L'Olympia de Montréal s'est avéré trop exigu samedi soir pour contenir le public marocain, et maghrébin en général, venu assister au concert de l'artiste marocaine Latifa Raafat et du plus jeune "Raï-man" Abdelhafid Douzi. Tous ont exulté et repris en chœur les refrains des tubes interprétés par les artistes. Devant des fans qui ont placé la barre bien haute, les artistes ont su confirmer leurs qualités et sensibilités artistiques, et permettre une fusion totale avec le public sous le rythme de leurs musiques. Débordée de joie, la foule était totalement en transe lors des prestations ponctuées par les échanges entre le public et les artistes. De "Khouyi Khouyi", "Ana F'arek ya yamma", "Maghyara" ou "Walou" jusqu'à sa reprise récemment de quelques joyaux du patrimoine musical marocain, Latifa Raafat a séduit une fois de plus ses admirateurs pendant trois heures de spectacle dans une atmosphère électrisante. Elle a ainsi gratifié un public connaisseur de ses œuvres d'une douzaine de chansons. Au milieu de cette ambiance de fête, Latifa Raafat a profité de l'occasion pour interpréter des chansons qui ont fait vibrer le public. Des textes où l'amour côtoie déception, souffrance et espoir. "Sawalt alik laoud wanay", "Ya hli Yaachrani" ou encore "Alach ya ghzali". Des chansons que le public a consommées non sans joie, au bonheur de l'artiste qui a pu aussi faire adopter sa dernière chanson "twahachtak bazaf". Le public a eu aussi la primeure de déguster quelques titres du nouvel album de l'artiste Douzi. "Inclassable", "imaginatif"," postmoderne", les adjectifs ne manquent pas pour qualifier la musique séduisante du jeune Douzi (né en 1985), résidant marocain à Bruxelles. "Ghyabek tal", "Myriamma", "Laki Qalbi", "Rouahi lia" ou "Laâyoun Aïnia" ont été parmi les chansons interprétées par le talentueux Douzi, l'un des rares chanteurs au monde capable de chanter dans six langues différentes (arabe, français, anglais, turque, espagnol et hindi) sans perdre ni son style ni son talent. Pour lui, février 1994 restera une des dates les plus importantes. C'est, en effet, la date à laquelle il enregistra son premier album "Goulou lmemti tjini", l'album ne sera présenté au public qu'en 1996, mais pendant deux ans la chanson sera sur toutes les lèvres. Puisant dans l'héritage de sa culture marocaine, l'artiste a présenté des sonorités donnant la mesure de la richesse d'une identité plurielle, symbole d'une rencontre de l'Orient et l'Occident. L´homme a séduit une fois de plus ses admirateurs en passant sans efforts d'une langue et d'une culture à une autre, les unissant et les utilisant pour les enrichir l'une l'autre. Vivant actuellement en Europe où il s'est imposé rapidement dans le milieu de la World Music, Douzi est parvenu à se faire connaître comme un artiste de la nouvelle vague du "Pop Raï Oriental". Son identité artistique se révèle quand il décide de chanter dans sa langue maternelle et de rechercher la fusion des différents styles musicaux. Un public comblé et des artistes au sommet de leurs talents, voilà en quoi se résume le concert de Latifa Raafat et Abdelhafid Douzi qui, dans une formidable ambiance, ont offert à un public un show unique en son genre. Séduite par leurs charismes et leurs performances, la foule a chaudement applaudi les chanteurs après chaque prestation. A la sortie du concert, on pouvait lire sur le visage des invités, qui n'ont pas de "frontières dans les oreilles", une grande satisfaction.