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De Montevideo-1930 à Johannesburg-2010, histoire d'un Mondial riche en événements
Publié dans MAP le 21 - 05 - 2010

Longtemps dominé par les mêmes nations, le football mondial connaîtra à partir de la Coupe du monde 1978 en argentine la naissance de nouvelles puissances, à l'image des équipes africaines (Tunisie, Algérie, Maroc, Cameroun) qui ont donné des sueurs froides aux seigneurs du ballon rond.
- 1978: UN SUCCES TANT ATTENDU POUR LES ARGENTINS.
Finaliste en 1930, l'Argentine remporte enfin, chez elle, sa première couronne mondiale. Mais, le succès des coéquipiers du capitaine Daniel Passarella face aux Pays-Bas, décidément maudits, s'est déroulé sur fond de contexte politique trouble.
En dépit de menaces de boycott contre le régime de la gente militaire au pouvoir, toutes les nations se sont rendues à Buenos Aires, y compris l'Iran et la Tunisie dont c'était la première participation.
Les gros calibres n'ont éprouvé aucune difficulté pour accéder au deuxième tour, en particulier l'Italie, 1-ère de son groupe devant l'Argentine, la Hongrie et la France.
Les Pays-Bas, l'Allemagne et même le Brésil se sont qualifiés, eux, dans la douleur. La Tunisie, unique représentant de l'Afrique, a signé un bon parcours, avec une victoire spectaculaire sur le Mexique (3-1), une défaite difficile face à la Pologne (1-0), et un nul blanc contre l'Allemagne, tenante du titre.
Le deuxième tour a été marqué par la qualification controversée en finale de l'Argentine. Celle-ci devait s'imposer face au Pérou par quatre buts d'écart en dernier match pour arracher le billet de qualification pour la finale aux dépens du Brésil. Mission accomplie pour les coéquipiers de Mario Kempes, auteur d'un doublé, qui s'imposent sur le score de 6-0, un résultat qui vaudra une pluie de critiques acerbes aux Péruviens.
Les Néerlandais, conduits par Rensenbrink, ne vont connaître aucun souci majeur pour accéder à la finale. Deux succès sur l'Autriche (5-1) et l'Italie (2-1) et un match nul face à la RFA (2-2) leur assurent une place au soleil.
Soutenus par un formidable public, les protégés de Cesar Luis Menotti vont ouvrir la marque grâce à un but de Mario Kempes à la 38è minute. Le score restera inchangé, avant que le remplaçant Nanninga n'égalise à neuf minutes de la fin du match.
A deux minutes du coup de sifflet final, Rensenbrink hérite d'une balle dans le carré, s'avance vers le but et tire, le gardien Filloli est battu, mais le ballon est repoussé par le poteau. Après dix minutes jouées pour le compte des prolongations, les Argentins, plus motivés et nettement supérieurs sur le plan physique, vont trouver une nouvelle fois le chemin des filets grâce au même Kempes, qui signe son sixième et dernier but pour s'approprier le titre de meilleur buteur de cette édition.
A la 114e minute, Bertoni brisera les espoirs des Hollandais de remonter leur handicap. A 3-1, l'Argentine est assurée de sa première consécration mondiale, acquise au prix d'un calendrier favorable et d'un arbitrage "compréhensif".
- 1982: LA SQUADRA AZZURA REJOINT LE BRESIL.
Cette édition regroupe vingt-quatre équipes au lieu de seize, soit un nouveau pas vers le gigantisme de cet événement planétaire. Cet élargissement profitera à l'Afrique, l'Asie-Océanie et la Concacaf (Amérique du nord, centrale et Caraïbes), qui sont représentés désormais par deux pays chacune. L'Europe se taille la part du lion avec quatorze représentants contre quatre seulement pour l'Amérique du sud.
Si le Brésil prend un départ de choix au même titre que la Belgique, surprenante vainqueur de l'Argentine en match d'ouverture (1-0), et l'Angleterre, qui marque le but le plus ra e de l'histoire de la coupe du monde contre la France (Bryan Robson à la 27è seconde), la RFA et l'Italie (futurs finalistes) ont peiné avant de se voir qualifier.
A Gijon, Allemands et Autrichiens se livrent à une parodie de match pour barrer la route au deuxième tour aux Algériens, brillants vainqueurs de la RFA (2-1) et du Chili (3-2).
Face à des Autrichiens, qui ont carrément levé le pied, les Allemands obtiennent les trois points de la victoire (1-0), synonymes de qualification pour le prochain tour grâce à une meilleure différence de buts par rapport à l'Algérie, défaite lors de son deuxième match par l'Autriche (0-2).
L'Italie, elle, était incapable de vaincre la Pologne (0-0), le Pérou (1-1) et le Cameroun (1-1), mais se qualifie au bénéfice de la meilleure attaque avec deux buts.
Le Cameroun, digne représentant de l'Afrique avec l'Algérie, n'en inscrit qu'un seul et sort avec tous les honneurs après trois matches nuls (0-0 contre le Pérou, 0-0 face à la Pologne et 1-1 contre l'Italie).
