El Hajji Afaf, épouse de Mohamed El Marouani, l'un des leaders politiques accusés dans le cadre de l'affaire Belliraj, plaide l'innocence de son époux et de ses co-détenus. ALM : Votre époux, Mohamed El Marouani, secrétaire général du parti non-reconnu « Al Oumma », est accusé d'être le bras politique du réseau Belliraj. Que répondez-vous à cette accusation ? El Hajji Afaf : Les accusations ne reposent sur aucun fondement. Les chefs d'inculpation retenus contre mon mari sont erronés et l'affaire a été surdimensionnée pour donner un aspect d'extrême gravité au dossier. La preuve : toutes les théories avancées n'ont jamais été crues par l'opinion publique, la société civile et politique. La majorité des acteurs de ces composantes de la société ont d'ailleurs exprimé leur conviction quant à l'innocence des six détenus politiques et ont dénoncé le fait que les autorités aient condamné les six dirigeants politiques avant que la justice ne se soit prononcée sur la question alors qu'ils n'ont aucune preuve matérielle ni élément juridique de base pour lancer ces accusations. Aujourd'hui, ces six hommes ainsi que leurs familles sont épaulés par un soutien inconditionnel et sans faille de la part des différentes organisations de tous les défenseurs des droits de l'Homme à l'échelle nationale et internationale, des partis politiques nationaux, des avocats de renommée ainsi que des personnalités remarquables de la société civile. On reproche également à votre mari son appartenance par le passé à l'aile radicale de la Chabiba Islamiya. Qu'en pensez-vous ? Encore une fois je reviens à ce que j'ai dit à propos des accusations. Ce ne sont que des mensonges montés par des gens qui sont contre les positions modérées de ces cadres islamistes qui n'ont cessé de montrer, à différentes occasions, par leur comportement, par leurs écrits et par leurs déclarations ainsi par leurs prises de positions politiques leur adhésion totale aux valeurs de la citoyenneté, de la démocratie et leur rejet catégorique de l'extrémisme et du terrorisme sous toutes ses formes.
Le parti « Hizb Al Oumma » dirigé par votre conjoint n'a jamais reçu l'aval des autorités. Comment votre mari réagissait-il à cette décision ? Le parti Al Oumma a été constitué conformément à la loi qui régit la constitution des partis politiques. Cette loi est claire à ce sujet. Elle stipule que si les autorités n'opposent pas d'objection à la formation d'un parti politique dans un délai de deux mois après le dépôt de la demande, ce silence équivaut à une autorisation tacite. Les autorités ont montré, depuis cet événement, leurs hostilités à ce projet, ils ont prétendu n'avoir jamais reçu de demande quoique plusieurs militants avaient reçu des convocations des autorités locales au sujet de la constitution du parti suite au dépôt de la demande et quoique ces autorités ont, également, réclamé des fondateurs du parti de dresser leurs points de vue quant à la relation entre le politique et le religieux. La réaction du leader, le secrétaire général El Marouani, et des militants du parti a été de faire prévaloir les dispositions de la loi, position qui n'a pas été acceptée par le ministère de l'Intérieur qui a intenté une action auprès du tribunal administratif pour déclarer la nullité du parti. J'arrive mal à croire comment des citoyens, reconnus pour leur sincérité et leurs positions modérées au sein de toute la classe politique, des instances des droits de l'Homme et des intellectuels nationaux, auraient pu «duper» le ministère de l'Intérieur sur une question de remise de dossier de demande de constitution d'un parti. C'est de l'irrationnel. Quels arguments feriez-vous valoir pour prouver l'innocence de votre conjoint ? A mon avis, les arguments sont contenus dans les questions «Sur quoi les accusateurs se sont-ils basés pour porter de tels jugements sur des hommes modérés ? Comment expliquent-ils le lien entre le présumé réseau et les six détenus ? Comment expliquent-ils cette stupéfaction de l'opinion publique? Pourquoi les copies des PV n'ont pas été remises à ce jour aux avocats? Tant de questions qui restent sans réponse de la part des accusateurs. Alors que s'il y a un reproche à faire à ces hommes c'est leur dévouement à leur pays et leur adhésion aux valeurs de la citoyenneté et de la démocratie et leur militantisme contre toute forme d'abus et de terrorisme. En plus, les six détenus politiques ont déclaré leur innocence de toutes les accusations dans leur dernier communiqué de presse. Mardi dernier, les familles des six détenus politiques ont observé un sit-in devant le tribunal antiterroriste de Salé. Quels sont les motifs réels de ce sit-in ? L'organisation de ce sit-in émane, en premier lieu, de la conviction ferme des familles des six détenus politiques et des formations qui y ont assisté, de l'innocence des accusés. C'est également une protestation contre le non-respect des procédures judiciaires et du principe de l'innocence par les autorités. C'est enfin une riposte de l'ensemble des détenus, de leurs familles et des avocats chargés de la défense pour demander leur libération immédiate. Que comptez-vous faire par la suite pour faire aboutir vos revendications ? Ce sit-in n'est qu'un premier pas entre autres pas dans notre agenda pour défendre notre cause jusqu'à leur libération. Nous n'épargnerons aucun effort pour dévoiler l'étroitesse de la superficie que réservent ces gens là au respect des principes élémentaires des droits de l'Homme. Pourriez-vous décrire, en quelques mots, l'état actuel de votre mari ? Mon époux ainsi que tous les cinq autres détenus politiques croient en leur innocence et considèrent que leur accusation dans le cadre de cette affaire est purement politique.