Le journaliste et homme de lettres Abdallah Bensmain vient de signer un nouveau roman, intitulé "Le retour du Muezzin", présenté par l'auteur comme étant une fiction "ni policière ni d'espionnage ou un reportage social sur un pays ou un autre". Cet ouvrage de 200 pages, de format moyen, relate l'histoire "d'un pays lointain, pourtant tout proche du Maghreb où apparemment, un écho, une voix off, une voix anonyme rythme la cadence d'un événement qui n'arrive pas ou bien il est arrivé, mais à notre insu, quelque part dans une ville inconnue". Il s'agit d'"une voix anonyme, informée et au cŒur de l'action, qui révèle, dicte et oriente les décisions prises au plus haut sommet de l'Etat ou en son nom", estime l'auteur. " Face au Muezzin et ses partisans sans noms, l'Etat mobilise et manouvre une armée de Muezzins, sans visages et sans noms", ajoute Abdallah Bensmain. Dans ce pays imaginé, "fait de morceaux de pays reconnaissables, la mission des muezzins est de veiller au bon comportement social, politique et culturel de la population, comme de lui faire parvenir la parole du Guide suprême et supérieur de la Nation pour rendre inaudible celle du Muezzin et de ses partisans", explique l'auteur, comme pour mettre en contexte le lecteur. Dans sa lecture des péripéties et des personnages du roman, Abdelkrim Khatibi souligne, dans le postface, que "il n'y a que des masques: le Muezzin, le président et d'autres figures allégoriques, en plus de la procession de mini-personnages qui défilent, accrochés à leur passion de la non identification". Pour lui, le roman est "assez inclassable et propose plusieurs pistes de lecture et de sous-lecture. Celle, par exemple, d'un récit à la fois linéaire et circulaire, dont on ne décèle pas encore la géométrie imaginaire. Du cercle, on ne voit ni le centre, ni le rayon de sortie vers la lumière, un peu comme si on pénétrait dans un livre-fenêtre où se fixe le regard insistant du narrateur". "Les personnages vont et viennent, ils n'ont pas de visage, même pas de silhouette. Des êtres abstraits en forme de signes, d'allégories", ajoute le critique qui s'intéresse à "la rumeur qui hante cet ouvrage favorisant continuellement des effets de style d'oppression et d'étouffement ". "Lorsqu'on entre dans le labyrinthe, on a l'impression qu'on ne bouge plus, que quelque chose s'est figé comme une idée fixe", constate-t-il. Né en 1948 en Algérie, Abdallah Bensmain n'est pas à son premier essai littéraire. Il a déjà à son actif bon nombre de recueils de la poésie comme "A Terre joie", "La Médiane obscure", "Versets pour un voyageur" et "Maroc en noir et blanc". Il a également signé d'autres essais tels que la "Crise du sujet, crise de l'identité: Une lecture psychanalytique de Rachid Boudjedra", "Enfances maghrébines" et "Symbole et idéologie" (entretiens avec Roland Barthes, Abdallah Laroui, Jean Molino). D'une double formation scientifique et littéraire, Abdallah Bensmain a également exercé en tant que correspondant de presse, chef de rubrique ou rédacteur en chef. Il a donné plusieurs conférences dans des universités marocaines et ses contributions sur les littératures maghrébine et africaine ont été publiées dans des revues universitaires, au Maroc et à l'étranger. Abdallah Bensmain figure dans une "Anthologie de la poésie marocaine" (Jean Déjeux ) et une "Encyclopédie de la poésie algérienne de langue française de 1930 à 2008" (Ali El Hadj Tahar ) ainsi que dans des hommage à Jean Sénac et dans de nombreuses autres sélections de textes d'auteurs maghrébins.