La défense britannique devra faire face à une ère d'austérité prolongée, estime le think-tank londonien du Royal United Services Institute (RUSI). Les budgets de défense pour 2009-10 et 2010-11 ont déjà été élaborés, mais risquent de faire l'objet de modifications substantielles après les élections législatives, prévues au printemps prochain, indique l'institut des études stratégiques et militaires dans un rapport qui vient d'être publié à Londres. Les deux principales formations britanniques, le parti travailliste et le parti conservateur, ont annoncé leur intention d'introduire, en cas de victoire dans ce scrutin, d'importantes réductions des dépenses dans une tentative de réduire un déficit budgétaire, qui a atteint 187 milliards de livres Sterling, selon les dernières estimations. D'après RUSI, si le budget du ministère britannique de la Défense (MoD) a baissé conformément aux mesures proposées dans ce cadre pour les autres départements, les dépenses britanniques totales en matière de défense devront chuter de près de 6,8 pc en termes réels entre 2010-11 et 2013-14, avant d'atteindre 11 pc en 2016-17. Le think-tank relève qu'une large révision des engagements militaires du Royaume-Uni, attendue après les prochaines élections, se fera loin de celle menée en 1997-98 par le parti travailliste suite à son arrivée au pouvoir. La mise en oeuvre de cette stratégie a coïncidé avec les années fastes de l'économie britanniques, marquée par une importante hausse des revenus fiscaux. Cette stratégie, souligne l'institut, s'est traduite par une réorientation de la politique britannique vers une approche plus globaliste dans le cadre de laquelle les troupes britanniques ont été impliquées dans de grandes opérations sans précédent depuis les années 50. Ces interventions ont été soutenues par une augmentation conséquente des dépenses militaires depuis le début des années 1980. Cependant, la révision attendue interviendra au moment où le Royaume-Uni souffre des chocs nés de la crise financière de 2008, observe l'institut, relevant que les dernières estimations suggèrent que ce pays se dirige vers un déficit budgétaire représentant 14 pc du Produit Intérieur Brut (PIB), soit le niveau le plus élevé dans tous les pays de l'OCDE. Même en cas de reprise économique plus rapide, une période d'austérité prolongée parait inévitable, avertit le think-tank, qui fait état d'un consensus au sein de la communauté politique britannique que la stratégie de défense a fait l'objet de sévères pressions durant la dernière décennie, lesquelles pressions qui ont atteint un niveau jamais égalé depuis "l'aventure du Suez" en 1956. Ces pressions ont été accentuées, selon RUSI, par les controverses entourant les guerres en Irak et en Afghanistan. Si la classe politique britannique s'accorde sur la nécessité d'honorer les engagements en Afghanistan, l'élite du pays penche désormais vers un éloignement du l'interventionnisme couteux sous la conduite de l'ancien Premier ministre Tony Blair durant la dernière décennie, indique la source. Si la prochaine révision de la politique de défense décide que le Royaume-Uni doit se concentrer sur le renforcement de son avantage comparatif en matière stabilisation des zones de conflits, ceci se fera aux dépends de l'avis soutenant l'investissement dans l'armement pour maintenir les armées britanniques dans une position lui permettant de s'associer à d'importantes opérations comme conflits de l'Irak et de l'Afghanistan, indique le rapport, avant de conclure que les décideurs militaires britanniques sont confrontés à un choix stratégique, le plus important durant les 50 dernières années.