De par les thèmes qui y seront débattus, le prochain sommet international sur la sécurité nucléaire sera une occasion inestimable pour afficher une plus grande détermination dans la lutte contre la menace terroriste nucléaire et les parties qui en sont responsables. Par Nadia Hachimi Cette importante rencontre, prévue les 12 et 13 avril à Washington, sera consacrée, en effet, au renforcement de la coopération internationale en matière de prévention du terrorisme nucléaire, danger que le président américain Barack Obama et son administration considèrent comme "la menace la plus immédiate et la plus extrême à la sécurité mondiale".
Le Sommet de Washington, prolongement naturel du discours de Prague L'on se souvient que le président Obama avait d'abord proposé la tenue d'un tel sommet lors de son discours du 5 avril 2009 à Prague, où il avait exposé sa vision d'un monde libéré des armes de destruction massive (ADM) et de la menace nucléaire. Dans ce discours, le chef de l'exécutif américain avait souligné en particulier qu'"un seul terroriste armé d'une seule bombe nucléaire était capable d'infliger une destruction massive". M. Obama avait également appelé la communauté internationale à redoubler d'efforts afin de mettre en lieu sûr toute matière nucléaire "vulnérable" de par le monde, de démanteler les marchés noirs et d'intercepter les matières en transit, tout en employant "des outils financiers pour juguler le commerce illicite des matières et des techniques nucléaires". Puis, lors du sommet du G8 en juillet 2009 à L'Aquila (Italie), le locataire de la Maison Blanche avait officiellement appelé à la tenue de ce sommet, dont il avait annoncé les deux principaux objectifs. Le premier, rappelle-t-on, porte sur l'ouverture "d'une discussion sur la nature de la menace nucléaire et sur l'élaboration de mesures communes que pourraient prendre les pays afin de sécuriser les matières vulnérables". Le deuxième objectif réside quant à lui dans l'adoption d'une "déclaration finale par laquelle les participants s'engageront à atteindre le plus haut degré possible de sécurité nucléaire", une condition sine qua non pour la sécurité internationale et l'élargissement de la production pacifique d'énergie nucléaire dans le monde. Ces deux objectifs ont, depuis lors, été le catalyseur d'une vision d'un monde "débarrassé des armes nucléaires", telle qu'exprimée récemment par les Etats-Unis dans le cadre de leur nouvelle doctrine nucléaire, présentée mardi dernier à Washington. La nouvelle doctrine nucléaire US, clef de voûte d'un nouvel ordre mondial? Ce changement de posture américaine en faveur d'un usage limité aux cas de force majeure des arsenaux nucléaires et de mesures pour empêcher les groupes terroristes d'acquérir des matériaux nucléaires vulnérables, constitue pour beaucoup d'observateurs "la clef de voûte" d'un nouvel ordre mondial en matière nucléaire que Washington souhaite voir instauré à l'issue de cet important conclave. D'après Sharon Squassoni, experte du Centre d'études stratégiques et internationales (CSIS), cette rencontre "déterminera les responsabilités, à la fois mondiales et nationales, des pays participants en matière de sécurisation de leurs matériaux nucléaires vulnérables et débouchera sur un plan d'action afin d'empêcher que de tels matériaux ne tombent dans les mains de personnes peu scrupuleuses". A ses yeux, cette nouvelle doctrine constituera une importante base de discussions lors des rencontres, tant bilatérales que multilatérales prévues dans le cadre de ce sommet, dans la mesure où la lutte contre toute menace d'obtention d'armes par des groupes terroristes est devenue une priorité dans le monde de l'après 11 septembre 2001. Une collaboration internationale plus efficace contre la menace du terrorisme nucléaire est d'autant plus urgente sachant que "la planète regorge d'installations nucléaires tant militaires que civiles vulnérables où se trouvent près de 500 tonnes de matières utilisables à des fins de fabrication d'armes", a renchéri Mme Squassoni. Un avis partagé par Thomas B. Cochrane, directeur du programme Nucléaire au sein du Natural Resources Defense Council, une organisation privée de Washington. Selon lui, ce sommet devrait se focaliser avant tout sur la sécurisation de l'accès à l'uranium enrichi, qui constitue un matériau de choix pour la fabrication de bombes. L'administration Obama pour un accès sécurisé aux matériaux nucléaires Du côté de la Maison Blanche, plusieurs hauts responsables, dont le conseiller adjoint à la sécurité nationale US, Ben Rhodes, ont mis en avant l'impérieuse nécessité d'empêcher les groupes terroristes de se doter de tels matériaux. "Il est absolument fondamental d'appréhender ce sommet en gardant à l'esprit la nature sérieuse de la menace de terrorisme nucléaire", avait affirmé M.Rhodes lors d'une conférence téléphonique consacrée à ce sommet. Bien qu'il soit difficile de quantifier les probabilités d'attaques nucléaires par des groupes extrémistes, "nous savons que ces groupes cherchent à se procurer de matériaux pour construire une arme nucléaire et ils n'hésiteront pas à s'en servir", a-t-il ajouté. Ce sommet, qui connaîtra la participation de quelques 47 pays, va donc mettre l'accent sur la sécurité des matières nucléaires et les moyens de mettre ces matières à l'abri du vol et du sabotage. Mais surtout, le conclave de Washington confortera une vision commune au sujet du nucléaire sur la base de la nouvelle posture nucléaire US et du nouveau traité Start II sur la réduction des armes stratégiques, signé jeudi dernier à Prague par les présidents Américain et Russe.