Le soufisme se base sur le principe fondamental de la complémentarité entre savoirs et actions, ont souligné les participants à la 5-ème rencontre mondiale du soufisme, dont les travaux se sont ouverts, lundi soir à Madagh (dans la province de Berkane). Le soufisme étudie à la fois les fondements des valeurs éthiques humaines et leur mise en œuvre, ont-ils indiqué lors de la séance inaugurale de cette rencontre, initiée par la Tariqa Qadiriya Boutchichiya sous le thème "les aspects éthiques du soufisme : pour une civilisation de valeurs". Notant que nombreux observateurs à travers le monde parlent d'une crise mondiale des valeurs, ils ont précisé que le soufisme est une science de l'éducation, qui oriente vers les finalités profondes des règles éthiques. "Le soufisme constitue par excellence une forme d'éducation préventive pour la communauté et contribue à la bonne réussite d'initiatives et à la construction de grands projets humains", ont-ils ajouté, estimant que les enseignements du soufisme nécessitent d'être développés dans le cadre de programmes éducatifs et scientifiques mis à la disposition des sociétés. Intervenant à cette occasion, le directeur du forum, M. Mounir Kadiri Boutchich, a souligné le rôle essentiel du soufisme dans le processus d'humanisation de la société, mettant l'accent sur la dimension spirituelle de l'Islam et sur l'apport des valeurs spirituelles dans l'édification de sociétés équilibrées, solidaires et responsables. "La propagation de la culture de la consommation à outrance et la quête féroce de richesses, sans se soucier des conséquences engendrées sur l'Homme et sur son environnement, ont renforcé les tendances individualistes, égocentriques, et la prédominance de sentiments d'instabilité et d'inquiétude, d'états dépressifs et une nette dégradation de la nature", a-t-il relevé. Il a précisé, dans ce sens, que l'éducation soufie oriente le comportement de l'Homme vers une attitude plus juste envers lui-même, envers autrui et à l'égard de son environnement. Et de poursuivre que le Maroc, fort de son attachement à ses traditions et de son ouverture sur les autres civilisations, est capable de jouer un rôle important sur la scène internationale, pour expliquer et véhiculer le message et la réalité authentiques de l'Islam, qui prône les valeurs de la tolérance et de la paix, et pour réussir le dialogue des civilisations. Selon M. Boutchich, cette rencontre scientifique, à laquelle participe une pléiade d'universitaires et de chercheurs marocains et étrangers, ambitionne de favoriser le dialogue interculturel et interreligieux à travers des débats fructueux, argumentés et passionnés. De son côté, M. Daniel Roussange, de l'université de Cergy-Pontoise (France), a souligné que les civilisations orientales reposent sur un principe d'unité et un certain nombre de principes universels desquels découlent d'ailleurs l'ensemble des sciences, des connaissances et des valeurs morales. Rappelant les conséquences de la globalisation, notamment la confrontation entre les civilisations, il a indiqué que les valeurs occidentales, souvent dépossédées de leur substance, "ont besoin d'un souffle et d'une vie pour qu'elles recouvrent un sens plus profond et s'élèvent vers plus de spiritualité". "L'éthique dans le Coran et la Sunna", " les expériences soufies passées et présentes de réformes éthiques au Maroc", "le soufisme face au problème de notre siècle : entre action et inaction", "les valeurs soufies et la bonne gouvernance", "le dialogue soufi : vers un modèle d'ouverture aux autres civilisations" et "la contribution de l'éducation soufie au développement humain", sont les principaux axes de cette rencontre. Ce Forum a été marqué aussi par la projection d'un film documentaire, traitant de la protection de la terre et de l'environnement et une exposition pour la sensibilisation à l'importance de la préservation de l'eau.