Le Premier ministre tunisien nouvellement désigné, Béji Caid Essebsi, devrait annoncer vendredi, lors d'une conférence de presse à Tunis, la composition du gouvernement transitoire dont les missions ont été définies par le Président tunisien par intérim, Foued Mebazaa. Par MAP-Tunis Selon des sources concordantes, la majorité des membres de ce futur cabinet, le troisième depuis le départ de l'ex-président Zine El Abidine Benali, seront des personnalités indépendantes. Jeudi soir, M. Mebazaa avait annoncé l'amorce d'une nouvelle phase fondée sur l'exercice par le peuple de sa pleine et entière souveraineté, dans le cadre d'un nouveau régime politique qui rompt, définitivement et de manière irréversible, avec le régime déchu. "Afin de préserver la continuité et la pérennité de l'Etat et par fidélité à la mémoire des martyrs et à l'effet de concrétiser les principes de la révolution" et conformément aux dispositions de l'article 57 de la Constitution, M. Mebazaa a affirmé son engagement à poursuivre sa mission, après le délai du 15 mars 2011, jusqu'au déroulement des élections. Dimanche dernier, il avait chargé M. Caïd Essebsi de former un nouveau gouvernement transitoire, après la démission, sous la pression de la rue, du Premier ministre sortant, Mohamed Ghannouchi. Les manifestants avaient toujours réclamé son départ et la formation d'un gouvernement de technocrates, neutres sans lien avec l'ancien régime. Agé de 85 ans, Béji Caid Essebsi a occupé plusieurs portefeuilles ministériels entre 1963 et 1991, dont celui de la Défense, des Affaires étrangères et de l'Intérieur. M. Mebazaa a, également, annoncé l'adoption d'une organisation provisoire des pouvoirs publics, composée du président de la République par intérim et d'un gouvernement transitoire, sous la présidence de M. Béji Caid Essebsi et qui prendra fin, le jour où l'Assemblée nationale constituante entamera ses travaux, après son élection libre, pluraliste et transparente le 24 juillet prochain. Dans le but d'élire cette Assemblée démocratiquement et conformément aux principes de la révolution, un système électoral spécial sera mis en place, a-t-il indiqué, relevant que "la commission pour la réalisation des objectifs de la révolution, de la réforme politique et de la transition démocratique" se penche sur l'élaboration d'un projet de texte légal, qui fera l'objet de consultations au sein du conseil de la commission. Dès cette annonce, plusieurs acteurs du monde politique et syndical et des représentants de la société civile ont exprimé leur satisfaction et la levée du sit-in qu'ils tenaient jusque-là devant le siège du gouvernement à la Place Kasbah. "Place au travail et à l'arrêt des sit-in, y compris à la Kasbah", avait réagi Ali Ben Romdhane, le secrétaire général adjoint de l'Union générale des travailleurs tunisiens. De son côté, le chef du Parti communiste ouvrier tunisien, Hamma Hammami, a estimé que l'élection d'une Assemblée nationale constituante sera "une victoire du peuple et de la révolution". Cette nouvelle étape que traverse la Tunisie nécessite de faire preuve du même esprit de responsabilité et de renoncer "aux revendications personnelles et partiales, pour barrer la route aux poches de régression, préserver la volonté du peuple à décider de son destin et choisir le régime politique qui lui sied, notamment, en cette conjoncture très difficile à cause des événements en Libye", a fait observer M. Mebazaa.