La Méditerranée est un espace commun avec des attentes et des significations différentes, plus positives que négatives, déterminées par des facteurs notamment politiques et culturels, souligne une étude réalisée par un groupe de chercheurs de pays méditerranéens à l'initiative de la Fondation Anna Lindh. Une partie des résultats de cette enquête d'opinion sur les tendances et les interactions culturelles dans l'espace euro-méditerranéen, réalisée auprès d'un échantillon de 13.000 personnes de 13 pays membres de l'Union pour la Méditerranée, dont le Maroc, a fait l'objet, vendredi à Barcelone, d'une session plénière dans le cadre du Forum Anna Lindh 2010 qui connait la participation de près d'un millier d'ONG euro-méditerranéenne. L'une des données significatives révélées par cette enquête est que une personnes sur trois des sondées a affirmé avoir rencontré ou interagit avec un habitant de l'autre rive de la Méditerranée. Le chercheur et universitaire marocain, Mohamed Tozy, membre du groupe d'experts qui ont conçu cette étude et analysé une partie de ses données, a souligné que cette enquête a débouché sur des résultats très importants relatifs notamment aux attentes des citoyens de l'Union pour la Méditerranée, à la signification de cette espace et aux valeurs à transmettre. D'après cette enquête, les personnes du sud de la Méditerranée attendent surtout de pouvoir faire des affaires et circuler facilement, alors que l'enrichissement culturel est le principal souhait des gens du nord du bassin méditerranéen, a-t-il expliqué dans une déclaration à la MAP. "La Méditerranée signifie beaucoup de choses: c'est un espace qui signifie, pour certains, l'hospitalité, un style de vie singulier, un héritage commun et qui signifie, pour d'autres, une réalité conflictuelle", a-t-il ajouté, précisant que les réponses varient selon les parcours de chaque société et son contexte politique notamment.
Concernant les valeurs à transmettre, les personnes sondées appartenant à la rive nord de la Méditerranée ont insisté sur "les valeurs familiales", alors que celles représentant les pays du sud de la Méditerranée ont souligné l'importance de "l'autonomie et de l'indépendance des individus", a poursuivi M. Tozy. Le chercheur marocain a relevé que cette étude a montré l'existence d'un niveau important d'interaction entre les populations du nord et du sud de la Méditerranée, même si les conditions de cette interaction ne sont pas les même de part et d'autre. "Les gens du nord de la Méditerranée interagissent avec ceux du sud essentiellement à travers le tourisme, alors que ceux du sud du pourtour méditerranéen interagissent avec le nord à travers l'immigration", a-t-il précisé. M. Tozy a relevé que cette interaction se fait aussi en l'absence de la possibilité de se déplacer physiquement, et ce à travers Internet, faisant savoir que les Marocains et les Turques viennent en tête des personnes sondées âgées de moins de 30 ans qui interagissent quotidiennement à travers Internet avec des gens de l'Europe. Il a souligné que malgré cette interaction, la connaissance mutuelle reste "limitée", mettant l'accent sur l'importance de l'éducation, des médias et de la volonté politique comme leviers d'action à même d'aider à changer cette situation. Le Forum Anna Lindh 2010 est le plus important rassemblement jusqu'à présent des acteurs de la société civile des pays de l'UPM ayant pour objet la promotion des actions interculturelles à travers la région méditerranéenne et le débat au sujet des actions à même de en favoriser le dialogue, la compréhension mutuelle et la paix. Initié du 4 au 7 mars à Barcelone en partenariat avec l'IEMed, ce forum, auquel prennent part d'éminents spécialistes dans les domaines politique, culturel et économique de l'espace de l'UPM, se penche sur l'examen des moyens de développer la coopération régionale et veut servir d'outil pour influencer la mise en place de politiques consacrées au dialogue interculturel.