La tenue à Washington, les 12 et 13 avril, du sommet sur la sécurité nucléaire intervient dans le contexte d'un changement historique de la posture nucléaire US en vertu de laquelle les Etats Unis n'auront désormais recours à leur arsenal qu'à titre dissuasif, tout en luttant contre la prolifération et en empêchant les groupes terroristes d'acquérir des matériaux nucléaires vulnérables. Reconnaissant que le monde est loin d'être débarrassé des arsenaux nucléaires, cette nouvelle posture spécifie néanmoins que cela demeure pour Washington l'ultime objectif, dont le premier jalon a été scellé par la récente signature à Prague du nouveau traité START de réduction des armes nucléaires, par le Président Barack Obama et son homologue russe Dmitri Medvedev. La signature de ce traité, s'est réjoui le chef de l'exécutif US, "clôt le chapitre de la guerre froide, consolidera la résolution internationale face à la prolifération nucléaire et assurera la sécurité des Etats Unis et celle du monde", notant que cette signature envoie un signal fort que chaque pays est désormais tenu d'assurer un avenir plus sécurisé pour les générations à venir. +Substituer le dialogue stratégique à la course à l'armement+ Les Etats Unis entendent ainsi inviter leurs compétiteurs internationaux en matière d'armement nucléaire, comme la Russie et la Chine, à s'inscrire dans le cadre d'un dialogue stratégique constructif, le but étant de consolider les bases d'une compréhension mutuelle qui rendrait obsolète toute course à l'armement nucléaire, estiment plusieurs observateurs américains pour lesquels le succès de la nouvelle approche américaine dépend de l'adhésion de Moscou et de Pékin. George Perkovich du think tank US, Carnergie endowment for international peace, soutient, d'autre part, que la revue de la posture nucléaire US élargit un processus qui avait déjà été entamé sous l'Administration Bush, mais en veillant à refléter les réalités actuelles du monde. Bien qu'engagés militairement en Afghanistan et en Irak dans des guerres ayant coûté, jusqu'à présent 1 trillion de dollars, il est évident que Washington "n'aura jamais recours à l'arme nucléaire" dans ces deux conflits, avancent les partisans de la nouvelle doctrine US, insistant que les Etats Unis ont d'autres objectifs sur lesquels ils doivent se concentrer davantage, dont le terrorisme nucléaire n'est pas des moindres. +Le terrorisme nucléaire au coeur de l'agenda du conclave de Washington+. Le principal conseiller du président Barack Obama chargé de la non-prolifération à la Maison Blanche, Gary Samore, a affirmé que le sommet sur la sécurité nucléaire vise justement à renforcer la coopération internationale en vue d'empêcher des groupes terroristes d'acquérir des matériaux nucléaires vulnérables. "Le terrorisme nucléaire constitue une menace grave, puisque des réseaux terroristes cherchent actuellement à se doter de matériaux nucléaires qu'ils n'hésiteront pas à utiliser le cas échéant", a-t-il mis en garde, soulignant qu'il existe actuellement une importante quantité de matériaux nucléaires à travers le monde que la communauté internationale a l'obligation de "protéger et de sécuriser". Pour lui, la responsabilité de la sécurisation de ces matériaux, que ce soit sur le plan militaire ou civil, incombe, en premier lieu et de manière individuelle, aux Etats, faisant remarquer que les différents pays participants au sommet de Washington vont exposer les mesures mises en oeuvre pour sécuriser les matériaux nucléaires en leur possession. La plupart des composantes nucléaires qui risquent de tomber entre les mains de groupes terroristes sont gérés par le secteur industriel privé, d'où la nécessité, a insisté le conseiller présidentiel, de renforcer le contrôle et les réglementations étatiques en vue de mieux superviser la circulation de ces matériaux. La Maison Blanche avait affirmé que cette conférence internationale sera l'occasion de "constituer un nouveau départ dans ce qui sera une action internationale agressive" dans ce domaine, mettant l'accent sur l'engagement "fort" d'Obama à inscrire ces efforts dans le cadre d'une démarche multilatérale. Près de 47 pays devront prendre part à ce sommet international à l'invitation du président des Etats Unis, qui avait annoncé la tenue de ce conclave, à Prague en 2009.