Pourquoi l'islamisme dit modéré n'inspire-t-il pas confiance malgré tous les efforts fournis par ses promoteurs pour rassurer la société quant à leurs intentions ? Cette question revêt parfois l'aspect d'une doléance exprimée par les islamistes eux-mêmes qui se mettent ainsi en position de victimes de ceux qu'ils qualifient d'éradicateurs. Pourtant la réponse à leur question est simple : l'islamisme modéré et l'islamisme radical ne sont pas deux courants parallèles mais plutôt deux phases successives dans le processus d'islamisation de la société, qui est la finalité de tout projet islamiste. Un mouvement islamiste, quel qu'il soit, cherche impérativement à ressusciter, non pas la pratique de la religion musulmane au sein de la société car elle y est, le plus souvent, déjà enracinée, mais, plutôt à imposer des règles de comportement social et politique telles que dictées par une doctrine particulière. Le problème avec les mouvances islamistes c'est qu'il n'y a pas de limites claires à leurs projets. Le terminus n'est jamais défini d'une façon précise. On ne sait pas où commence ni où s'arrête un Etat islamisé. Les exemples ne manquent pas. Le dernier cas est celui du «micro-Etat » autoproclamé par les islamistes du Hamas. Voilà des gens qui ont utilisé la démocratie et les droits qu'elle confère pour arriver au pouvoir avant de dénigrer cette démocratie et ses lois pour proclamer une société islamisée dans la bande de Gaza. Mais, comme l'islamisme n'a pas de limites, il est apparu, sur la scène gaziote, une frange issue du même mouvement, qui s'est rebellée contre les dirigeants du Hamas en les accusant d'avoir trahi le projet islamiste initial. Se basant sur cette «trahison», le nouveau mouvement a appelé au jihad contre l'ancien tout en annonçant publiquement son allégeance au dirigeant d'Al Qaïda, Oussama Ben Laden. La surenchère idéologique étant facile dans l'islamisme et les ambitions personnelles étant le noyau dur du militantisme islamiste, il est clair que tout projet intégriste ne peut mener que vers le chaos et la «Fitna». Comment faire alors pour ne pas avoir peur de l'islamisme ?