Pour conserver et valoriser son patrimoine forestier national, le Maroc entreprend la mise en place d'un système d'aires protégées, qui englobent des écosystèmes uniques et représentatifs de la diversité biologique du pays. Par El Hassaniya Aqqad Le patrimoine forestier, qui couvre 12 pc du territoire du Royaume, depuis le palmier aux portes du désert jusqu'au cèdre du Moyen Atlas en passant par l'acacia, l'arganier, les chênes, pins, recèle une richesse écologique importante et abrite les deux tiers des plantes et un tiers des espèces animales. Espace riche et diversifié, le domaine forestier marocain s'étend sur une superficie de 9 millions d'hectares, dont 5,8 millions boisés. Le couvert forestier correspond à 8 pc de la superficie globale du Royaume (3,2 pc dans le Sud et 42 pc dans le Rif). Au niveau du bassin méditerranéen, la biodiversité marocaine occupe la seconde place après celle de la région anatolienne (Turquie), avec un taux d'endémisme global de 20 pc. C'est ainsi que le Haut commissariat a élaboré, dans le cadre de ce plan décennal, une stratégie pour la conservation de la faune et la flore qui a permis la définition de 10 parcs nationaux et 150 sites d'intérêts biologiques et écologiques (SIBE), a déclaré le Haut Commissaire aux Eaux et Forêts et à la Lutte contre la Désertification, M. Abdeladim El Hafi dans un entretien à la MAP. En matière de lutte contre la désertification, le Programme d'action national de lutte contre la désertification (PAN/LCD) a permis l'aménagement de bassins versants sur près de 590.000 ha ainsi que la constitution de plus d'une trentaine de coopératives pour assurer une gestion participative et consensuelle de l'espace, selon le HCEFLCD. Dans le cadre de la protection, la conservation et la mise en valeur du patrimoine forestier, qui est soumis à différentes contraintes climatiques, sociales et pastorales, le Haut Commissariat des Eaux et Forêts et à la lutte contre la Désertification (HCEFD) a lancé un vaste programme de reboisement à travers l'ensemble du territoire . Près de 45.000 ha d'espaces forestiers sont reboisés annuellement depuis le lancement du plan décennal 2005-2014 du HCEFD qui permettra d'atteindre les 500.000 ha traités, prévus au terme de ce programme, a indiqué M. El Hafi. Durant les deux dernières décennies, les superficies annuelles reboisées ont connu un accroissement significatif passant de 10.000 ha par an au début des années 80 à plus de 33.000 Ha par an à fin 2006.
+ Gestion des forêts : approche concertée qui sollicite l'ensemble des acteurs+
Afin de réduire la pression sur les ressources forestières, de les gérer durablement et d'encourager les reboisements massifs, le Haut commissariat s'appuie sur l'approche participative, a souligné M. El Hafi, précisant que l'application, depuis plusieurs décennies, de mesures coercitives pour assurer la protection de la forêt n'ont pas donné de résultats très glorieux. Le HCEFLCD a opté pour une approche participative permettant de passer de la gestion dans l'adversité à une gestion partenariale, qui se décline en quatre volets, à savoir la reconstitution des écosystèmes, la sécurisation du domaine forestier, la mise à niveau de l'environnement forestier et la territorialisation. Evoquant la pression exercée sur la Mâamora par les usagers de la forêts et le cheptel, M. El Hafi a fait savoir qu'une démarche partenariale impliquant citoyens, utilisateurs et ayants-droit occupe une place prépondérante dans la stratégie du HCEFLCD. Les problèmes que connaissent les forêts sont différents dans la mesure où celles du Rif ont leur problématique particulière, à savoir les défrichements qui entraînent l'appropriation des terres du domaine forestier et de certaines terres collectives, a-t-il fait remarquer. La délimitation des terrains forestiers est compliquée du fait des titres khalifiens qui ont été distribués par l'autorité espagnole à l'époque du protectorat, a souligné M. El Hafi, qui a fait état de l'avancement de la démarche partenariale avec les usagers.
