais il se change en une obligation qui vient t'assaillir, par le biais de jeunes bornés et incultes, dans la rue. On entre dans les cafés, on passe dans les bains maures, et on lâche les vannes aux décibels. Toujours avec ce prétexte solide, devant le coran, tout le monde hésite à manifester son refus ou sa colère, de peur de se faire passer pour un mécréant. Les femmes ne rechignent pas à la tache, dans ce type de propagande. Et c'est devant les écoles que cela se passe d'ordinaire. Plusieurs femmes sont abordées par des femmes voilées qui attendant aussi leur progéniture pour demander aux autres femmes de porter le voile. Elles appuient leurs discours par des documents et des textes imprimés via Internet. La formule magique est la suivante : rien de plus important que la vie éternelle. Et pour y arriver «il faut porter le hijab» et «détester l'occident et ses moeurs criminelles». Un autre terrain de chasse favori des femmes, le hammam où, selon certaines filles, on peut assister à des scènes pour le moins étranges, de femmes presque voilées à l'intérieur malgré la chaleur humide, qui vont voir quelques jeunes femmes en string et sans soutien-gorge, pour leur demander de se couvrir car «la foudre de Dieu va s'abattre sur l'édifice» à cause de leur nudité. Dans les souks, quand on fait ses achats, c'est aussi le même discours et aujourd'hui, ce sont des cybercafés entiers qui sont investis par cette faune, très décidée à en découdre avec le destin des autres. Et dans les universités, les jeunes filles voilées ont plus d'un argument à montrer. Toujours preuves à l'appui, c'est le mode de vie des autres qui est en cause. L'islam prend le relais, des versets du coran aidant, pour intimider les autres. «Le plus dur n'est pas la confrontation avec un certain type de filles dans l'université, mais l'impossibilité de dialoguer avec une personne qui n'a pour argument que les accusations. Comment peut-on être réceptifs devant quelqu'un qui te tombe dessus prétendant détenir la vérité suprême ?». Et c'est là tout le secret de cette littérature propagandiste jihadiste : la vérité est du côté de celui qui l'utilise pour incriminer les autres. C'est ce que l'histoire a appelé fascisme et despotisme. fatwas et tracts Média High Tech et Jihad La plus que bizarre réapparition médiatique de ben Laden, n'a pas échappé au flot de recherche sur le Net pour propager «la bonne parole» du chef de la mouvance dite Al Qaïda. Une réapparition qui a mis sur la touche d'autres apparitions comme celles d'Al Wahiri, son mentor, qui apparaît et s'exprime, lui, très fréquemment, via le Net, par des cassettes et des fatwas diffusées dans le monde musulman par des tracts. Sauf que pour cette dernière apparition de Bel Laden, il faut bien préciser la source. Ben Laden est réapparu, mais dans une des multiples cassettes de propagande d'Al Sahab, que l'on peut traduire par le Nuage. C'est là une structure considérée comme la «section média d'Al Qaïda» qui a pour nom complet : Al Sahab Foundation for Islamic Media Publication. Un nom qui a son poids en or dans les milieux de la propagande islamistes à visées jihadistes, dont les données font rage dans les milieux radicaux marocains. La maison-mère est basée à Quetta dans le Baloutchistan pakistanais, et elle s'est spécialisée dans les vidéos de propagande. C'est à la fois un fonds de commerce très lucratif et une structure de données qui servent à véhiculer de nombreux messages y compris ceux de Bel Laden. On peut y trouver toutes les facettes de la propagande : testaments de kamikazes, interviews et messages de Ben Laden ou Zawahiri, actions des moudjahiddines, égorgements d'otages et punitions de «collaborateurs», textes de soulèvements des passions, poésie jihadistes, listes de noms des martyres… On peut aussi y trouver des chansons avec des sous-titres ou des versions anglaises. Les films recourent au 3D pour créer des décors très kitschs, comme des tentes dans le désert, Corans flottant dans les airs, arbres se couvrant miraculeusement de fruits pour préfigurer le paradis et d'autres techniques très rudimentaires. Dans la dernière cassette de quarante minutes, Ben Laden n'apparaît que quelques secondes durant lesquels, il prêche, faisant l'éloge des mouhadjidines d'Afghanistan et expliquant que le martyre est le sort le plus enviable pour un vrai musulman, alors que le reste des images sont un amalgame qui doit rappeler la longue «lutte de l'islam contre les impies». réseaux du jihad L'étrange cas de Stcom Un organisme qui porte le nom de «STC Publications» dont l'appellation ressemble étrangement à celle des éditeurs d'ouvrages scientifiques britanniques et américains du même nom, possède un portail Internet de propagande islamiste en langue française baptisé Stcom. Et ce, depuis le début de l'année 2001. Selon les données officielles fournies par des services de renseignements européens qui se penchent sur les réseaux du jihad via le Net, ce site est régi par Smaïn Bedrouni, domicilié à Sardent, dans la Creuse, mais hébergé aux Etats-Unis sur le serveur d'un grand prestataire commercial. Une situation pour le moins louche, puisque c'est là un lien Internet qui navigue sur plusieurs volets avec une domiciliation et un hébergement distinct, pour éviter que l'on retrace toutes ces connexions internes. Reste que, malgré cette vigilance, d'ailleurs de mise pour de nombreux