Près d'une centaine de créateurs, artistes, écrivains, critiques, journalistes et représentants d'organisations nationales du monde des arts et de la culture ont souligné quasi unanimement, vendredi dernier devant l'Instance en charge du dialogue national "Médias et société", le grave déficit structurel qui détermine tout rapport promotionnel de la culture entre médias et toute expression culturelle, à savoir le déficit de la lecture, a indiqué lundi un communiqué de l'Instance en charge du dialogue. La tendance régressive de la lecture du livre à travers le monde actuel qui est de plus en plus conquis par l'image et par le Net, n'explique pas l'ampleur de ce déficit au Maroc, pays majoritairement jeune et qui, depuis des années, célèbre le livre, une fois par an, à l'occasion de son salon international du livre. "Il nous faut fournir de manière forte et volontariste en livres tout espace de proximité, bibliothèques scolaires, bibliothèques municipales, maisons de jeunesŒ", a dit M. Larbi Messari, ancien ministre de la Communication, ex-directeur du quotidien Al Alam et un des animateurs historiques du supplément culturel de ce journal qui a été, des décennies durant, le creuset pour nombre d'expressions et de critiques et le révélateur de nombre d'écrivains, d'essayistes, de poètes et de critiques. M. Messari proposa pour ce faire l'organisation d'un "téléthon" triennal pour mobiliser les fonds nécessaires à cette opération de "salut public" consistant à disséminer le livre partout dans les environnements des jeunes de ce pays. Lors du débat qui suivit la lecture du point de vue du ministre de la Culture, critique tant à l'égard de sa stratégie qu'à l'égard des prestations des médias sur la scène culturelle, nombre d'intervenants procédèrent aussi à une évaluation de l'indéniable régression de la critique culturelle et des contenus que les médias consacrent aux différentes expressions culturelles, dans la presse écrite comme dans la presse audiovisuelle. Une évaluation qu'initièrent dans ce débat deux exposés, l'un sur la culture et la presse écrite, que présenta Najib Khoudari, président de la "Maison de la poésie" au Maroc et l'autre que le critique et scénariste Mustapha Mesnaoui consacra à la culture audiovisuelle et aux programmes culturels programmés dans ces médias, notamment à la télévision. Devant le vaste champ abordé par les participants à cette sixième journée d'études thématique organisée par le débat national, les participants ont convenu de la nécessité de faire de cette rencontre le début d'une série de nouvelles rencontres de débat qui soient ciblées par type d'expression culturelle ou par problématique (lecture, formation, patrimoine, créations radiophoniques, créations télévisuelles, critique, cinéma, arts plastiquesŒ), dans le but ultime d'analyser toutes les données, réalités, pratiques et choix de l'Etat, des médias comme des créateurs, qui peuvent expliquer ce que tout le monde a qualifié de "marasme culturel" ou pour le moins, d'inquiétante régression de la création littéraire et artistique comme de la critique des médias au profit d'une "consommation" de produits rarement qualifiables de "culturels" comparativement aux normes requises de nos jours en matière de qualité, de profondeur et de modernité. Cette journée thématique faisait suite aux autres rencontres organisées par le débat national "Médias et Société", depuis près d'un mois, sur la "presse régionale" (la première d'une série de quatre), les "nouvelles technologies de l'information et la communication", les "radios privées", la "femme et les médias" et "les standards internationaux d'évaluation de la qualité dans les médias". Un programme de journées thématiques qui complète la série d'une vingtaine d'auditions institutionnelles et organisationnelles initiées par ce débat, le long d'une quinzaine de journées d'auditions au Parlement, étalées sur les mois de mars et d'avril dernier.