Chose promise, chose due: la deuxième édition du festival Awtar "Printemps culturel du Haouz" (6-9 mai à Benguerir) a débuté sur des temps forts promettant de rééditer le franc succès de l'année dernière, et pourquoi pas le surpasser. - ES: Ali Hassan Eddehbi - Sous le signe "Patrimoine vivant et unité culturelle du Maghreb", Awtar, organisé par la Fondation Rehamna pour le développement durable, s'était ouvert jeudi en apothéose avec, en tête d'affiche, un concert du Cheb Khaled, où la fête s'est poursuivie jusqu'à une heure tardive. Le rythme sera maintenu le lendemain avec une soirée "Nayda" animée par les "turbulents", mais tout aussi succulents, Mazagan et Hoba Hoba Spirit. La "Hayha" (fête) était le mot d'ordre du spectacle du vendredi marqué par la présence d'un public hétéroclite, mais unanime quand il s'agit d'apprécier le charme d'un live en plein air. Un festival qui se déroule dans la bonne humeur et dont les organisateurs ont tenu leur promesse de "prêter plus d'écoute aux espaces oubliés qui ont désormais leur mot à dire en matière d'art et de culture". "On est très content d'être venus jouer ici. Car souvent les Hoba Hoba sont croisés à Casablanca ou dans une autre grande ville, alors que la plupart du temps l'on joue pour le public des petites villes, tout aussi réactif que le Rbatis ou Casablancais", confie Réda Allali, vocaliste et guitariste du groupe. L'artiste ne cache pas non plus sa satisfaction de la dynamique actuelle du paysage culturel au Maroc: "Quand nous avions commencé en 1998, les choses étaient totalement différentes !", se rappelle-t-il. Or, le côté fêtard de la manifestation ne l'empêche pas de servir d'un lieu de brassage de cultures. Chants et danses d'Inde côtoient musique soufie et rythmes maghrébins le tout agrémenté d'une dose du meilleur de la tradition marocaine. Une programmation éclectique qui semble avoir les moyens de l'ambition du festival. Celle de "restituer les couleurs et sonorités d'une amazighité et d'une arabité bercées par l'air marin de l'Atlantique et de la Méditerranée, innervée par la spiritualité du Sahara et ouverte aux rythmes de l'Afrique noire".
+Des racines et des ailes
Sans être folklorique ni trop contemporain non plus, Awtar arbore fièrement son étiquette d'être davantage attaché à l'avenir de la culture marocaine qu'à son souvenir tout en faisant de la diversité des expressions culturelles du Maghreb. L'objectif est de "porter haut le drapeau du patrimoine national, à travers la vivacité de ses expressions actuelles", soulignaient d'emblée les organisateurs. C'est ainsi qu'aux côtés de poids lourds du calibre de Khaled ou encore Hajja Hamdaouia, le programme des soirées donne aussi leur chance aux artistes en herbe. Au long de quatre jours, des jeunes stars marocaines, algériennes et tunisiennes se succèderont sur scène et vont reprendre plus d'une cinquantaine des bons vieux tubes du répertoire musical maghrébin. Une programmation qui reflète le positionnement culturel de Awtar qui avait fait de même l'année dernière en rendant un vibrant hommage à la chanson marocaine. Mais au-delà de s'arrêter à l'hommage, les organisateurs tiennent à "démontrer, une fois de plus, que la mémoire musicale maghrébine est commune et que les tubes marocains, algériens, tunisiens libyens et mauritaniens sont appréciés par l'ensemble des peuples de la région". Les maîtres d'hier n'ont-ils d'ailleurs pas puisé dans le foisonnant et commun patrimoine, pour créer une chanson maghrébine moderne ? Eh bien oui, car une bonne musique transgresse la géographie et transcende le temps.