Au moment où se bâtissent des blocs régionaux solides, l'Union du Maghreb Arabe (UMA) bute sur plusieurs entraves et reste en-deçà des espoirs d'unité de ses pionniers, à cause de la perpétuelle obstination de l'Algérie qui va à l'encontre de la réalisation de cet édifice. Par Meriem Harrak Il y a 53 ans, lors du congrès historique de Tanger (27-30 avril 1958), les leaders de trois partis maghrébins, l'Istiqlal, le FLN algérien et le parti constitutionnel tunisien, s'étaient mis d'accord sur la création d'une union maghrébine. Une ambition restée comme telle, jusqu'en 1988, lors du sommet de Zeralda en Algérie, où les dirigeants maghrébins ont décidé de créer l'UMA qui sera proclamée le 17 férier 1987 à Marrakech. Mais l'Union sera gelée en 1984. En effet, le traité de Marrakech stipule que les frontières doivent rester ouvertes entre les pays membres pour faciliter la libre circulation des individus et des marchandises et renforcer les liens de fraternité entre les dirigeants et les peuples des pays membres. Or, l'Algérie n'accorde aucun intérêt à ces dispositions et s'obstine à garder fermées ses frontières terrestres avec le Maroc depuis 17 ans, sachant que les autorités algériennes ont, à maintes fois, annoncé le maintien de cette fermeture. Ainsi, lors du 50è anniversaire du congrès de Tanger le SG du FLN Abdelaziz Belkhadem avait déclaré: "demander à l'Algérie de prendre une telle position signifie un dénigrement des valeurs dont elle s'est toujours abreuvée". "L'objectif urgent de la conférence de Tanger a été atteint”, a ajouté Belkhadem, soulignant que "le peuple algérien restera reconnaissant aux peuples maghrébins pour leur soutien inconditionnel et indéfectible à sa lutte pour la liberté”. Cependant, dans la déclaration conjointe ayant sanctionné la réunion des responsables de partis maghrébins, lors du 50è anniversaire du congrès de Tanger, ceux-ci appellent à poursuivre l'édification maghrébine en transcendant toutes les divergences. En dépit de cette déclaration, l'Algérie continue de voir la normalisation de ses relations avec le Maroc sous l'angle de sa propre approche de la question du Sahara, fondée sur l'émiettement du Maroc et la création d'un Etat minuscule inféodé à la solde d'Alger. Si les peuples maghrébins ont attendu l'UMA de 1958 jusqu'à 1989, il reste aujourd'hui que cette Union est gelée depuis plus de 17 ans faisant que les réunions ministérielles restent sans effet, tant que les frontières sont fermées entre le Maroc et l'Algérie. Le rêve de l'UMA reste, lui, encore loin de se réaliser.