"Aujourd'hui, c'est aussi en arabe que s'écrivent et s'imposent les mots de démocratie, de justice et de dignité ", a déclaré M. André Azoulay, Conseiller de SM le Roi et président de la Fondation Anna Lindh, en ouverture de la première édition de l'Arab West Media Dialogue Forum, mercredi au Caire. S'exprimant aux côtés d'Amr Moussa, secrétaire général de la Ligue arabe au siège de l'organisation panarabe à quelques centaines de mètres de la place Tahrir, M. Azoulay a rappelé que la Fondation Anna Lindh avait fait le choix de mettre "le dialogue des cultures au service de la pédagogie de politique pour résister aux vestiges de la stigmatisation et aux dérives de répression idéologiques et philosophique qui fragilisent aujourd'hui bon nombre de sociétés occidentales". Mettant en relief la modernité et l'universalité des valeurs qui "sont la clé de voûte du renouveau politique, social et culturel qui se met en place dans le Monde arabe", le président de la Fondation Anna Lindh a estimé que désormais, "c'est l'histoire qui sonne aux portes des Arabes et des Occidentaux pour une remise à niveau profonde de leurs relations ". C'est dans cette perspective de la remise à niveau et du changement que M. Azoulay a qualifié d'"historique et de décisive" la réforme constitutionnelle lancée par le Souverain, le 9 mars dernier. En conclusion, M. Azoulay a cité le grand mufti d'Egypte, M. Ali Gomaa qui dans une déclaration publiée le week-end dernier par le "New York times" souligne que la centralité de l'Islam dans la démocratie égyptienne était aussi celle d'un pilier pour la liberté et la tolérance loin de toute forme d'exclusion, de haine ou de violence. De son côté, le secrétaire général de la Ligue arabe a relevé que la région traverse une période de "grands changements" tournés vers la construction de l'Etat et l'ancrage de la démocratie, des droits de l'Homme, de la bonne gouvernance et de la justice sociale, notant que la liberté de la presse a contribué à ces mutations, tout comme la circulation des données et la révolution technologie que représente l'Internet. L'émergence d'une nouvelle génération a démontré les limites des médias "traditionnels" qui ont été supplantés par la toile et son monde virtuel, a-t-il dit, posant la question de l'intersection entre l'ancien et le nouveau mode d'expression médiatique au sein des transformations que connaît le monde arabe. Pour le secrétaire général, le volet des médias est l'aspect "le plus important et le plus épineux" dans le rapport entre l'Occident et le reste du monde, en ce sens que l'image véhiculée impacte grandement l'opinion publique internationale concernant les événements dans la région arabe et le raffermissement des liens entre les différentes collectivités. Tout en se félicitant du rôle joué par M. André Azoulay à la tête de la Fondation Anna Lindh en vue de jeter des passerelles entre les cultures et les sociétés arabes et occidentales, M. Moussa a lancé un appel pour de nouveaux objectifs du Millénaire se rapportant au dialogue et à la diversité. Cette proposition, promue par le Haut représentant de l'ONU pour l'Alliance des civilisations, Jorge Sampaio, mérite d'être soutenue car elle met l'accent sur la dimension humaine, longtemps négligée dans le système des relations internationales, a-t-il soutenu. Pour sa part, la ministre suédoise du développement et de la coopération internationale, Mme Gunilla Carlsson, a souligné l'importance de renforcer le dialogue entre le monde arabe et l'Occident en vue de favoriser la démocratie et consacrer les droits de l'Homme, mettant en évidence le rôle des médias dans la promotion des échanges entre les peuples. Après avoir plaidé pour l'utilisation des nouvelles technologies, notamment l'Internet dont le nombre d'usagers a doublé ces dernières années sur le plan mondial, elle a critiqué les restrictions à l'utilisation de ce moyen de communication au moment des révolutions dans certains pays arabes. Elle a aussi relevé la nécessité de soutenir le dialogue des civilisations et de mobiliser les médias dans le but de dissiper les tensions culturelles. M. Sampaio s'est, quant à lui, félicité du grand impact du "printemps arabe" sur les idées et les visions qu'on entretenait sur la région, soulignant que l'altérite est la voie recommandée pour une meilleure compréhension entre les peuples. Il a appelé à la mise en place d'une nouvelle feuille de route pour les relations entre Arabes et Européens à la lumière des mutations sociales que connaît la région et à la faveur de l'action de la société civile et des médias, mettant en relief les valeurs universelles que partagent les peuples du pourtour méditerranéen. Tenu sous le thème "Nouvelle ère des relations arabo-occidentales", l'Arab West Media Dialogue Forum" est organisé en partenariat entre la Ligue arabe, la Fondation Anna Lindh pour le dialogue entre les cultures, la fondation Media Tenor, l'institut suédois en Alexandrie et l'Alliance des civilisations de l'ONU. La conférence a enregistré la participation de professionnels des médias, de décideurs et d'académiciens arabes, européens et nord-américains qui se sont penchés sur les transformations en cours dans la région et leurs répercussions sur les relations culturelles intra et inter-sociétés.