Le principe de parité prôné dans le projet de nouvelle constitution ne constitue plus un rêve difficile à atteindre et nécessitant un long combat que devraient mener les générations futures, mais ce concept est devenu désormais le défi d'un projet sociétal qui ne peut s'ancrer dans l'avenir sans que ne soit consolidée une égalité complète entre les hommes et les femmes. Par Laila Louadi La raison en est que l'esprit de la nouvelle constitution se projette dans le futur et dessine l'emblème d'un Maroc autre, réconcilié avec son identité plurielle et ouvert sur des valeurs universelles et démocratiques et des droits de l'Homme, en harmonie et en symbiose avec son histoire et ses spécificités. De surcroît, ce projet s'adresse à toutes les catégories de la société, sans exclusivisme aucun, et institutionnalise l'égalité complète dans les droits et les devoirs et la consacre comme une priorité. Il n'y a nulle place au doute que la femme marocaine est sortie gagnante de ce projet de constitution, parce qu'elle est traitée sur un pied d'égalité que l'homme et jouit comme lui des droits et libertés civiques, politiques, économiques, sociales, culturelles et environnementales stipulées dans cette nouvelle constitution, conformément aux règles constitutionnelles et aux constantes du royaume. Le projet de constitution n'a pas omis, en plus, d'insérer en son sein l'idée selon laquelle l'Etat réalise "le principe de la parité entre les hommes et les femmes" et crée à cet effet "une autorité pour la parité et la lutte contre toutes les formes de discrimination". Rêver de cette parité était un slogan que le mouvement féministe scandait parce qu'il estimait que c'est un combat de longue haleine, sans qu'il imagine une seule fois que ce rêve qui était considéré par le passé comme le summum en matière de revendications des femmes, élira domicile aussi promptement dans le projet de la nouvelle constitution. Cependant, le choix porté par cette nouvelle constitution sur le principe de parité ne devrait pas surprendre, vu les acquis obtenus en faveur des femmes marocaines durant cette dernière décennie, qui doivent être indubitablement qualifiés de "contrat" dans le domaine de consolidation des droits des femmes. La parité constitue donc un choix sociétal qui affiche une volonté politique de la plus haute autorité du pays pour lutter contre l'injustice commise à l'égard des femmes et leur accorder tous les moyens, censés leur permettre de consolider la démocratie et de réaliser le développement global irréalisable sans une participation effective et entière des femmes. Une société démocratique et moderniste ne peut être édifiée sans la contribution des femmes à la mise en place des politiques publiques et sans que celles-ci ne jouissent des mêmes droits et obligations. L'édification de cette société requiert le respect de la dignité humaine de la femme et la garantie de son droit à la citoyenneté entière et de ses chances d'occuper les postes de décision. Il est indéniable que l'on ne peut gagner le pari de la parité sans l'adhésion des partis et leur accompagnement complet et inconditionnel. Ceux-ci, au lieu d'être de simples collaborateurs d'encadrement des citoyens aux côtés des collectivités locales, des chambres professionnelles et des syndicats, oeuvrent, en vertu du projet de la nouvelle constitution, "à l'encadrement et à la formation politique des citoyennes et citoyens, à la promotion de leur participation à la vie nationale et à la gestion des affaires publiques". Le mouvement féministe doit aussi gagner le pari en modifiant ses rôles, qui doivent passer du simple plaidoyer à l'adaptation avec les défis qu'impose cette étape historique, et ce à travers un discours qui doit être en phase avec les mutations sociétales. Ses rôles doivent porter aussi sur la qualification des élites de femmes politiques capables d'occuper les postes de décision au sein des partis avant d'accéder à des postes de décision politique. L'horizon de la parité exige également la mise en place de mécanismes et l'élaboration de lois, qui constitueraient une feuille de route, censée préserver cet important acquis à travers des mesures procédurales qui garantiront sa mise en oeuvre effective. L'égalité et la parité ne sont pas de simples slogans, mais sont plutôt des valeurs et principes appris au quotidien. C'est un combat culturel, sociologique et pédagogique qui dure dans le temps et qui nécessite, pour être gagné, beaucoup d'haleine et surtout de croyance et d'adhésion entière.