La Squadra Azzura est loin de faire figure de vainqueur, au même titre que le onze espagnol, battu par les Irlandais du nord réduits à dix (0-1), et qui ne doit sa qualification qu'à un arbitrage très favorable. La joie des Espagnols ne durera pas longtemps, puisqu'ils quitteront la compétition après une défaite au deuxième tour contre la RFA (2-1) et un nul blanc face aux Anglais, qui arrange les affaires des Allemands.
Auparavant, la Pologne avait gagné le premier ticket des demi-finales en venant à bout de la Belgique grâce à un triplé de Boniek (3-0), puis en accrochant l'URSS (0-0).
La France n'aura pas à forcer son talent pour prendre le dessus sur l'Autriche, avant de réussir un festival de buts face à l'Irlande du nord (4-1).
Dans le groupe C, le Brésil, qui compte dans ses rangs des joueurs d'une classe hors pair à l'image de Cerezo, Falcao, Zico et Socrates, est donné grandissime favori face à l'Argentine et l'Italie. Il confirme ses prétentions en battant l'Argentine (3-1) dans un match marqué par l'expulsion de Diego Maradona après une agression sur la personne de l'arrière gauche Edevaldo.
Le Brésil devra alors en découdre avec l'Italie, également vainqueur de l'Argentine par 2-1. Un match nul qualifie automatiquement les Brésiliens, mais c'était sans compter avec la combativité et l'acharnement des Italiens, qui vont se retrouver à l'image d'un Paolo Rossi, auteur des trois buts de son équipe (3-2).
Sur sa lancée, l'Italie domine facilement en demi-finales la Pologne, privée de son meneur de jeu Boniek (2-0), alors que la RFA arrache un billet inespéré grâce aux tirs au but (5-4) face à une formidable équipe française, qui a gratifié le public d'un spectacle de haute facture lors d'une demi-finale inoubliable (3-3 au terme du temps réglementaire et des prolongations).
Les Allemands ont eu à payer cher leur course-poursuite contre la France, en finale face à des Italiens, encouragés par les ''Tifosi'' nombreux à avoir afflué le stade Bernabeu de Madrid.
Après un penalty manqué par Antonio Cabrini en première mi-temps, Schumacher ira chercher le ballon à trois reprises au fond des filets, sur des buts de l'inévitable Rossi (57è), Tardelli (69è) et Altobelli (81è).
Les Allemands sauvent l'honneur en fin de match par Paul Breitner. Bearzot confirma au monde entier qu'il n'avait pas tort de faire confiance à Paolo Rossi, qui revient sur les terrains à moins de quatre mois du début de ces phases finales après une suspension de deux ans, suite à un scandale de paris clandestins dans le Calcio.
L'Italie, sèchement critiquée en début de compétition, a également démenti tous les pronostics. Le capitaine Dino Zoff, joueur le plus âgé à avoir gagné une coupe du monde, brandit le prestigieux trophée à 40 ans, 4 mois et 13 jours. Après les titres de 1934 et 1938, l'Italie rejoint le Brésil au palmarès et égalise le record de trois consécrations.
- 1986: IL ETAIT UNE FOIS... Don Diego Maradona.
Seize ans après, la Coupe du monde est retournée au pays du football Roi: Le Mexique, désigné à la place de la Colombie. Un mois durant, le peuple mexicain enthousiaste, chaleureux et sympathique a enchanté le monde entier par sa folie pour la balle ronde, Maradona a séduit par sa virtuosité et sa classe, le Brésil a fait vibrer le monde au rythme de sa samba et la France a ébloui par ses exploits et les coups de génie de sa vedette Platini.
Pour ce rendez-vous, une nouvelle formule est adoptée: Le principe de six groupes de quatre équipes au premier tour est conservé, mais, ensuite, place à d'attractifs huitièmes et quarts de finale.
Le premier tour a été marqué par les exploits du Maroc, du Danemark et du Mexique, qui ont charmé les foules. Le Maroc a terminé premier de son groupe devant l'Angleterre, la Pologne et le Portugal. La bande du gardien Baddou Zaki
a réussi un parcours sans faute avec deux matches nuls et une belle victoire face au Portugal (3-1), dont un doublé de Khairi, signant au passage la première participation d'un pays africain à la deuxième phase d'une coupe du monde.
Les Lions de l'Atlas ont impressionné par leur homogénéité, une grande finesse dans le jeu, et la hargne en défense. Les protégés du Brésilien Mehdi Faria tiendront la dragée haute aux Allemands en huitième de finale au cours de
laquelle le capitaine allemand Rummenigge s'est arraché les cheveux en voyant Zaki aller chercher miraculeusement le ballon sur la ligne du but. Mais un coup de pied arrêté de Matthaus, à quelques minutes de la fin, allait mettre fin à la belle aventure des Lions de l'Atlas, qui ont eu droit, par la suite, à tous les honneurs.
