Après la dernière déconvenue électorale des Démocrates dans l'Etat du Massachussetts, qui leur a couté leur super-majorité au Sénat, le Président américain, Barack Obama entend recentrer sa politique sur l'emploi et l'économie, dans l'espoir de reconquérir le soutien de citoyens de plus en plus désenchantés. Par Souad Adlani En réaction à ce revers politique et aux résultats des sondages qui donnent aux Républicains une avance sur leurs rivaux démocrates, pénalisés par une reprise économique laborieuse et un taux de chômage record, la Maison Blanche a promis le week-end dernier de "cibler de manière plus précise l'emploi et l'économie". "Nous devons relancer l'économie et l'emploi en vue de permettre aux Américains qui travaillent dur d'aller de l'avant", a affirmé David Axelrod, conseiller principal d'Obama, estimant que c'est le message que laissent entendre les personnes réticentes aux politiques démocrates. D'ailleurs, ne s'empêche-t-il de souligner, l'emploi et l'économie devront occuper le haut du pavé dans le très attendu discours sur l'Etat de l'Union du président américain. Le locataire de la Maison Blanche doit annoncer, en effet, une batterie d'initiatives destinées à soutenir la classe moyenne. L'accent sera particulièrement mis sur ce qu'un conseiller de la Maison Blanche appelle la "génération du sandwich", une expression désignant les personnes prises en sandwich entre les besoins de leurs parents vieillissants et ceux de leurs enfants. Le chef de l'exécutif américain compte ainsi souligner qu'il partage les préoccupations économiques des citoyens américains ordinaires. D'après plusieurs experts, les électeurs indépendants, qui ont largement contribué à la victoire d'Obama contre son adversaire John McCain lors des dernières présidentielles, pourraient changer de camp, en soutenant massivement les Républicains lors des élections de mi-mandat, prévues en novembre prochain. Le dernier sondage Gallup à ce sujet révèle que les Républicains gagnent du terrain dans la course vers ce scrutin du mid-term. Ainsi, 48 pc des électeurs inscrits affichent une préférence pour le candidat du Grand Old Party (GOP), alors que 44 pc affirment qu'ils soutiendraient le candidat du Parti Démocrate. En novembre prochain, 435 sièges à la Chambre des représentants et plus d'un tiers des sièges du Sénat seront renouvelés dans le cadre de ce scrutin. Les Américains devront également élire plus de deux-tiers des gouverneurs. Les dernières élections locales, notamment dans les Etats de Virginie et du New Jersey, confortent également la tendance favorable au GOP, puisqu'elles étaient sanctionnées par la victoire des candidats de ce parti. Les électeurs avaient alors souligné que l'emploi était à la tête de leurs préoccupations.
La tentative de Barack Obama de recentrer sa politique sur l'emploi procède davantage d'une urgence politique, notamment après l'annonce la semaine dernière que l'économie avait détruit quelque 85.000 postes d'emploi rien qu'en décembre dernier. Les pertes d'emplois se poursuivent encore en janvier courant, contrairement aux projections des économistes. Le week-end dernier, le géant de distribution américain Wall Mart a ouvert le bal des suppressions au titre de l'année 2010, en annonçant la destruction de plus de 11.000 postes, soit environ 10 pc de son effectif. Les chiffres pour le mois de décembre sur l'emploi "rappellent que le chemin de la reprise est sinueux et que nous devons continuer à travailler d'arrache-pied pour remettre notre économie sur la voie du développement", a concédé le président américain. "Pour la plupart des Américains et pour moi, cela signifie la création d'emplois", a-t-il affirmé. De leur coté, les Républicains sont montés au créneau, trouvant dans ces résultats mitigés une aubaine pour critiquer les efforts déployés par Obama, en vue de revigorer une économie qui bat de l'aile. "Il est temps pour le président Obama de faire ce qu'il aurait dû entreprendre au cours de l'année écoulée: porter une pleine attention à la relance de notre économie", a martelé le président du Comité national républicain, Michael Steele. Vendredi dernier, des économistes de la Maison Blanche ont concédé que l'écart que Barack Obama cherche à combler est abyssal. Sept millions d'emplois ont été perdus depuis le début de la Grande récession en 2007. Le taux de chômage national se chiffre à 10 pc, soit la pire performance depuis 26 ans. Pour les Démocrates eux mêmes, qui sont à dix mois des élections de mi-mandat, le dernier rapport sur l'emploi n'augure rien de bon. L'économie, qui avait porté leur candidat à la présidence semble se retourner contre eux et hypothéquer leur agenda actuel, de même que leurs chances pour le prochain scrutin.