A l'annonce du décès du 3ème Khalife de la grande confrérie Tidjane Niassene, Elhadji Ahmed Ibrahima Niasse, la cité religieuse de Kaolack (200 km au sud-est de Dakar) s'est plongée dans le deuil et des centaines de milliers de tidjanes des différentes régions du Sénégal sont attendus au berceau de la confrérie Niasse pour un ultime adieu à leur illustre et vénéré cheikh. -Par Driss Hidass- Cheikh Ahmed Ibrahima Niasse, plus connu sous le nom de Serigne Dame Niasse, khalife général des Niassènes, est décédé à l'âge de 80 ans au Maroc où il séjournait pour des raisons de santé. Après le rapatriement de sa dépouille, il devra être inhumé auprès de son père, Ibrahima Niass, fondateur de la confrérie tidjane des Niassènes. Une importante délégation marocaine, conduite par le ministre des Habous et des Affaires islamiques, M. Ahmed Toufiq, prendra part, vendredi, aux funérailles du 3eme khalif des Tidjanes. "Dame Niasse", comme l'appellent affectueusement ses disciples, avait accédé au califat de la grande confrérie Niassène en 2001, après le rappel à Dieu de son grand-frère Elhadji Abdoulaye Niasse, qui fut, après Serigne Aliou Cissé, le 2eme khalife d'Ibrahima Niasse, également fondateur de la grande mosquée "Médina Baye" de Kaolack. Affligées par la disparition de l'actuel khalife de la confrérie Niassènes, des foules de fidèles tidjanes se sont ruées sur les routes menant à Kaolack. La petite cité religieuse baigne, depuis jeudi, dans une véritable marée humaine sous une ambiance de tristesse et de recueillement. +NEUF ANS DE KHILAFA ET DES FAITS MARQUANT En neuf années de khilafa, et malgré la maladie qui l'a longtemps alité, limitant considérablement ses sorties en public, Ahmed Ibrahima Niass a réussi d'importantes réalisations parmi lesquelles l'agrandissement et la rénovation de la mosquée de Médina Baye, la construction d'un centre d'accueil des pèlerins et le lancement du chantier d'une Université islamique. L'inauguration, en février dernier, de l'agrandissement de la grande mosquée "Medina Baye" de Kaolack, fondée par Ibrahima Niass père en 1938, a drainé l'un des plus grands rassemblements des tidjanes en Afrique. Près de deux millions de fidèles tidjanes ont assisté à cette inauguration qui a coïncidé avec la célébration de l'Aid Maoulid Nabaoui, pour se recueillir au sein de ce haut lieu spirituel des tidjanes. L'imposant édifice avec ses quatre minarets typiques de la région, a été embelli aux matières nobles grâce à de longs travaux sur plusieurs années. Le Maroc a apporté plusieurs contributions à la reconstruction de ce lieu de culte, devenu un joyau architectural où le savoir faire des artisans marocains est visible que ce soit pour le zellige, le bois ciselé ou les ornements éblouissants sur plâtre.
+LES TIDJANES NIASENES, UN RAYONNEMENT CONTINENTAL Depuis son accession au khilafat des tidjanes Niassènes, le défunt Serigne Dame Niasse a suivi scrupuleusement les pas de son père et Âœuvré pour consolider sa mission spirituelle fondée sur les enseignements soufis du Cheikh Sidi Ahmed Tijani (1150-1230 hégire), fondateur de la Tariqa Tijania qui est partie du Maroc pour rayonner sur l'ensemble de l'Afrique. Le père fondateur de la confrérie des Niassènes, Ibrahima Niass, compte parmi les plus illustres guides tidjanes qui ont consacré leur vie à l'implantation de la Tariqa Tijania en Afrique subsaharienne. Il effectua son premier pèlerinage à la Mecque en 1937. Pèlerinage qu'il renouvela 20 fois. Il fonda la mosquée "Médina Baye" autour de laquelle s'est développé une bonne partie de la ville de Kaolack. Ibrahima Niass a acquis très vite une grande notoriété au Sénégal et les pays de la région d'Afrique de l'Ouest, non seulement grâce à la diversité et la richesse de son savoir spirituel, mais grâce aussi à son implication dans les causes africaines. C'est un panafricaniste confirmé qui s'est rendu dans plusieurs pays de la région pour prêcher et plaider la cause du continent sous occupation étrangère à l'époque. Par la suite, il élargit son horizon et entama des voyages spirituels qui l'on mené en France, en Angleterre, en Belgique, en Indonésie, en Chine et au Pakistan. Le fondateur de la confrérie Niassène avait légué aux disciples tidjanes un vaste savoir spirituel et soufi à travers 75 Âœuvres dont la plupart ont été traduites dans plusieurs langues. Parmi ses Âœuvres figurent notamment "Noujoum Al-Houda" (panégyriques à la gloire du prophète), "Adawawin Sitta" (pensées du soufisme tidjane) et "Azakiya" (panégyriques à la mémoire de Sidi Ahmed Tijani). Ibrahima Niasse, qui décéda en 1975, allia la profonde pensée soufie à la beauté du mot pour composer un poème religieux de 2.972 vers à la gloire du messager de Dieu (Taysir Al-wousoul Ila Hadrati Rassoul). La confrérie Tidjane des Niassènes compte des centaines de milliers de disciples au Sénégal et dans plusieurs pays de l'Afrique de l'Ouest, notamment le Nigéria. Les rassemblements de la confrérie témoignent d'un rayonnement au-delà du continent africain avec de nombreux fidèles qui affluent d'Europe, d'Asie et d'Amérique.