L'instance chargée du dialogue national "Médias et Société" a tenu jeudi à Rabat sa 22-ème audition institutionnelle avec la Haute autorité de la communication audiovisuelle (HACA) pour débattre de la mission et des perspectives de la régulation du secteur de l'audiovisuel. Lors de cette rencontre, le président de la HACA, M. Ahmed Ghazali, a fait savoir que la régulation du secteur audiovisuel a été instituée par la promulgation en février 2005 de la loi 77-03 qui a "décrété une rupture avec la gestion autoritaire des médias audiovisuels", précise un communiqué de l'instance du dialogue national "Médias et société". M. Ghazali, qui a été accompagné des membres du Conseil supérieur de l'audiovisuel, a notamment exposé les outils, les approches, les méthodes, les procédures et les décisions volontaristes que la HACA a adoptés au fur et à mesure de la libéralisation du secteur. Il a également fait état de l'accumulation des pratiques des opérateurs médias, publics et privés, et de "l'émergence de cas conflictuels, controversés ou inédits, du fait de la compétition, de plaintes institutionnelles ou de citoyens reçues par le Conseil, ou du fait tout simplement de non-respect d'un cahier de charges". Lors du débat avec les membres de l'instance, M. Ghazali a commenté la mission qui incombe à la HACA de promouvoir le pluralisme et les attentes des publics auprès des opérateurs médias, en conformité avec le choix, internationalement reconnu et mis en Âœuvre, mettant l'accent sur la libéralisation de l'audiovisuel en tant que "lien organique avec la démocratisation et la modernisation de la société". M. Ghazali a également évoqué le phénomène de la convergence (concentration de monopoles multi-supports), les profondes et incessantes transformations des usages des publics (surtout les jeunes massivement attirés par le cyberespace), les difficiles et imprécises frontières entre l'audiovisuel public et privé, ainsi que la nécessité d'imaginer et de gérer de nouveaux espaces de régulation. De leur côté, les membres de l'instance du dialogue ont insisté sur les attentes persistantes pour que la HACA veille davantage à la qualité des contenus, à leur respect des valeurs démocratiques et des droits humains. Ils ont aussi mis l'accent sur l'importance du respect de la diversité linguistique, de l'équité, de la femme, des droits de l'enfant, du pluralisme, de l'expression politique et de l'esprit d'indépendance éditoriale et professionnelle. Au bout de cet échange, nombre de commentaires de la part des responsables de la HACA comme de la part des membres de l'instance du dialogue "Médias et Société", ont convergé vers la nécessité de mener une réflexion stratégique collective visant, d'une part, à dépasser la "phase sensibilisatrice et éducative" à laquelle devait se consacrer nécessairement la HACA, depuis son installation, pour diffuser la "culture de la régulation et les responsabilités des uns et des autres qu'elle induit ou recommande". Une telle réflexion porterait sur une plus grande vigilance quant à l'application de la loi, avec respect effectif des cahiers des charges et des recommandations et décisions de la HACA, et pourrait, à terme, déboucher sur une révision des encadrements législatifs et réglementaires, conçus pour la régulation de ce secteur, comme des rapports de mise entre l'Etat et ce conseil.