Des défenseurs marocains des droits de l'homme ont réfuté, vendredi à Genève, les allégations contenues dans le dernier rapport de l'Institut du Caire pour l'étude des droits de l'Homme (CIHRS) sur la situation des droits de l'homme au Maroc. Lors d'un panel organisé par le CIHRS au Palais des Nations à Genève, en marge de la 13ème session du Conseil des droits de l'homme de l'ONU, Mme Khadija Rouissi, présidente de l'association de Bayt Al Hikma, a relevé la méconnaissance par les auteurs du rapport de l'histoire et de l'identité du peuple marocain, mettant en exergue à cet égard les acquis réalisés en matière de reconnaissance des droits culturels des Amazighs. L'identité marocaine se compose de la culture arabe, islamique, amazigh et africaine, a indiqué Mme Rouissi, qui a rappelé dans ce contexte la création de l'Institut Royal de la culture amazighe (IRCAM) et l'enseignement depuis plusieurs années de l'Amazigh dans les écoles du Royaume. Elle a aussi souligné la participation importante des organisations de la société civile amazigh à toutes les étapes essentielles de l'histoire du Maroc, évoquant à ce propos la session publique thématique organisée par l'Instance Equité et Réconciliation sur les droits culturels avec la participation d'associations amazigh. L'intervenante a également insisté sur la contribution des associations amazigh au plan d'action national en matière de démocratie et des droits de l'homme au Maroc (PANDDH). Lors de ce panel, animé notamment par Jeremie Smith, représentant du CIHRS à Genève, Mme Rouissi a également reproché à l'institut d'avoir passé sous silence dans son rapport, la torture dont sont l'objet les séquestrés dans les camps de Tindouf, la déportation d'enfants à Cuba et l'enlèvement par le polisario, au nord de la Mauritanie, de 168 Mauritaniens. Les auteurs du rapport ont également omis, a-t-elle poursuivi, de parler de la responsabilité juridique et morale de l'Algérie concernant ce qui se passe dans les camps de Tindouf. Abondant dans le même sens, M. Noureddine Belakbyer, secrétaire général du Comité de défense des droits humains, a fait remarquer que l'approche du rapport n'avait rien de scientifique puisqu'il s'est basé sur des dépêches d'agences et sur ce que certaines organisations ont publié sur le Maroc, sans prendre la peine de se rendre dans le Royaume pour s'enquérir sur place de la situation des droits de l'homme. Le rapport de l'institut, a encore relevé M. Belakbyer, n'a pas abordé les progrès et les chantiers ouverts au Maroc en matière de promotion des droits de l'homme et auxquels les organisations de défense des droits de l'homme participent largement. Concernant les individus originaires des provinces du sud qui se sont rendus dans les camps de Tindouf, l'intervenant a invité les auteurs du rapport à faire la distinction entre les acteurs de défense des droits de l'homme et les activistes politiques, précisant que ces individus ont eu un accueil militaire dans ces camps. Il a, d'autre part, signalé que les dernières élections législatives au Maroc ont été libres et honnêtes de l'avis des observateurs internationaux. De son côté, M. Sidati El Ghallaoui, ex-représentant du polisario en Italie, a invité les auteurs du rapport à enquêter sur les violations des droits de l'homme des populations sahraouies dans les camps de Tindouf, situation qu'il a affirmé connaître avec précision pour avoir vécu dix sept ans parmi ces populations. Cet institut n'a pas abordé les souffrances et le drame en cours dans ces camps et a l'obligation de s'en enquérir pour mieux asseoir sa crédibilité, a insisté M. Sidati, qui a affirmé avoir été témoin de la mort de quatorze personnes sous l'effet de la torture dans les camps de Tindouf, se disant prêt à en révéler les noms à l'Institut, auteur du rapport. Il a indiqué que le Maroc a reconnu les violations des droits de l'homme qu'il avait connues dans le passé et a mis en place l'Instance Equité et Réconciliation (IER) dont l'objectif était le règlement du dossier de ces violations. Il s'agissait d'une expérience pionnière dans le monde arabe et qui doit être encouragée, a dit M. Sidati, qui a évoqué, dans ce même ordre d'idées les autres avancées réalisées par le Maroc sur la voie de la consolidation des droits de l'homme, tels que l'adoption du code de la famille, la réforme du code de la nationalité. Mme Saâdani Maoulainine, membre de l'Union de l'Action Féminine, a quant à elle exposé aux panélistes son expérience en tant qu'ancienne déportée, alors qu'elle n'avait que cinq ans, à Cuba où elle avait passé presque 16 ans, privée de sa famille. Elle a appelé au respect des droits de l'homme dans les pays arabes, faisant observer que le meilleur défenseur de ces droits est celui ou celle, qui en a été privé, reprochant aux auteurs du rapport de s'être intéressés aux individus qui se sont rendus dans les camps de Tindouf et d'avoir omis de dénoncer la situation déplorable des populations séquestrées dans ces camps où des milliers de Sahraouis ont été jetés dans les geôles du polisario, dont son propre père, tués ou torturés. Mme Fatima Ech-chemkhi, avocate au Barreau de Casablanca, a répondu aux assertions concernant la liberté politique au Maroc, affirmant que le Royaume renferme une trentaine de partis politiques qui jouissent de la liberté de militer et de la liberté de s'exprimer. Elle a de même mis en relief les chantiers ouverts en vue de réformer la justice, le code pénal et de lutter contre la violence conjugale.