Bereztem, une plante herbacée naguère accréditée de multiples vertus médicinales, est aujourd'hui reconnue comme un "produit très dangereux" par le Centre antipoison du Maroc (CAPM). Les vertus thérapeutiques supposées de cette plante, dont la racine séchée est utilisée comme traitement de certaines maladies au Maroc, notamment dans la région de Fès, ne se fonde sur aucune preuve scientifique, a avertit Dr. Souad Skalli, du CAPM, lors d'un colloque sur "la toxicité des plantes médicinales" organisé, jeudi à Fès par le CHU Hassan II. Considérée, à tort, comme antidote contre certaines intoxications, voir de morsures de serpents, la racine de Bereztem est fréquemment utilisée pour traiter l'une des pathologies les plus dangereuses, à savoir le cancer, ainsi que les maladies de "Boumezwi" (palpitations de l'aorte), de la constipation, des affections intestinales, des maladies cutanées, des blessures. Selon le CAPM, des insuffisances rénales secondaires ont été relevées chez des cancéreux ayant utilisé comme traitement la racine de cette plante, a expliqué Dr. Skalli Pour parer aux dangers de cette plante, elle a recommandé de faire respecter les textes de loi qui interdisent aux herboristes la vente des plantes toxiques, dont en premier lieu Bereztem. Elle a appelé aussi à l'arrêt de l'utilisation de cette plante pour traiter des maladies et à la vigilance en cas d'exploitation d'autres plantes médicinales à des fins thérapeutiques. Bereztem, ou aristolochia longa de son nom scientifique, doit sa toxicité à un acide très concentré au niveau de la racine et que l'Organisation mondiale de la santé considère comme carcinogène, c'est-à-dire capable de provoquer un cancer. Les aristoloches sont des plantes herbacées de la famille des aristolochiacées. Elles contiennent une substance fortement toxique et cancérigène: l'acide aristolochique. Ce genre comprend près de 500 espèces, pour la plupart originaires des régions tropicales et méditerranéennes. Utilisées à fortes doses, certaines plantes médicinales telles la sauge (salmya), l'armoise blanche (chih), ou l'absinthe (chiba) deviennent en effet très toxiques susceptibles de provoquer des troubles variés plus ou moins graves voire mortels. C'est le cas aussi du Papaver somniferum (kharchacha), connu chez les mamans par son pouvoir d'endormir ou de calmer les nourrissons, et qui peut avoir des effets indésirables (dépression respiratoire), a-elle ajouté. D'autres cas d'intoxication par le Penganum Harmala (harmel), l'huile de cade (katrane) et l'euphorbe (Daghmouss) ont été abordés lors de cette rencontre, destinée à attirer l'attention sur la dangerosité de certaines pratiques irrationnelles et l'usage inconsidéré de certaines plantes médicinales sur la santé publique.