La pratique journalistique ne vas pas sans responsabilité, a souligné vendredi à Tétouan, M. Jamal Eddine Naji, expert en communication et coordinateur général du dialogue national médias et société. Il a mis en cause, à ce propos, ce qu'il qualifie d ' "ego exacerbé" de certains journalistes, qui se considèrent les détenteurs exclusifs de la vérité. Animant une table ronde sur le thème "la presse entre responsabilité et liberté d'expression", organisée par le département du journalisme et de l'information de la faculté polydisciplinaire de Tétouan (FPT), M. Naji a critiqué le comportement de certains journalistes qui endossent le rôle de +justicier+, alors que le rôle premier du journaliste est d'abord d'informer et de bien camper son rôle de "médiateur", en insistant sur le respect de la liberté d'autrui dans l'exercice de la liberté d'expression. Le Dr. Naji qui s'exprimait devant un parterre d'experts et d'étudiants en journalisme, a souligné la responsabilité des journalistes dans la diffusion de l'information, une responsabilité lourde envers "cet inconnu " qu'est l'opinion publique, insistant en particulier sur la crédibilité et le respect de l'éthique et de la déontologie. Il a donné a cet égard des exemples de pays développés notamment la France et les Etats-Unis. Il s'est demandé au passage si les 330.000 exemplaires de journaux tirés quotidiennement au Maroc, sont suffisants pour se faire une idée de l'opinion publique dans un pays qui compte 33 millions âmes. Il en va de même des quelque 5 millions d'auditeurs et de spectateurs de la radio et la télévision. M. Naji a par ailleurs souligné la nécessité de familiariser les étudiants en journalisme avec le code de la presse dès le début de leurs études afin qu'ils s'imprègnent de ses dispositions en matière de droits et de devoirs . Plaidant pour l'élaboration d'une loi sur le droit d'accès du citoyen à l'information, M. Naji a indiqué que l'accès à l'information est une nécessité pour la bonne gouvernance, pour le développement de la démocratie et pour le progrès économique et social du pays. Il a par ailleurs relevé que les médias marocains, à l'instar des médias de plusieurs pays, sont confrontés à un certain nombre de problèmes en raison des nouvelles technologies de communication, évoquant au passage les problèmes qui se posent au niveau des démêlées des journalistes avec la justice. Le Coordonnateur général du dialogue a d'autre part fait savoir que depuis le lancement de ce dialogue, le 28 janvier dernier, 18 séances ont été tenues avec plusieurs opérateurs du secteur, et avec la plupart des instances, associations et institutions concernées, dans le but de recueillir leurs avis sur les questions qui se posent sur la scène médiatique. Outre M. Naji, cette table ronde a vu la participation du doyen de la FPT, M. Abdelhafid Sekaki, le Pr. Aboulas Ahmido, enseignant -chercheur, le Dr Mahmoud Maarouf, directeur du bureau d'Al Qods Al Arabi à Rabat, le Dr. Hossein Majdoubi, journaliste résidant en Espagne et du Dr. Taieb Boutabkalt, professeur à l'école supérieure Fahd de Tanger. La table ronde sur "la presse entre responsabilité et liberté d'expression" sera suivie d'une autre sur "la justice et la presse".