Une grande procession d'offrandes ramenant des dons au mausolée du grand Wali Salih Sidi Bouarrakia a été organisée, vendredi à Tanger, dans le cadre du Festival arabe de madih et samaâ "Mawlidyat Tanjah", à l'occasion du moussem du Saint homme. Les mouqaddem des zaouiats de Tanger, les adeptes ainsi que les élèves de leurs écoles coraniques ont ainsi formé un cortège aux couleurs du folklore local qui a réuni des milliers de Tangérois venus renouer avec ce moussem, célébré pour la 5ème année consécutive après une très longue rupture qui remonte aux années 40. Des cavaliers suivis des jeunes "tolba" vêtus de blanc et portant les planches typiques de l'apprentissage traditionnel du Saint Coran ont ouvert ce cortège qui a pris le départ de la Place des Nations au centre ville et s'est longuement attardé au boulevard où une foule nombreuse s'est amassée pour ce grand spectacle. La procession a traversé ensuite les principales artères de la ville pour se diriger vers le mausolée, où les moukadem et chorfas ont réceptionné les offrandes dans un rituel authentique. Cette manifestation, initiée à l'occasion d'Aid Al Mawlid, constitue l'apogée de la célébration du Moussem de ce saint homme, marqué durant les sept derniers jours par des veillées religieuses et chants soufis dans l'enceinte du mausolée Bouarrakia, un haut lieu spirituel de la cité du Détroit. Le moussem de Sidi Bouarrakia avait, jusqu'aux années 40, une grande réputation dans toute la région du Nord et même ailleurs dans le Maroc. Mais cette rencontre annuelle s'est vue interdire par l'administration coloniale qui s'irritait contre les relents revendicatifs anti-protectorat exprimés par la foule. De son vrai nom Sidi Mohamed El-Haj El-Bekkali mais baptisé Abi-Al-Irakia Al-Khadra par ses contemporains, ce grand érudit et moujahid issu de la tribu Beni Hassan dans la région de Tétouan avait marqué l'histoire du nord du Maroc au 11ème siècle de l'Hégire. Il acquiert une grande notoriété grâce à son vaste savoir dans le fiqh, sa grande piété et sa tendance à mener une humble vie, de même qu'il s'activa à la mobilisation des troupes, sous les ordres du Sultan Moulay Ismaïl, pour reprendre Tanger des mains des Anglais. Sidi Bouarrakia voua ensuite sa vie à prêcher la bonne parole et éclairer sur les préceptes authentiques de l'Islam.