Le nouvel album de Touria Hadraoui, qui vient de paraître à Casablanca et dans lequel elle s'associe au musicien et compositeur russe Simon Nabatov, marque une nouvelle expérience dans le parcours de cette chanteuse talentueuse du malhoun, de la musique andalouse et des chants soufis. Par Mostafa Nazih C'est la première fois que cette expérience, d'ailleurs bien réussie, est tentée entre un chanteur marocain et un musicien russe, d'autant qu'il s'agit de musique sacrée. Ce dixième album de Hadraoui, mis sur le marché cette semaine, contient six chansons dans lesquelles elle est accompagnée par Nabatov au piano : "Foutintou" (Insiraf bassit el istihlal), "Lailoun ajib" (Insiraf btaihi ghribat el houssein), "Ya sana" (Chant soufi), "Shamsou el achi" (Insiraf kouddam el maya), "Bouchra lana" (Insiraf btaihi rasd eddail) et "Fatma" (malhoun). Il s'inscrit dans le cadre notamment du "désir de changement de l'accompagnement musical que j'ai déjà entamé, dans une première expérience en 2001, avec le clarinettiste, saxophoniste et compositeur de jazz français, Louis Sclavis", déclare à la MAP Touria Hadraoui, faisant remarquer que "le renouveau de la musique andalouse et du malhoun permet de conquérir d'autres générations et d'autres tranches d'auditeurs et de rallier un public étranger à la cause de ce trésor de la musique marocaine". Hadraoui se remémore aussi, dans le même registre, sa riche collaboration en 2003, dans son album intitulé "Arabesques sur Rythmes africains", avec le groupe guinéen "Bote Percussion", groupe de musiciens et de danseurs fortement enracinés dans les traditions africaines. La chanteuse, qui compte parmi les rares voix féminines du malhoun et de la musique andalouse, souligne que "ce patrimoine a connu, à travers l'histoire, des mutations" et plaide, à ce propos, pour une "innovation permettant d'autres manières d'écoute afin d'éviter la redondance". L'album constitue le fruit d'une collaboration entre Touria Hadraoui et Simon Nabatov qui a commencé par un travail sur des morceaux arabo-andalous, avant d'étendre leur répertoire au malhoun et aux chants soufis. Leur premier concert a été organisé par l'Institut Goethe en février 2007 à Rabat et depuis, les deux artistes continuent à se produire sur la scène internationale. Leur dernière tournée a été en Belgique en mars 2009. Les chansons de son album actuel (4 chants arabo-andalous, un chant malhoun et un chant soufi) sont extraits d'un concert donné au théâtre national de Bordeaux (France) en novembre 2007. Elles reflètent bien l'attachement de Touria Hadraoui à la musique andalouse, au malhoun et aux chants soufis, en tant qu'arts nobles véhiculant une culture sacrée, mais montrent également qu'elle s'attèle toujours avec audace au perfectionnement tout en préservant l'esprit et les valeurs esthétiques de cet héritage culturel et artistique national.