La victoire que vient de remporter le parti républicain, lors de l'élection partielle de l'Etat de Massachussetts (nord-est) pour pourvoir le siège laissé vacant par le sénateur Edward Kennedy, décédé le 25 août dernier, a assombri le ciel de la réforme du système de santé américain, si chère au président Démocrate, Barack Obama. Par Nadia El Hachimi En effet, la défaite de Martha Coakley, candidate jugée pourtant invincible par le camp démocrate, en faveur du Républicain Scott Brown, avec cinq point d'écart (52 contre 47 pc des voix) après une course effrénée marquée par un passage éclair d'Obama à Boston - capitale de cet Etat considéré comme bastion Démocrate depuis 1962- pour soutenir sa candidate, a fait perdre au camp Obama une précieuse majorité qualifiée au Sénat. Une déconvenue qui pourra peser de tout son poids dans le processus d'adoption de cette réforme. Cette élection fait évidemment valeur d'avertissement au Parti Démocrate à moins de dix mois des élections de mi-mandat, qui pourraient bien déboucher sur un rééquilibrage des forces politiques aux Etats-Unis, mais complique également la donne majoritaire au Sénat en faisant perdre aux démocrates le seuil stratégique des 60 voix à la Chambre haute du Congrès. + Une petite revanche pour les Républicains+ La victoire des Républicains lors de ces élections, leur offre ainsi une occasion inestimable pour s'adonner allègrement aux pratiques de blocage parlementaire (filibustering), dans l'espoir d'enterrer, une bonne fois pour toutes, le projet de la réforme santé et compromettre d'autres réformes à avenir. Cette victoire, qualifiée de "Tsunami politique" par le politologue Clark Ervin de l'institut Aspen à Washington, constitue également une petite revanche pour le camp du Grand Old Party (GOP), qui avait échoué à deux reprises à bloquer ce projet de réforme: une première fois en novembre au niveau de la chambre des Représentants et une deuxième fois en décembre au niveau du Sénat. Avec le Républicain Brown au Sénat, le Parti de l'éléphant, viscéralement opposé à cette réforme, pourra jouir d'un sérieux droit de regard sur ce projet, censé fournir une couverture maladie à quelques 31 millions d'Américains, et sera donc dans une position confortable pour infliger un camouflet de taille à ce projet qui figure en tête des priorités du président Obama. Ce projet de réforme santé, à peine adopté par le Sénat après des semaines de tractations et de compromis laborieux, devra passer au niveau d'une commission de conciliation chargée d'harmoniser les deux versions du texte adoptées par les deux chambres du Congrès, avant de repasser devant les sénateurs Démocrates mais surtout Républicains qui rêvent depuis plusieurs mois de faire de ce projet de réforme "le waterloo d'Obama".
+Majorité affaiblie au Sénat, mais espoir de mise pour les Démocrates+ L'investiture, prévue dans dix jours, du républicain Scott Brown au Sénat est certes un moment difficile pour le camp des démocrates, qui souffre actuellement d'un effritement de son noyau électoral comme l'avait démontré sa défaite aux élections locales du 4 novembre dernier en Virginie et New York, mais n'annihile pas complètement ses chances de faire passer cette réforme. A ce stade, quatre options s'offrent aux Démocrates, à savoir l'adoption dans les dix jours de cette réforme ayant pour finalité d'offrir une assurance maladie abordable et de qualité aux Américains, ou encore le recours à une manoeuvre politique connue sous le nom de "loi de réconciliation budgétaire" pour faire adopter cette réforme avec une majorité simple au niveau du Sénat (51 voix) tout en contournant les tentatives républicaines de "flibuster". La troisième option, qui relève expressément du président Obama, serait de convaincre sa courte majorité démocrate à la Chambre des Représentants d'adopter, tel quel, le projet déjà voté par le Sénat avec la promesse d'y apporter plus tard des changements, ce qui mettrait un terme à la procédure parlementaire et lui permettrait de signer ce texte historique au grand dam des Républicains. La dernière mesure, la plus risquée, serait de remettre le projet de réforme de santé tel qu'imaginé par Obama aux oubliettes et se mettre en quête d'un compromis, plus modeste, portant l'estampille bipartisane.