Quarante deux (42) conventions d'agrégation ont été signées, samedi à Rabat, au profit de 57.800 bénéficiaires, d'un coût global de 5,3 milliards de dirhams (MMDH). Ces conventions, signées par le ministère de l'Agriculture et de la pêche maritime, représenté par l'Agence pour le Développement Agricole (ADA) et les Directions régionales de l'agriculture, d'une part, et les agrégateurs, d'une autre, se répartissent en 33 projets de filière végétale (3,8 milliards de dirhams) et 9 de filière animale (1,5 milliard de dirhams). S'inscrivant dans le cadre de l'opération d'agrégation qui vise le nombre d'un millier d'agrégateurs à l'horizon 2020, ces conventions ont été conclues lors du séminaire national sur l'agrégation, l'un des fondements du Plan Maroc Vert (PMV), et dont la séance d'ouverture a été présidée par M. Aziz Akhannouch, ministre de l'Agriculture et de la pêche maritime. Intervenant à cette occasion, M. Akhannouch, a indiqué que le PMV est fondé sur le système d'agrégation, en vue de dépasser les grandes contraintes que connaît le secteur agricole, notamment surmonter les problèmes immobiliers, bien lier le marché et le cercle de production, généraliser les bonnes expériences, résoudre les problèmes de financement de la part de l'agrégateur et partager les risques entre l'agrégateur et les agrégés. Depuis l'élaboration du PMV, le Maroc a lancé plusieurs initiatives visant l'amélioration du cadre sectoriel, afin de créer un climat adéquat et encourageant pour les différents projets d'agrégation, a affirmé M. Akhannouch, rappelant, dans ce sens, les programmes et conventions conclus avec les différents acteurs, qui définissent les engagements des parties et les mécanismes de la gestion effective. Le Maroc a, d'autre part, procédé à la réforme du système catalytique du Fond de Développement Agricole, selon ses engagements avec les différents partenaires, a-t-il indiqué, soulignant qu'il a été procédé au renforcement et à l'amélioration du niveau de soutien offert, outre la mise en place d'un système catalytique supplémentaire pour les projets d'agrégation, visant notamment l'intégration du maximum des petits agriculteurs dans ces projets. Pour sa part, le directeur général de l'ADA, organisatrice de ce séminaire, M. Ahmed Hajjaji, a indiqué que "ce premier séminaire national sur l'agrégation, qui s'inscrit dans le cadre de la préparation du projet de loi sur l'agrégation, a pour objectif d'arriver à mettre en place une loi spéciale pour l'agrégation, qui va encadrer cette grande organisation dans l'agriculture". "Cette organisation constitue un pivot au niveau du PMV", a-t-il dit.
M. Ahmed Ouayach, président de la Confédération marocaine de l'agriculture (Comader), a, quant à lui, indiqué que la rencontre a pour objectif de lancer officiellement l'opération d'agrégation, "une opération extrêmement importante puisqu'elle va concerner les petits agriculteurs". Et de souligner qu'avec cette opération, "il y aura un agrégateur qui rassemblera les agrégés pour leurs assurer l'encadrement, le financement, l'accès à la recherche et aux nouveautés et l'achat de la production à un petit prix". De son côté, M. André Hupin, représentant de l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), a indiqué que "dans de nombreux pays, on assiste actuellement à un intérêt croissant pour l'agrégation ou l'agriculture contractuelle, comme mécanisme permettant de renforcer les relations entre les agriculteurs et les entreprises du secteur agroalimentaire". Il a, à cet égard, mis en avant l'intérêt de la FAO qui "essaie de répondre à la demande accrue de renseignements et de soutien technique pour la planification et la mise en Âœuvre de l'agriculture contractuelle dans les pays en développement". Différents points ont été débattus lors de ce séminaire notamment les bases technico-économiques de contractualisation dans les projets d'agrégation et le rôle des interprofessions, le cadre juridique de l'agrégation et les leviers de développement de l'agrégation et les leviers de développement de l'agrégation liés au soutien, au financement et à la gestion des risques dans les projets d'agrégation. L'agrégation qui représente l'un des fondements du PMV, constitue une solution adéquate pour contourner les obstacles liés à la problématique foncière et le faible niveau d'organisation des agriculteurs. Cette nouvelle forme