Le cinéma marocain est entré dans une phase où le défi de la qualité reste d'une importance majeure pour renouer avec les attentes d'un public de plus en plus exigeant, a-t-on estimé lors d'un débat tenu en marge du festival du cinéma universitaire d'Errachidia. Avec un peu plus d'un demi-siècle d'expérience, la filmopgraphie marocaine ne compte qu'environ 210 long-métrages et la production cinématographique s'appuie toujours sur le soutien financier de l'Etat, en l'absence d'initiatives privées et d'une industrie cinématographique prête à investir dans ce secteur, ont souligné plusieurs participants. Tout en constatant que beaucoup reste à faire pour l'épanouissement du cinéma marocain, ces participants ont reconnu que des progrès ont été réalisés à plusieurs niveaux. "On commence à voir des films d'une qualité irréprochable sur le plan technique (image, son, montage) et beaucoup de nos comédiens, outillés d'une formation académique, sont arrivés à maturité et n'ont rien à envier à d'autres", a expliqué Mohamed Sijilmassi, critique de cinéma. Beaucoup de long-métrages marocains réalisés durant les dernières années ont fait preuve de créativité, démontrant que nos réalisateurs font désormais montre d'une expérience et d'une culture visuelle, mais aussi d'une forte armature académique, a affirmé le cinéaste et critique Mohamed Chouika. En parallèle à ce bilan positif, les participants ont estimé que plusieurs mesures devraient être prises pour accompagner cet élan, notamment par la mise en place d'instituts de formation spécialisés. L'ouverture de nouvelles salles et la réalisation du projet de 150 écrans sont à même de permettre au cinéma marocain de renouer avec son public, mais encore faut-il travailler en parallèle sur l'environnement culturel, l'objectif étant de changer certaines habitudes, ont estimé certains critiques. Dans ce sens, la piste des partenariats avec les collectivités locales, le tissu associatif et le secteur privé pour acquérir, rénover, et réhabiliter les salles de cinéma déjà fermées reste une possibilité qui peut contribuer à promouvoir le cinéma. "Sur les quinze films produits en 2009, seuls quatre ou cinq seront vus par le grand public, en raison d'abord d'une régression alarmante du nombre de salles", a déploré le critique Moulay Driss Jaidi, estimant qu'il est temps d'aborder la question du cinéma "comme un tout". Le mode de financement des productions cinématographiques devrait être repensé afin d'encourager la créativité et contribuer à davantage de productions de qualité.