Le président américain George W. Bush est arrivé à Londres mardi soir pour une visite d'Etat de trois jours, placée sous haute sécurité et critiquée par un front anti-guerre qui a appelé à une manifestation nationale ce jeudi. Au cœur de Londres, en guise de protestation quelque 80 artistes à «Modern Tate», musée d'art moderne au bord de la Tamise, se sont symboliquement allongés à terre, leurs corps disposés pour former les mots "Bush rentre chez toi". Non loin de là, une manifestation de «Stop the war», coalition de mouvements pacifistes, se déroulait à Euston square, au cœur de Londres, à laquelle le dramaturge Harold Pinter et d'autres personnalités hostiles à la guerre en Irak ont pris part. Des dizaines de milliers d'autres manifestants sont attendus ce jeudi pour une manifestation nationale appelée par Stop the War. Les anti-guerre, ayant obtenu l'autorisation de défiler aujourd'hui sur Whitehall, où se trouvent les principaux ministères, vont tout mettre en oeuvre pour que la visite de George Bush se déroule dans la contestation. La coalition Stop the War a réévalué ses prévisions pour le grand défilé d'aujourd'hui : 100 000 personnes sont attendues, au lieu des 60 000 prévues initialement. Grande victoire, le cortège a obtenu le feu vert de la police pour entrer dans le quartier de Whitehall, où se trouvent les principaux édifices gouvernementaux, et défiler devant le parlement et sous les fenêtres des bureaux de Tony Blair. Le maire de Londres Ken Livingstone a apporté mardi son soutien aux manifestants. Il a qualifié Bush de « plus grande menace à la vie sur cette planète que nous ayons probablement jamais vue». Il s'en est pris à l'aspect financier de la visite : elle coûterait deux livres sterling (30 DH) à chaque Londonien. « Je pense que la majorité des Londoniens seraient heureux de donner quatre livres pour qu'il ne vienne pas », a déclaré le maire qui devait organiser hier une réception des anti-guerre à l'hôtel de ville. En tout cas, pour un citoyen britannique ordinaire, Azmat Begg, cette visite est aussi l'occasion de demander la libération de son fils, détenu à Guantanamo. Une pétition initiée par Stop the War, forte de 100.000 signatures a été transmise lundi à Downing Street clamant que "le président américain n'est pas le bienvenu en Grande-Bretagne et n'aurait pas dû être invité".Plusieurs milliers de policiers ont été mobilisés pour toute la durée de la visite du président Bush. Sa protection mobiliserait également, selon la presse, quelque 250 membres des services secrets armés et 150 conseillers du département de la sécurité nationale. "Deux hélicoptères d'attaque américains patrouilleront au-dessus de Londres", a affirmé le Times. Un déploiement qui coûtera au moins 11 millions d'Euros que le contribuable britannique paiera. Une visite pleine de risques pour l'entente anglo-américaine. Pour Tony Blair, apparemment plus honoré aux Etats-Unis que chez lui, chaque éloge que lui adressera Bush, et ce dernier ne s'en prive pas, rappelle aux Anglais le fiasco de l'invasion de l'Irak et du suivisme manifesté à l'égard de l'Administration Bush. Pour le Président américain, la partie est tout autant biaisée. Si ce sont les Londoniens qui souffriront des restrictions imposées pour assurer la sécurité de Bush, les Américains verront sur leurs écrans de télévision les manifestants bousculer leur président à un moment où sa popularité est en baisse et sa réélection sérieusement menacée.On sait que George Bush ne sera jamais reçu avec des fleurs à Paris ou à Berlin. Mais, Londres c'est différent. La Grande-Bretagne constitue son plus fidèle allié. Les images de centaines de milliers de manifestants conspuant Bush seront insupportables pour les électeurs américains. Ils comprendront à quel point leur président est haï et suscite la méfiance chez les autres peuples. Dans l'immédiat, la priorité pour George Bush est d'éviter un désastre lors de son périple londonien.