de partenariat tend également à aider au contournement des contraintes liées à la fragmentation des structures foncières, faire bénéficier les exploitations agrégées des techniques modernes de production, des financements nécessaires et permettre un meilleur accès des petits agriculteurs aux marchés intérieurs et extérieurs. Plusieurs opérateurs publics et privés, organisations internationales, parlementaires, universitaires et chercheur intéressés par la thématique ont pris part aux travaux de ce séminaire, contribuant ainsi à enrichir les travaux de préparation du projet de loi sur l'agrégation. L'agrégation, un mode privilégié pour la réalisation des projets du Plan Maroc Vert Le choix de l'agrégation comme mode privilégié pour la mise en œuvre des projets du Plan Maroc Vert, est notamment dicté par le fait qu'elle constitue une solution attractive et compétitive d'extension du périmètre amont face à une offre limitée du foncier en milieu rural. L'agrégation, qui a été au centre du séminaire national organisé samedi à Rabat, permet également d'optimiser le lien entre le marché, l'amont productif et toute la chaine de valeurs à travers les compétences de l'agrégateur en matière de connaissance de marchés et de capacité d'adaptation de l'offre de production en fonction des débouchés potentiels et le lien logistique à coût compétitif entre la production et le marché de destination, évitant ainsi le recours à une multitude d'intermédiaires et une érosion excessive des marges. En outre, l'agrégation contribue à la généralisation des bonnes techniques moyennement les équipes d'encadrement mobilisées par l'agrégateur, d'une part, et les unités de production en propre gérées par l'agrégateur et constituant des plateformes de démonstration, d'autre part. De même, elle constitue une solution d'accès au financement pour les petites exploitants à travers les possibilités de financement direct des exploitants par les banques sur la base des contrats d'agrégation et les avances et les intrants octroyés par l'agrégateur aux agrégés. Ce mode permet aussi un partage naturel des risques entre l'agrégateur et les agrégés du fait que le risque de la production est principalement pris en charge par les agrégés, alors que le risque de la commercialisation est principalement pris en charge par l'agrégateur. Le recours à des assurances adaptées permet de juguler ces risques par les deux parties. D'autre part, pour l'agrégateur, ce modèle d'organisation lui permet d'accéder à une large assiette foncière sans mobilisation de capitaux, sécuriser une base plus large d'approvisionnement pour les unités agroindustrielles avec des volumes plus réguliers et de meilleure qualité, et développer ses capacités commerciales pour conquérir de nouveaux marchés. De leur côté, les agriculteurs agrégés sont en mesure d'améliorer leur revenu moyennement l'agrégation qui leur permet en particulier d'acquérir de nouvelle compétences et de nouvelles technologies, de mieux valoriser la production à travers l'amélioration de la qualité de la production et un accès à un marché fiable, d'accéder à des intrants plus performants et à des moyens de financement plus adaptés ainsi que d'avoir de reconversion dans des filières plus valorisantes. Par ailleurs, pour l'Etat, l'agrégation constitue une approche adéquate pour le développement des filières de production et des terroirs en confiant aux agrégateurs le rôle d'encadrement et d'animation au profit des agrégés. Ceci se traduit notamment par l'attraction d'une nouvelle vague d'investissement et le développement de pôles de croissance autour des projets d'agrégation, la création de richesses et d'emploi en milieu rural et le renforcement du tissu d'acteurs dans le secteur agricole. En vue de garantir le développement des projets d'agrégation, l'Etat met en place un arsenal de mesures portant notamment sur la préparation d'une offre de projets d'agrégation, la mise en place d'un soutien spécifique aux projets d'agrégation, l'accès préférentiel au foncier de l'Etat dans le cadre d'un partenariat, la mise en place d'un système de financement adapté et la préparation d'un cadre juridique adapté. A signaler que la mise en place d'un projet d'agrégation passe par six phases principales, à savoir, l'identification, la conception, la négociation, la validation, la contractualisation et la phase de mise en œuvre.