Le Haut Commissaire a également cité des territoires se trouvant à Al Hoceima et Nador où les services du Haut Commissariat ont enregistré des progrès dans les discussions avec les populations pour essayer de résoudre le problème du foncier. Pour le Moyen Atlas, la problématique réside dans la commercialisation du cèdre qui implique de véritables réseaux organisés, a-t-il dit, affirmant que le renforcement de la surveillance effectué par le Haut Commissariat avec les autorités locales et la gendarmerie royale commence à produire ses effets. +La Mâamora, un écosystème naturel en cours de reconstitution+ Le plan décennal 2005-2014 a prévu de reboiser et de reconstituer le chêne liège sur 20.000 ha principalement dans les zones où ont été opérés des prélèvements pour planter des eucalyptus, a dit M. El Hafi, ajoutant que la restauration d'un écosystème de chêne liège nécessite entre 20 et 25 ans. La forêt de la Mâamora est en train de se reconstituer par rapport aux nouvelles donnes climatiques, a-t-il indiqué, signalant que toute la partie orientale de cette forêt connaît un déficit pluviométrique et y planter un chêne liège serait une démarche technique erronée. Le Haut Commissaire a tenu à souligner, qu'à l'exception des territoires qui avaient été mobilisés pour la construction des axes autoroutiers Rabat-Kénitra et Kénitra Larache, la superficie de la forêt de la Mâamora demeure telle qu'elle a été délimitée dans les années 40. Tout récemment, une opération de reboisement des zones de la forêt Mâamora (Salé El Jadida), dévastées par le feu en août 2009, a été lancée par la société Technopolis en partenariat avec le Haut Commissariat aux Eaux et Forêts et à la lutte contre la Désertification. Placée sous le slogan "Maâmora, un trésor à préserver, une responsabilité citoyenne", cette action, qui a permis de mettre en terre 1.500 plants de chênes-lièges. Elle s'inscrit dans le cadre des actions de communication et de sensibilisation du Haut commissariat aux Eaux et Forêts et à la lutte contre la Désertification visant à responsabiliser les divers acteurs concernés par la préservation du patrimoine forestier et la protection de l'environnement. Au sujet du tarissement des étangs et petits cours d'eau qui traversaient la mâamora et hébergeaient une faune et une flore riche et diversifiée, M. El Hafi a indiqué que la viabilité des ces sources dépend des précipitations qui font partie des changements climatiques. Toutefois, selon M. El Hafi, il s'agit de faire preuve de rigueur face à l'exploitation des ressources souterraines en veillant à ce que les pompages des puits et les prélèvements d'eau dans les nappes phréatiques ne soient pas disproportionnés par rapport aux apports pluviométriques. Le patrimoine sylvestre marocain regorge de richesses dont l'arganier, qui a été classé patrimoine mondial de l'Unesco depuis 1999. Son exploitation constitue une activité génératrice de sources de revenus et il contribue de façon efficace à la lutte contre l'érosion et la désertification. + L'arganier, une espèce endémique qui couvre près de 860.000 ha+ La conservation de l'arganier, qui couvre une superficie de près de 860.000 ha dans le sud-ouest marocain, est régie par une loi datant du début siècle accordant des droits étendus aux usagers, a indiqué M. El Hafi. La surexploitation de cette ressource, l'extension de l'agriculture vivrière et intensive, le surpâturage induisent une forte régression, aussi bien en surface qu'en densité, de l'arganier. Face à cette situation, le HCEFLCD a appliqué un décret qui permet de racheter les droits d'usage pendant une période allant de 10 à 15 ans et mettre en place tout un système de reconstitution de l'arganier, à travers la production des plants au niveau des pépinières, a expliqué le Haut Commissaire. Dans le cadre de son plan décennal 2005-2014, le HCEFLCD a mis en oeuvre des programmes visant la valorisation de l'arganier qui ont contribué à la sécurisation de 116.200 ha par l'immatriculation et l'aménagement de 114.500 ha. Dans le même cadre, 6000 ha ont été régénérés dans le but d'atteindre 4000 ha par an à l'horizon 2014.