Avec une soixantaine de communications et la participation de près d'une centaine d'experts et de personnalités venus de 10 pays, le colloque scientifique sur "les migrations juives : Identité et Modernité au Maghreb", a clos ses travaux samedi soir à Essaouira après trois journées de débats qui "feront date désormais dans la compréhension de l'histoire des migrations maghrébines", selon M. Benjamin Stora, historien et chercheur, spécialiste de l'histoire de l'Algérie et de la période coloniale au Maghreb. La séance de clôture de ce colloque, organisé par le Centre Jacques Berque et le Conseil de la communauté marocaine à l'étranger (CCME), a permis à cet égard d'en dégager les tendances de fond et les enseignements les plus significatifs. Au premier plan de ces acquis, la contextualisation historique des flux migratoires qui ont traversé les sociétés maghrébines depuis l'Andalousie jusqu'aux grandes vagues migratoires, toutes origines confondues, qui ont marqué la période post-coloniale. Deuxième caractéristique centrale de cette rencontre, le contexte global et multidimensionnel des flux migratoires où le politique et le confessionnel ne sont plus les seuls à devoir être considérés et doivent être mis en perspective avec le contexte social, humain et culturel des périodes qui ont connu des migrations déterminantes pour les sociétés maghrébines. Enfin, la grande diversité intellectuelle et scientifique des intervenants à la fois historiens, démographes, anthropologues et sociologues, a permis de couvrir l'espace le plus large de cette exploration multidimensionnelle de l'histoire globale des migrations musulmanes et juives à partir du Maghreb. La participation de chercheurs marocains, algériens et tunisiens a permis dans ce contexte de mieux cerner les spécificités et les points de convergences qui, au fil des siècles, ont façonné la réalité socio-culturelle des flux migratoires à partir du Maghreb. Présidée par M. André Azoulay, Conseiller de SM le Roi et Driss El Yazami, Président du CCME, la séance de clôture de ce colloque a été marquée par les interventions du grand écrivain d'origine tunisienne Albert Memmi, auteur notamment du Portrait du Colonisé et du Portrait du Colonisateur, invité d'honneur de cette rencontre ainsi que par celles inédites d'une étudiante de l'Université d'Al Akhwayne, d'un poète d'Essaouira et d'un intellectuel palestinien qui, chacun à sa façon, ont voulu dire avec émotion "la nécessité de multiplier des rencontres de cette richesse et de ce pluralisme" qui, comme l'avait déclaré le Président du CCDH, M. Ahmed Herzenni, en ouverture du colloque", permettent de restaurer la mémoire de nos pays et de relire nos histoires respectives d'une manière sereine et apaisée".