La justice turque a procédé récemment à une soixantaine d'arrestations dans le milieu footballistique en Turquie dans le cadre d'une affaire de corruption et de manipulation de matches sans précédent qui secoue actuellement le football professionnel turc. Par Réda BRAIM Des soupçons de tricherie planent sur 19 matchs de la première division turque de football, lors de la saison 2010-2011, qui aurait été marquée également par plusieurs exactions flagrantes, qui vont de l'exercice illégal de la fonction de manager aux menaces à l'encontre de joueur en passant par des irrégularités financières. Le champion en titre, le club de Fenerbahce, se trouve au coeur de cette tourmente, qui risque de lui coûté son titre, une dégradation en deuxième division et un manque à gagner de 15 millions d'euros pour sa non-participation à la Ligue des champions. La Fédération turque de football, qui pourrait prendre des sanctions immédiates à l'encontre des clubs contrevenants, a jusqu'à vendredi prochain pour communiquer à l'UEFA les noms des clubs qui disputeront les compétitions européennes de la saison prochaine. Les arrestations ont concerné plusieurs joueurs, mais également et pour la première fois dans l'histoire du football turc, des dirigeants de club, dont celui de Fenerbahce, le puissant Aziz Yildirim, accusé d'avoir acheté des matchs pour faciliter à son club la route vers son 18è titre de son histoire. Fondé en 1907, le Club de football de Fenerbahce, quart de finaliste de la Ligue européenne des champions en 2008, domine le championnat turc depuis 20 ans avec les deux autres célèbres clubs d'Istanbul, le Besiktas et le Galatasaray. Le Fenerbahce n'est pas le seul club placé dans le collimateur de la justice turque. Le président du club de Sivassport, les directeurs techniques et sportifs d'Eskisehirspor et le président du club de Besiktas ont également été convoqués au tribunal pour y être entendus dans le cadre de cette affaire, qui met en cause tout le football professionnel turc. Ce dimanche, les télévisions turques font état également de l'arrestation de Sadri Sener, président de Trabzonspor, un autre club important du championnat turc de football, qui a occupé la deuxième place derrière le Fenerbahce lors de la saison 2010-2011. D'aucuns voient dans cette affaire une application de la loi votée en avril dernier et qui permet aux autorités de mettre en examen des personnes soupçonnées de manipulation de matchs de football. En 2010, une vaste opération de lutte contre les matchs truqués et des paris illégaux avait été lancée en Turquie, mais aucun dirigeant d'un tel niveau n'avait été inquiété. Grâce à cette loi, la justice a pu lancer une opération de grande envergure, souligne Cetin Cem Yilmaz, un journaliste au quotidien "Hurriyet Daily News". Cet avis n'est pas partagé par tout le monde, puisque des voix s'élèvent pour crier au complot, estimant que le football en Turquie est tellement politisé que l'arrestation du président de Fenerbahce pourrait être un coup monté qui viserait le club, son président et le Premier ministre turc, Recep Tayyip Erdogan, un grand fan affiché de Fenerbahce.