Le Festival de l'art du Jardin (Jardin'Art) de par sa démarche éducative, esthétique et festive, a été conçu de manière à contribuer positivement à la sensibilisation du public quant à la nécessité de protéger l'environnement, promouvoir l'écotourisme et à réaliser le développement durable escompté, a souligné M. Abderrezak Benchâabane, initiateur de ce festival. -Propos recueillis par Samir Lotfy- Dans un entretien accordé à la MAP dimanche à Marrakech en marge de la clôture de la 4ème édition de ce festival initiée du 16 au 18 avril, sous le signe "Jardin et Santé", M. Benchâabane a ajouté que ce festival, l'unique du genre au Maroc et dans le monde arabo-africain, a la particularité de faire participer les citoyens à un projet commun à savoir celui de relever les défis imposés en matière de protection de l'environnement. Et de poursuivre que cette manifestation de proximité se propose d'abord de sensibiliser les marrakchis et les autres habitants de la ville quant à l'impératif de protéger, sauvegarder et promouvoir son patrimoine écologique, un legs que des générations de jardiniers et de bâtisseurs ont eu le grand honneur de laisser. Pour M. Benchâabane, ce festival pourra ensuite servir d'occasion pour démontrer à l'échelle internationale que la cité ocre a tous les atouts pour s'ériger en destination jardins et d'écotourisme, notant que Marrakech dispose d'un patrimoine vert indéniable et ce, depuis l'ère des Almohades, jusqu'aux jardins dessinés par l'urbaniste français Le Porst sous le protectorat. "Nous sommes l'un des rares pays qui a plus de dix siècles d'histoire de jardin, c'est pourquoi il suffirait de mettre les moyens et de la volonté pour optimaliser ce patrimoine. Les jardins constituent pour une ville touristique, une valeur ajoutée certaine", a-t-il dit. Interrogé sur les grandes particularités de cette nouvelle édition placée sous le Haut Patronage de SM le Roi Mohammed VI, M. Benchâabane a tenu à préciser qu'elles se résument dans l'engagement social de cette manifestation, dans la mesure où il a été procédé depuis le début de l'année à la restauration des jardins de l'hôpital Al Antaki dans le cadre de l'opération"hôpital fleuri". Et d'ajouter que cette édition a été marquée aussi par une participation massive de jeunes écoliers qui, depuis mars dernier, ont suivi des formations pour réaliser des concours scolaires éphémères, faisant observer qu'une dizaine d'écoles de Marrakech ont participé à ce concours et quatre prix ont été décernés dans ce cadre, dont celui du public invité à voter pour un jardin. M. Benchâabane s'est dit fier, dans ce sens, de l'esprit créatif des jeunes écoliers, lequel ne cesse de s'améliorer d'année en année, notant que Jardin'Art 2010 a été honoré par la présence d'une pléiade d'artistes marocains, français, anglais, espagnoles et italiens avec des jardins éphémères ou des installations artistiques. Au sujet de la situation actuelle des jardins historiques dans la cité ocre, M. Benchâabane a déploré le fait que nombre d'espaces arborés ont disparus suite à l'engouement pour l'immobilier, estimant qu'il est temps d'agir pour sauver ce qui reste de ces espaces et ce, dans le cadre d'un partenariat fructueux et d'actions concertées entre la population, les élus, l'administration territoriale et la société civile. L'objectif étant que la cité ocre garde sa connotation de ville-jardin. "Les actions entreprises en matière de jardin jusqu'alors ont montré l'ampleur de ce qui reste à faire. Elles ont surtout démontré que l'on ne peut pas faire n'importe quoi en matière de restauration des jardins", a-t-il dit, faisant remarquer qu'il s'agit là d'un travail qui exige une grande expérience et de la passion, conjuguées à une parfaite connaissance de la vie des plantes et de l'histoire de chaque jardin. M. Benchâabane n'a pas manqué de souligner que "les jardins constituent toujours pour une ville, une valeur ajoutée considérable surtout pour une cité touristique comme Marrakech", rappelant que ces espaces jouent un rôle fondamental sur notre santé et notre bien-être, d'autant plus qu'ils peuvent être générateurs d'emplois et jouer un grand rôle éducatif et social. Et de poursuivre que le rôle du Jardin en tant que lieu où se tisse et se renforce les relations sociales n'est plus à démontrer, émettant le voeu de voir le patrimoine vert de Marrakech valorisé, et que ses palmiers, ses oliviers centenaires ainsi que ses arbres locaux et exotiques puissent échapper à l'extension urbanistique. Il a insisté, dans ce contexte, sur la nécessité de tirer profit des expériences réussies dans nombre de pays qui ont parvenu à maintenir l'équilibre entre le respect de l'environnement et l'urgence de répondre aux besoins des populations en matière de logement et d'infrastructures. "Le Maroc peut aussi y réussir et une ville comme Marrakech, qui a des atouts écologiques indéniables, pourrait servir de modèle à suivre et devenir la ville référence en matière de développement urbain durable", a conclu M. Benchâabane.