La chaîne de télévision arabe « Asharq Al-Awsat TV » a publié il y a quelques jours un post sur sa page Facebook intitulé « Exclusif : Gaïd Salah désavoué par ses troupes qui critiquent sa gestion mafieuse. La grande muette est au bord de l'implosion ». Cependant, cette publication, que beaucoup d'internautes attribuent à un haut gradé de l'armée algérienne qui dénonce le fait que le général Gaïd Salah soit considéré comme le « dernier rempart » de l'Algérie a été rapidement supprimée, ce qui ouvre grand la porte à de nombreuses interprétations et questions. Quelques heures après, le site d'informations algérien, aljazayr.com, a réagi en s'interrogeant sur les motifs supposés de cette suppression. « Les groupes d'opposition sont-ils derrière cette suppression ? Ou bien la censure a été dictée par des pays étrangers ? L'armée est-elle devenue impliquée dans les réseaux sociaux ? » Peut-on lire dans le site. Ci-dessous, le texte dans son intégralité pour en faciliter la lecture : [ EXCLUSIF : GAID SALAH DESAVOUE PAR SES TROUPES QUI CRITIQUENT SA GESTION MAFIEUSE. LA GRANDE MUETTE EST AU BORD DE L'IMPLOSION. Est-il raisonnable de miser sur le Général Ahmed Gaid Salah, en le considérant comme le dernier rempart d'un président grabataire ? Plusieurs officiers supérieurs de l'ANP sont loin d'être de cet avis. L'un d'eux a décidé de rompre avec témérité la loi de l'omerta qui caractérise la grande muette, pour révéler la vraie face de celui qui trône depuis 15 ans à la tête de l'armée, en cumulant depuis 2013 le poste clé de vice-ministre de la défense et qui pour une grande majorité de militaires, incarne le problème fondamental pour la stabilité de l'Algérie et non la solution. Usant d'un humour placide, le Lieutenant Chafik* se demande d'emblée si l'Algérie est condamnée à être gouvernée par des gens malades et corrompus. « Le Général souffre de graves problèmes auditifs qui l'empêchent de capter la voix de plus en plus inaudible de Bouteflika. Il vient d'ailleurs de commander une audioprothèse au frais de l'antenne militaire algérienne à Paris », affirme t-il. Mais, outre l'inaptitude physique du Général octogénaire connu pour avoir un gout prononcé du lucre, l'officier Chafik fustige surtout sa gestion de l'armée, en l'accusant d'en avoir fait sa ferme privée, au service exclusif des copains et des coquins. « Notre armée est ravagée par le clientélisme jusqu'au plus haut sommet de sa hiérarchie. Tous les galonnés surtout les attachés militaires à l'étranger, vous diront que pour être dans les bonnes grâces du Général, il faut savoir lui montrer patte-blanche en veillant à pointer assidûment au bureau de son directeur de cabinet, qui fonctionne à vrai dire, comme un rabatteur pour son maître ». « C'est aujourd'hui un secret de polichinelle que les gradés les plus choyés sont ceux qui offrent régulièrement à Gaid Salah et à sa famille des habits de haute couture, des montres de luxe parfois serties de diamants, des bijoux de grandes marques et même du caviar », dixit ce lieutenant, qui est révulsé par le coté mesquin de son premier responsable. Chafik en veut pour preuve les récentes instructions données par Gaid Salah aux œuvres sociales de l'armée de prendre en charge l'épouse de son fils Mourad, qui doit accoucher au cours de ce mois (mars 2019), à Paris, au moment ou les responsables de l'état-major qui sont dans le collimateur du régime, sont systématiquement privés de leur droit a l'assistance médicale et sociale. Il donne, à ce propos, l'exemple du Général Major Saïd Bey, ex-commandant de la 2ème région militaire (Oran), limogé de ses fonctions l'année dernière (2018) dans le cadre d'une purge inédite, mais très sélective au sein de l'armée, qui s'est vu privé de toute assistance médicale en France, sur ordre expresse du vice-ministre de la défense, qui, par contre, n'a pas manqué d'instruire l'ambassade d'Algérie pour dérouler le tapis rouge à son mentor, le Général-Major à la retraite, Khaled Nizzar, venu à Paris pour contrôler un cancer à la vessie et les vestiges d'un AVC mal soigné, il y a quelques années. Ce comportement abject de Gaid Salah n'a d'égal que le mépris et la haine qu'il voue à tout galonné qui s'aventurerait à menacer sa position de « gardien du temple ». Dés que le Général major à la retraite Ali Ghediri, qui détient des dossiers compromettants sur le fonctionnement occulte de l'ANP, a décidé de se porter candidat à l'élection présidentielle, avant son report, le vice-ministre de la défense a immédiatement entrepris de lui barrer la route à tout prix. Des témoins ont même assisté stupéfaits a une scène burlesque qui s'est produite lors des funérailles en février dernier du Général Major Abdelmalek Gueznaia. Ils ont entendu le Général Gaid Saleh ordonner au chauffeur d'un poids-lourd de bloquer le véhicule personnel de Ali Ghediri, afin d'empêcher ce dernier d'assister à l'inhumation du défunt. Pour le Lieutenant Chafik, l'armée algérienne ressemble désormais à « un grand capharnaüm ». Il est persuadé que l'incertitude politique que connait depuis près d'un mois le sommet de l'Etat, finira, très certainement, par déclencher une nuit des longs couteaux entre les dirigeants actuels de l'institution militaire, qui paniquent pour leur avenir, et les anciens cadors qui ont été dévissés de l'armée comme des malpropres et qui tiennent avidement à leur revanche ». C'est le cas de l'ex-DRS et ancien homme fort du système, le Général Mohamed Mediene dit « Taoufiq » et de l'ex-commandant de la 4éme région militaire, Abderrazak Cherif, impliqué en 2018 dans des affaires de corruption, qui s'appuient sur les réseaux d'opposants algériens à l'étranger, pour mener une intense cabale médiatique contre la direction de l'ANP, dont ils annoncent le chamboulement imminent. A ces deux caciques, vient s'ajouter le nouveau partant Othmane Tartag, qui refuse, à ce jour, de partir, tant qu'il n'en est pas notifié formellement. Au moment ou l'Algérie vient de vivre un quatrième vendredi de mobilisation populaire plus intense que les précédents, il parait de plus en plus vraisemblable, pour le Lieutenant Chafik, que l'armée connaîtra elle aussi son « printemps », avec la mise à l'écart du Général Ahmed Gaid Salah. A cet effet, cet officier lance un appel pressant au peuple algérien pour s'assurer du bien-fondé des accusations qui ne cessent de foisonner sur le compte de ce chef d'état-major, désormais honni par ses troupes. * Il s'agit d'un nom d'emprunt, mais prêt à être dévoilé, au vu de l'évolution de la situation en Algérie, car redoutant un énième tour de vis du Général.]