La Grande-Bretagne se prépare dès maintenant à l'éventualité d'un gouvernement sans majorité à l'issue des prochaines élections législatives prévues en mai prochain. Les hauts responsables du Whitehall, quartier regroupant les principaux départements ministériels à Londres, ont mis en place un plan d'urgence pour affronter cette échéance, renforcée par le rétrécissement de l'écart entre les deux principales formations politiques du pays, le parti travailliste (au pouvoir) et le parti conservateur. Ce dernier, qui caracolait en tête des intentions de vote avec un écart allant parfois jusqu'à 18 points, n'est plus qu'à quelques points (deux selon certains sondages) de son rival travailliste. Le labour, sous la houlette du Premier ministre Gordon Brown, a réussi à revenir dans les sondages à la faveur des plans mis en oeuvre pour faire sortir le pays de la récession et renforcer la reprise économique. Le manque de clarté du programme économique des conservateurs, notamment au sujet de la réduction des dépenses publiques, a incité plusieurs votants à se tourner de nouveau vers le parti travailliste, estime la presse londonienne, relevant que la confusion devra persister jusqu'au jour du scrutin. Ceci devra déboucher sur un parlement ou aucun parti ne disposera d'une majorité absolue, une situation que le pays a vécue il y a trente ans. D'après le quotidien The Guardian, le plan du Whitehall devra permettre à Gordon Brown de continuer de diriger le pays jusqu'à la formation d'un gouvernement de coalition. En vertu du plan, destiné à éviter une crise constitutionnelle, le parlement britannique suspendra ses activités pendant trois semaines en vue de permettre au Premier ministre de former son gouvernement avec les parties de la minorité. De hauts responsables du Whitehall, cités par la presse, ont indiqué que Brown sera maintenu au pouvoir même si les conservateurs viennent en tête avec une majorité restreinte. Par ailleurs, la presse britannique a souligné que la reine Elisabeth II devra jouer un rôle plus prépondérant en cas de parlement sans majorité, et ce jusqu'à la formation d'un gouvernement capable de gagner le soutien du parlement. Selon les règles en vigueur en Grande-Bretagne, la Souveraine anglaise ne devra pas appeler à la tenue d'un nouveau scrutin législatif sauf en cas d'extrême urgence pour les intérêts économiques du pays. Par ailleurs, les petites formations britanniques ont déjà commencé à se positionner dans la perspective d'un parlement sans majorité, imposant leurs conditions pour offrir le soutien à l'une des deux grandes formations du pays. Ainsi, les partis nationalistes d'Ecosse et du Pays de Galles, respectivement le SNP et Plaid Cymru, ont imposé la hausse des fonds qui leur sont octroyés par le gouvernement comme condition pour apporter leur soutien au vainqueur des élections. De son coté, le parti libéral démocrate, troisième plus grande formation du Royaume-Uni qui doit normalement décider du sort du futur gouvernement, continue d'entretenir un mystère au sujet de ses futures alliances. Nick Clegg, chef de ce parti, a récemment indiqué que sa formation "n'était pas un faiseur de rois" et qu'il appartient au peuple britannique de décider qui devra diriger le pays après les élections de mai. Le parti libéral démocrate, lié par des affinités idéologiques aux travaillistes, n'écarte pas la possibilité d'une alliance avec les conservateurs. D'après la presse, le parti de Clegg impose certaines conditions à une telle alliance, notamment une hausse des impôts pour les plus riches, des dépenses accrues dans l'éducation en faveur des plus couches sociales défavorisées et une réforme du système électoral devant favoriser cette formation dans l'avenir. Par ailleurs, l'hypothèse d'un parlement sans majorité a provoqué la confusion au sein de la communauté d'affaires britannique, une situation qui s'est répliquée par une baisse de la valeur de la monnaie britannique. Nombreux sont les analystes qui estiment qu'un parlement sans majorité compliquerait la tache du futur gouvernement face à une situation économique peu confortable, traduite notamment par un énorme déficit public et un réel risque d'un retour de la récession. Le Premier ministre britannique, Gordon Brown, devra annoncer la semaine prochaine la date du scrutin, qui devra se tenir, selon la presse, le 6 mai prochain.