L'année qu'on s'apprête à quitter dans quelques jours a été marquée aux Iles Canaries par l'impact de la grave crise économique mondiale qui s'est ressentie sur tous les secteurs et remis en cause les politiques que devait mettre en oeuvre le gouvernement régional de Paulino Rivero. En effet, Les Canariens n'ont d'autre souhait que de voir l'année 2009 s'achever le plus rapidement possible, pour qu'ils puissent oublier ses effets néfastes sur leur train quotidien, dans l'espoir d'aborder une nouvelle année que les responsables promettent meilleure. La crise qui a commencé en 2008, mais qui s'est aggravée dès le début 2009 a eu un impact considérable sur les conditions de vie des populations locales, notamment au niveau du marché de l'emploi, où plusieurs personnes étaient restées sans travail et à la merci des aides publiques ou du soutien familial. Fin novembre, les îles Canaries comptaient un total de 248.000 personnes en chômage, soit presque 26 pc de la population locale. Une baisse de 11 pc du nombre d'affiliés à la sécurité sociale été également enregistrée en novembre dernier dans cette région espagnole. La peur des Canariens de perdre leur emploi à cause de cette crise a transformé l'Archipel en la Communauté autonome espagnole qui compte le taux d'épargne familiale le plus élevé. Selon une étude, plus de la moitié des Canariens ont préféré garder leur argent sous l'oreiller chaque mois pour faire face à des situations imprévisibles, d'autant qu'ils recevaient au quotidien des nouvelles alarmantes sur la faillite de plusieurs banques dans le monde. La crise na pas été sans dégâts sur d'autres domaines comme les secteurs de l'automobile et de l'immobilier qui ont enregistré une importante baisse des ventes de logements et de véhicules. D'autre part, plusieurs petites entreprises et des commerces ont été obligés à fermer leurs portes au cours de cette année plongeant de nombreux travailleurs dans l'incertitude et des lendemains tourmentés. Cette situation a conduit aussi plusieurs citoyens de l'Archipel à modifier leurs habitudes quotidiennes et à se serrer la ceinture. D'autres, acculés à une situation de subsistance et n'arrivant pas à boucler le mois, ont dû avoir recours à des associations caritatives, pour pouvoir s'approvisionner en produits alimentaires ou en vêtements, alors que certains, des fonctionnaires en majorité, qui avaient contracté des +hypothèques+ pour l'achat de logements dans les années précédentes, ont été contraints de rendre les clés aux banques, devant leur incapacité à payer les échéances de fin de mois auprès des institutions financières. Aux Iles Canaries, le coût salarial moyen par mois des travailleurs s'élevait à 1.584 euros (second trimestre de 2009), soit le salaire le plus faible de toute l'Espagne, selon l'Institut national de la statistique (INE). Devant cette situation, le gouvernement régional que préside Paulino Rivero, au pouvoir depuis juillet 2007, a dû faire appel à l'Exécutif de Madrid, qui bien que confronté, lui aussi, à une situation de crise économique similaire, a annoncé un Plan intégral spécial pour l'Archipel, un programme dont les citoyens insulaires attendent toujours l'application sur le terrain. Lors d'une réunion tenue la semaine dernière à l'occasion des fêtes de Noël, le chef du gouvernement autonome canarien a recommandé la "compréhension" et l'entente entre toutes les forces politiques, l'Administration et les opérateurs économiques et sociaux pour faire face à cette grave crise. Déconseillant toute attitude de +crispation+, il a préconisé l'adoption de +mesures urgentes+ pour la création de postes d'emplois au profit de la population locale. "Ce n'est pas le moment de chercher le coupable de la crise, mais de promouvoir des mesures immédiates, avant d'entamer les réformes structurelles que nécessite le marché de travail en Espagne", a lancé le dirigeant canarien, en formant le voeu que la situation économique s'améliorera en l'an 2010. Conséquence directe de cette crise que traverse l'archipel, le gouvernement régional a annoncé une diminution du budget général pour l'année 2010, et sollicité des crédits de quelque 819 millions d'euros pour pouvoir faire face aux dépenses publiques dans les domaines des services et le secteur social, au risque d'alourdir la dette de la Communauté autonome et d'en répercuter les effets ensuite sur le niveau de vie de la population. D'autre part, le secteur moteur de l'économie canarienne qui est le tourisme et qui emploie la majorité de la population a été le domaine qui s'est ressenti le plus de cette crise. Selon des statistiques officielles, seulement 7,4 millions de touristes étrangers ont préféré passer leurs vacances dans l'Archipel au cours des onze premiers mois de l'année, soit une chute de 13 pc par rapport à la même période de l'année précédente. Comme piste de solution à cette situation, la Conseillère du tourisme du gouvernement des Iles Canaries, Rita Martin, a appelé l'Exécutif de Madrid à décréter la +suppression totale des taxes aéroportuaires+ imposées dans les aéroports canariens, une demande qui avait été d'ailleurs réclamée à plusieurs reprises par Paulino Rivero lors de ces différentes rencontres avec Jose Luis Rodriguez Zapatero. Toutefois, si cette crise économique a eu un quelconque apport positif pour l'Archipel, il est à rechercher dans l'effet dissuasif qu'elle a eu sur plusieurs candidats à l'+Eldorado+ européen, qui n'hésitaient pas à entreprendre la traversée de l'Atlantique à bord d'embarcations précaires au risque de leur vie. La situation économique compliquée que traverse l'Europe en général et l'Espagne en particulier durant la présente année a provoqué ainsi une diminution spectaculaire des arrivées d'immigrants africains aux Iles Canaries. En total, seulement 2.242 personnes qui ont risqué la vie ont pu gagner les côtes canariennes en 2009, un chiffre notoirement faible par rapport à la moyenne des dix dernières années et surtout par rapport à l'avalanche sans précédent enregistrée au cours l'année 2006 (plus de 31.000 clandestins subsahariens). En attendant que la boucle soit bouclée pour cette année très difficile, les citoyens de l'archipel canarien, comme d'ailleurs tous les Espagnols, forment l'espoir de renouer avec le bien-être et la prospérité dès janvier prochain. "Ojala" (espérons), disait à la MAP un responsable politique de l'Archipel, plaidant pour une ouverture de l'économie locale sur les pays africains voisins particulièrement le Maroc. Les entreprises canariennes sont appelées plus que jamais à prospecter l'important marché africain, et à saisir les opportunités offertes dans cette zone pour assurer leur relance, a-t-il plaidé.