Pour sa première participation à une phase finale de la Coupe du monde, le Danemark a prouvé qu'il n'a rien à envier aux grandes nations footballistiques. Avec les Danois, la Coupe du monde a pris des allures de fête. Son jeu pétille, ses joueurs s'amusent et son attaque cartonne. Tour à tour, les Vikings ont fait tomber l'Ecosse (1-0), étrillé l'Uruguay (6-1) et humilié l'Allemagne, pourtant entraîné par le Kaizer Beckenbauer (2-0).
Cependant, lors d'une épreuve aussi longue, encore faut-il savoir s'économiser, surtout lorsque l'on joue à plus de 2.000 m d'altitude. Les Danois seront ainsi victimes de leurs efforts dispersés au premier tour, en concédant une lourde défaite en huitièmes de finale face à l'Espagne (5-1).
L'URSS, une autre équipe qui a donné des sueurs froides à plusieurs équipes après avoir atomisé la Hongrie (6-0), tenu en échec la France (1-1) et malmené le Canada (2-0), a déraillé à son tour au cap des huitièmes de finale face à la Belgique (3-4 a.p).
L'équipe de France complète la liste des heureux élus pour les quarts de finale, en éliminant sans grandes difficultés les tenants du titre italiens (2-0). Un quart de finale s'annonce donc explosif a Guadalajara avec France-Brésil, et effectivement cette rencontre tiendra toutes ses promesses et le monde entier est gratifié d'un fabuleux spectacle de cent-vingt minutes et une victoire au finish de Platini et compagnie sur la bande à Zico (1-1 après prolongations, 4 tirs au but à 3).
L'Argentine, de son côté, élimine tout d'abord l'Angleterre (2-1), avec deux buts inscrits par un Maradona insatiable, puis la Belgique (2-0) avec un nouveau festival du ''Pibe de Oro''.
La France, fatiguée, ne peut prendre sa revanche de Séville (1982) et s'incline face à la RFA (2-0) en demi-finales.
Le stade Azteca est pris d'assaut par les supporters argentins et allemands. Sur ce continent américain où les Européens n'ont jamais gagné, les Allemands s'inclinent en finale face aux Argentins (3-2). Brown, Valdano et Burruchaga sont les bourreaux de Schumacher.
L'Allemagne perd ainsi sa deuxième finale consécutive malgré un retour au score en fin de match, grâce à Rummenigge et Voler. Maradona est rayonnant de joie, il a inscrit cinq buts le long de la compétition et exécute sept passes décisives sur les 14 réussies par son équipe.
Après Pelé, Don Diego, un joueur aux qualités techniques uniques, a marqué à jamais l'histoire du football mondial. Comme on dit, il y à de bons musiciens, mais un seul maestro...
- 1990 : LE KAIZER EN TANT QU'ENTRAINEUR.
L'anti- jeu a pris les devants sur le spectacle lors du Mondial italien au cours duquel 16 cartons rouges et 164 avertissements ont été brandis par les hommes en noir, alors qu'au niveau efficacité seulement 115 buts ont été inscrits, soit la moyenne la plus faible par match depuis la création de l'épreuve (2,21).
Le jeu brutal et dur, ainsi que la pratique quasi-généralisée du système de 3-5-2 vont pousser la FIFA à réformer les règles du football en modifiant la loi du hors-jeu et les prises de balle à la main des gardiens de but.
En match d'ouverture, on assiste au premier coup de théâtre de cette édition. L'Argentine, tenante du titre, est battue 0-1 par le Cameroun, premier pays africain à se hisser jusqu'au stade des quarts de finale, après un deuxième succès face à la Roumanie (2-1) et une défaite contre l'URSS (0-4) dans un match sans enjeu pour les coéquipiers de Roger Milla, déjà assurés de la qualification.
En huitièmes de finale, le Cameroun bat la Colombie, grâce à deux buts de son vieux renard, Milla, qui, à l'âge de 37 ans, est considéré comme la grande révélation, volant la vedette à bien d'autres stars. Les Camerounais pécheront malheureusement par naïveté et manque d'expérience contre l'Angleterre (3-2) en quarts de finale, ou l'on retrouvera l'Allemagne, difficile vainqueur de la Tchécoslovaquie (1-0), l'Italie, qui a défait la République d'Irlande (1-0) et l'Argentine, qui ne doit son salut face à la Yougoslavie qu'à l'épreuve des tirs au but (0-0 a.p, 4 tirs au but a 3).
Les finalistes, l'Allemagne et l'Argentine, seront désignés après les séances des tirs au but (4 tirs au but à 3) aux dépens respectivement de l'Angleterre et de l'Italie.
En finale, le dernier mot reviendra aux Allemands, entraînés toujours par Beckenbauer, sur la petite marge du score (1-0), un troisième titre qui récompense une Allemagne réunifiée.
Quoique finalistes, Maradona et ses coéquipiers ont beaucoup perdu de leur brio de Mexico-86. Ils sont largement en tête des fautes (177) et des cartons (122 jaunes et 3 rouges), contre seulement cinq buts marqués durant toute la compétition. "El Pibe de oro", blessé dans son âme, à de quoi quitter la pelouse en sanglots.


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