sites de propagande, pas uniquement islamiste, mais aussi à obédience chrétienne, judaïque, scientologue ou autres, en l'espace de quelques mois, Stcom s'est imposé comme l'un des sites de référence pour les partisans francophones du Djihad. Un site très prisé aussi au Maroc avec des fichiers téléchargés et photocopiés qui circulent en cachette dans les universités, les mosquées, les cafés… Le site consacre sa page d'accueil aux attentats du 11 septembre. Une lettre de condoléances adressée au président des Etats-Unis par des organisations musulmanes françaises y est publiée, suivie d'un éditorial qui impute la responsabilité des attaques aux services secrets américains et israéliens, «désireux de reprendre le contrôle de la production d'héroïne en Afghanistan». Le portail donne aussi accès à six sites militants consacrés à l'Afghanistan, la Tchétchénie, les Philippines, l'Indonésie, le Cachemire et la Palestine, tous illustrés de photos d'atrocités commises par les ennemis de l'islam. Les six sites en question fournissent une flopée de photographies que beaucoup de jeunes islamistes gardent sur leurs ordinateurs ou impriment pour les diffuser auprès de leurs amis et confrères. Par exemple, sur le site afghan, on peut voir une interview en vidéo d'Oussama Ben Laden, antérieure à la destruction du World Trade Center. Sur le site tchétchène, le leader Chamil Bassaev «exprime ses condoléances pour la perte des citoyens et des familles américaines », mais attribue la responsabilité des attentats à la Russie.... Et les exemples d'atrocités sont nombreux. On y parle aussi souvent de la guerre au Daguestan, en Bosnie et de la lutte armée au sein de l'Europe par les jeunes d'Allah qui «doivent rétablir l'empire de Dieu». Internet et forums Les moyens de la propagande Le message islamiste passe par plusieurs médias, dont l'affiche ou les «posters», que l'on peut télécharger sur Internet et les imprimer. Le plus gros des portraits, est celui des martyrs qui prolifèrent du reste dans les quartiers tenus par le Hamas ou le Hezbollah au Moyen-Orient. Ils sont suivis par ceux des moujahidines en Tchétchénie, en Bosnie et en Afghanistan. On peut aussi y trouver des photos de membres du GIA et de l'ancien GSPC. Il est aussi relayé par des moyens plus modernes comme des jeux vidéos où, au lieu de combattre des monstres de l'espace et jouer à Blade Runner, le joueur peut s'identifier à un combattant de la résistance irakienne abattant des GI's. L'effet est immédiat et souvent les images de chars américains explosés, font le tour de plusieurs PC pour relayer l'information et marquer le coup. Le monde numérique est aussi un terrain favorable de jeu pour la propagande jihadiste. On peut tomber sur des DVD qui sont dupliqués et édités en plusieurs exemplaires. Ils circulent de façon bien discrète depuis que la police a serré l'étau autour de ce type d'activisme. Leurs contenus restent sans surprises : des anthologies d'exploits de moudjahiddines ou d'exécutions de ce que les jihadistes appellent « les ennemis ». Il existe des sociétés de production d'inspiration islamiste, qui ont parfaitement intégré les critères de l'esthétique des mangas ou de la culture pop, même principe, bien que peu sophistiqué, mais toujours cette touche fun pour habiller le message religieux détourné. Ce sont les mêmes cassettes ou DVD, VCD qui sont piratés et vendus sous le manteau à Derb Ghallef, à raison de 5 dhs ou 8 dhs selon les cassettes et leurs contenus. Il y a aussi des sites et forums dits jihadistes sur Internet, dont l'importance est parfois exagérée dans la mesure où les « vrais » sites jihadistes en contact avec des organisations militaires, ne se rencontrent pas facilement sur le Net d'un simple clic. Il y a toute une batterie de mesures pour y accéder, que même des activistes de cellules terroristes, ignorent comme cela a été démontré lors des procès de Madrid, Bruxelles et Paris. Mais le principe tel qu'il nous a été communiqué par un chercheur est simple : «il faut connaître leur URL (une adresse Internet en chiffres) qui change sans cesse pour échapper à la surveillance des autorités ou à l'action de hackers. Il y a donc peu de chance d'être recruté pour un vrai attentat, de recevoir de vrais messages secrets des dirigeants, de rencontrer une véritable filière pour l'Irak ou d'acquérir une authentique formation de poseur de bombe, uniquement au hasard d'une navigation Google. Il faut être un peu plus initié et avoir quelques contacts humains». Mais il y a aussi une série de sites sympathisants diffusant des vidéos, facilitant les contacts entre jeunes gens exaltés. «Irhabi 007» (littéralement «terroriste 007») distribuait des vidéos d'exécutions, des manuels d'instruction militaire et du matériel jihadiste sur la Toile. Il y a aussi le rôle que jouent les cybercafés qui drainent une faune de jihadistes virtuels, dont nous doutons fort qu'ils aient un rang très élevé dans la hiérarchie d'Al Qaïda. Mais, sur le nombre, il s'en trouve certainement qui passent à l'acte un jour, même avec maladresse (la cas de Sidi Moumen pourrait relever de ce type de navigation Internet). Ce phénomène qui a été surnommé «le jihad des copains» et qui est caractérisé par un certain spontanéisme n'est pas négligeable pour les services de sécurité du monde entier et au Maroc, le travail effectué dans ce sens est très considérable.