Le champ de la critique du cinéma s'est "silencieusement mais grandement modifié ces dernières années", a souligné le critique marocain, M. Driss Jaîdi. Propos recueillis par Omar Er-rouch "Cette transformation nous la devons à un nouveau support, encore quelque peu montré du doigt et caricaturé par les médias: Internet", a dit le critique dans une interview accordée à la MAP, en marge du festival international du cinéma méditerranéen de Tétouan. Le chercheur et universitaire marocain a ajouté que la critique du grand écran "connaît depuis quelques années une nouvelle mutation, monstrueuse pour certains, libératrice pour d'autres".
-Internet va-t-il tuer le papier? "Le constat que je peux faire aujourd'hui est que la critique du cinéma est une espèce menacée dans les médias traditionnels", a estimé le critique de cinéma, auteur de nombreux ouvrages sur le sujet. Les problèmes économiques de plus en plus fréquents rencontrés par les revues papier de cinéma expliquent , en partie, cette forte émergence de la critique cinéma sur Internet, a fait remarquer le critique. Il a, en outre, estimé que le cinéma avait autrefois une réelle importance dans l'ensemble des préoccupations d'un journal. "Ce n'est plus le cas". Les pages dédiées autrefois à la critique dans les journaux se sont transformées en pages culture, avec des petits espaces pour la critique cinématographique, par manque d'intérêt ou à cause des changements de priorités. -L'Internet, accès facile et choix multiple M. Jaîdi a souligné que cette situation provoque incontestablement un autre rapport encyclopédique, critique et quotidien avec le cinéma et notre regard sur celui-ci. Les forums Internet de discussions sur les sites de cinéma fleurissent, enrichissent les discussions et les analyses, et nourrissent les passions, a-t-il fait savoir. Un site de cinéma moyen accueille aisément trente mille internautes par mois, a-t-il ajouté. M. Jaîdi a estimé que la multiplication des sources d'information accessibles aux cinéphiles a certainement eu pour effet favorable de démocratiser la critique cinématographique et de la rendre à portée, notamment des jeunes. Ces nouvelles tendances et mutations ont fait que la critique apparaît plus que jamais mise en question dans ses délimitations, et en quête en tout cas d'une redéfinition, a affirmé M. Jaîdi. Il a jouté qu'outre la crise perpétuelle de la presse, l'évolution de son lectorat et la transfiguration de ses objets que sont les films, ont contribué à cette modification du champ de la critique du cinéma. Evoquant l'avenir de cette discipline, M. Jaîdi a appelé la jeunesse à s'approprier davantage la critique et à réinventer les réceptions et la manière de les partager avec l'autre.