Par Yasmine El Khamlichi L'Observatoire Marocain des Prisons (OMP) dresse un tableau sombre de la situation des établissements pénitentiaires au Maroc. Dans son rapport pour l'année 2018, présenté, mercredi 10 juillet à Rabat, l'Observatoire pointe du doigt la surpopulation carcérale et les conditions de détention jugées dégradantes. Le Bureau Exécutif de l'Observatoire Marocain des Prisons (OMP) a présenté, mercredi 10 juillet, son rapport annuel 2018 sur la situation des établissements pénitentiaires dans le Royaume et des détenues. En 2018, les établissements pénitentiaires ont enregistré un nombre de 51 025, dont 931 femmes et 50.094 hommes. Parmi eux, 32 732 détenus prévenus et 72 condamnés à mort. Le document indique qu'entre 2017 et 2018, la dégradation des conditions socioéconomiques a généré des mouvements de revendications des droits socioéconomiques et civiques, dans plusieurs villes du royaume. « L'exacerbation du mécontentement populaire a engendré un durcissement de l'approche sécuritaire par les autorités, allant à des restrictions des libertés publiques, des vagues d'arrestations, des procès et des condamnations de dizaines de militants, défenseurs des droits de l'Homme, journalistes... », soulignent les auteurs du document, qui alertent sur la surpopulation des prisons. Chiffre à l'appui. 13 prisons sur 15 connaissent un taux d'occupation qui dépassent les 100% et arrive quelques fois à 200%, tel est le cas de la prison locale Al ARJAT 1. Un chiffre alarmant, qui relance le débat sur la question de la promiscuité dans les prisons. Le même rapport indique que 180 détenus ont perdu la vie l'année dernière. Ce chiffre inquiète l'OMP. « Ceci est dû, explique l'organisation, à la lenteur et les carences au niveau des soins donnés en prison, à la maltraitance ou alors aux répercussions psychologiques qu'entrainent le stress de la détention, la sévérité des peines, la violence entre détenus.. ». 1600 Plaintes ont été déposées par des détenus et leurs familles, auprès de la Délégation Générale à l'Administration Pénitentiaire et à la Réinsertion (DGAPR) pour dénoncer « la maltraitance, la privation de soins santé et d'hospitalisation, et les conditions de détention ». Hamid Lamrissi, vice-secrétaire général de l'OMP explique que « les conditions de promiscuité, d'humidité et d'hygiène dans les prisons génèrent des maladies d'ordre dermatologiques, dentaires et intestinales en premier lieu. Cette catégorie vulnérable a droit de bénéficier de couvertures médicales et de dépistages ». « Le ministre de la santé doit assumer sa responsabilité et trouver une solution à ce problème », réclame-t-il. De son côté, le président de l'OMP Abdellatif Reffouh s'indigne de l'état des établissements pénitentiaires. « La situation aujourd'hui est très critique, il y a un grand problème de promiscuité dans la plupart des prisons, il est impératif de trouver des solutions soit à travers l'instauration des peines de substitution pour certains cas de détention ou bien le rapatriement des détenus étrangers pour qu'ils soient près de leurs familles », souligne-t-il dans une déclaration à Maroc diplomatique. L'OMP a établi une série de recommandations. Parmi elles, l'harmonisation complète du système juridique national régissant les questions carcérales et pénales. L'association revendique également de mener des « enquêtes urgentes et impartiales sur l'ensemble des cas de décès, de maltraitance, de violence, de transfèrement abusif ou d'affaires de corruption et de stupéfiants ». Autres recommandations de taille : Garantir et promouvoir les droits fondamentaux des détenus, y compris le droit à la formation, l'éducation, l'information et la communication. Hamid Lamrissi avoue que « des avancées remarquables ont été accomplies tout au long des deux dernières décennies mais c'est loin d'être suffisant en comparaison avec les pays du pourtour méditerranéen ».