Coller des étiquettes de jeunes à des artistes qui existent depuis plusieurs années est une manière de les "infantiliser", a estimé Réda Allali, guitariste-vocaliste du groupe Hoba Hoba Spirit. - Propos recueillis par: Ali Hassan Eddehbi - "Nous refusons d'être mis dans le moule de la +Nayda+ ou d'être réduit dans la classification de jeunes musiciens. C'est des appellations de la presse, on en est pas responsables", a-t-il affirmé dans un entretien à la MAP en marge du spectacle des Hoba Hoba dans le cadre de la 10è édition de Mawazine. "Le fait de parler de musique de jeunes, revient à prendre les artistes à la légère. Nous, par exemple, cela fait dix ans qu'on existe", a dit Réda ajoutant que "c'est culturel, cela reflète le mal qu'on a pour gérer les générations". "Quand on dit que c'est jeune, c'est une manière de dire que c'est passager. Une sorte de consensus pour accepter une autre génération sous prétexte qu'avec le temps cela va changer", martèle le porte parole des Hoba Hoba. Pour lui, c'est une façon de dire "C'est des jeunes. Ne les prenez pas au sérieux, ils ne savent encore rien!". "Cela n'existe pas dans d'autres pays. Imaginez un artiste qui a à peine deux singles qui devient une star celui, on ne le traite pas de jeune", a-t-il déploré. "Pourquoi les autres fabriquent des stars et pas nous? Moi cela ne me dérange pas qu'un artiste étranger soit payé plus qu'un marocain. Juste pourquoi un artiste marocain ne peut pas s'exporter, à son tour, à l'étranger", se demande-t-il. "Regardez les artistes libanais par exemple. Ils ont la cote et c'est tout à fait légitime car ils ont une industrie musicale, le Maroc doit avoir une industrie musicale", justifie Réda Allali. "A mon avis pour fabriquer des stars, la télé y est pour beaucoup", estime Réda alors que son collègue Anouar insiste sur d'autres détails comme "la rétribution des artistes pour leur passage dans les médias". "Cela valorise l'artiste. Ce n'est pas encore le cas", martèle Anouar, ajoutant que "les producteurs aussi sont frileux. Ils dépensent avec le risque zéro", a-t-il dit. "C'est de la rente. Il ne cherche pas les musiciens. Vous avez notre exemple, ou encore celui de H-Kayne, on n'a jamais été produits par un marocains", précise Réda Allali. Les Hoba Hoba Spirit ont commencé en 1998. Il compte jusqu'à aujourd'hui cinq albums. Leur marque de fabrique est le mélange subtil des langues, des sons, des sons entre énergie rock et la rythmique marocaine.