Les intellectuels marocains sont appelés à aborder l'avenir avec "une stratégie culturelle aux objectifs précis, clairs et bien définis", estime le critique marocain Moubarak Rabie. Une telle stratégie est d'autant plus importante qu'elle amènerait un changement profond, non seulement sur le plan culturel mais aussi au niveau de la situation des intellectuels, a-t-il ajouté dans une interview publiée par le dernier numéro de l'hebdomadaire égyptien "Akhbar Al Adab". Moubarak Rabie se dit "satisfait" du progrès réalisé au Maroc, estimant que les réalisations accomplies sont le résultat d'une "corrélation étroite entre le politique et le culturel". Les intellectuels marocains ont joué, à titre individuel ou dans le cadre des institutions culturelles, "un rôle clé dans l'édification du présent à travers leurs positions responsables vis-à-vis des réalités du pays et de la société et une présence active depuis l'indépendance", a-t-il estimé. Le critique marocain ajoute qu'au regard de la dynamique que connaît actuellement le paysage culturel, un dialogue sérieux et responsable avec le ministère de tutelle et divers autres responsables gouvernementaux permettrait de surmonter un certains nombres d'obstacles sur la scène culturelle. Quant au constat que, contrairement à la situation au Machrek, "la critique prend le pas sur la créativité culturelle" au Maroc, Moubarak Rabie s'est montré rassurant : "nous sommes sur la voie de surmonter cette phase", a-t-il dit. La critique est une culture basée sur l'accumulation d'une richesse en connaissances faite de composantes authentiques de la culture arabe et les aspects les plus modernes de la culture occidentale, estime-t-il. Pour ce qui est de l'avenir des nouvelles générations d'écrivains marocains, Moubarak Rabie pense que "le mouvement actif des jeunes est en mesure de créer des genres d'écriture qui représentent une évolution naturelle, comme dans de nombreux autres domaines". Il a aussi déploré le fait que la communication entre les intellectuels du Maghreb et du Machrek demeure limitée et ne reflète pas un véritable mouvement culturel. Moubarak Rabie estime également que le rayonnement de l'oeuvre de certaines figures emblématiques de la scène culturelle reste limitée, imputant cet état de fait "globalement" à l'absence de communication.