Les visiteurs de la célèbre allée des musées Smithsonian de Washington ont été conviés, jeudi soir, à un voyage initiatique au coeur de la musique arabo-andalouse avec la projection de "Nouba d'or et de lumière", une oeuvre de la réalisatrice marocaine Izza Génini. Cette projection a permis aux aficionados mais également aux néophytes de sonder l'histoire d'un genre musical qui a germé dans les cours des califes andalous, s'est fortifié dans l'Andalousie médiévale avant de s'épanouir au Maroc sous le nom d'Al-Ala. Ce fut également un moment de découverte pour bon nombre de représentants de la communauté marocaine et de cinéphiles de toutes nationalités, venus nombreux pour savourer avec délectation les oeuvres savamment présentées par Génini et l'accompagner dans son retour aux sources.
+ Le Maroc revisité par Génini+ Dans "Nouba d'or et de lumière" (2007), Génini entreprend une exploration cinématographique des aspects culturels de la vie au Maroc et redessine, à coups d'images et de poésie laudative, ce pays riche par sa musique et fort par sa tolérance. "J'ai eu cette chance d'effectuer ce retour au Maroc, ce qui m'a permis de prendre la dimension de tout ce patrimoine et de toute cette culture qui m'ont bercés dans ma jeunesse", a affirmé cette réalisatrice lors d'un entretien accordé à la MAP. Izza, qui a quitté le Maroc à l'âge de 17 ans pour la ville des lumières, s'est dite fière de ses origines, notant au passage que son retour aux sources lui a apporté "une force et une paix intérieure". "En revisitant le Maroc j'ai redécouvert un patrimoine formidablement vivant", a-t-elle affirmé, relevant que son film, le dernier d'une série de onze oeuvres baptisées "Maroc: Corps et Ame", est à la fois "un travail de mémoire personnel" et "un effort patrimonial par voie de conséquence". La réalisatrice marocaine a d'ailleurs confié qu'après avoir réalisé ce projet si cher à ses yeux, il est temps pour elle de "se lancer dans une nouvelle aventure de longue haleine".
+ Plus qu'un film, une mémoire + Cette oeuvre "m'a permis de partager mon amour pour ces musiques traditionnelles, mystiques ou spirituelles qui tiennent une large part dans la culture marocaine", ajoute Izza qui a tourné plusieurs documentaires sur le patrimoine musical marocain, dont Concerto pour 13 voix (1995), Tambour Battant (1999) et Cyberstories (2001). Génini a su balayer les préjugés en documentant un genre musical parfois considéré à tort comme figé pour le restaurer dans sa contemporanéité et son ancrage culturel et populaire. Le film, très applaudi lors de cette projection organisée en collaboration avec l'Ambassade du Maroc à Washington, offre un ballet de poésie, de musique et de chants où s'entremêlent mémoire populaire du Maroc et cette lointaine Andalousie, terre d'adoption de Ziryab et d'autres compositeurs de génie qui ont donné vie à la musique arabo-andalouse dont la Nouba serait la symphonie. Avec les plus éminents orchestres d'"Al-Ala" marocaine, accompagnés de solistes virtuoses, le film, reflète en cinq mouvements, comment la "Nouba" continue à élargir le cercle de ses amateurs toutes générations, classes et religions confondues. Née à Casablanca, Izza Génini a émigré en France en 1960 où elle a suivi des études de lettres et de langues étrangères à la Sorbonne et à l'Ecole des Langues Orientales, avant de se consacrer entre 1966 à 1970 aux relations extérieures des Festivals de Tours et d'Annecy. En 1987, Génini devint la première documentariste du Maroc à tourner plusieurs documentaires sur le Maroc. Elle publia en 2001 un livre sous le titre "Maroc, royaume des milles et une fêtes" (2001).