Les confréries soufies ou les zaouia ont toujours fait partie du paysage religieux du Maroc et sont porteuses d'un projet à la fois spirituel et social, ont indiqué jeudi soir à Madagh (province de Berkane), les participants à la quatrième rencontre mondiale du soufisme. Par Azeddine Lqadey La dimension spirituelle de ce projet réside dans "la préservation de l'identité religieuse qui assure la paix intérieure et les qualités nobles du bon comportement, de tolérance, d'amour et de respect d'autrui", ont-ils expliqué lors de la séance inaugurale de ce forum, qui se tient du 25 au 27 février dans l'enceinte de la zaouia kadiria boudchichia sous le thème "Soufisme et société: réalité et perspectives". Quand à sa dimension sociale, la zaouia a toujours propagé les valeurs de solidarité, d'entraide et de médiation, ont-ils ajouté, notant que le modèle pédagogique de la zaouia est basé, entre autres, sur la générosité, le bénévolat et l'altruisme qui sont des principes fondamentaux pour renforcer la cohésion sociale et promouvoir une citoyenneté active. Cette rencontre qui réunit des universitaires et des chercheurs de différentes spécialités a pour objectif de "mettre la lumière sur le rapport entre le soufisme et la société", a fait remarquer le directeur du forum, M. Mounir Kadiri Boudchich, estimant que cette relation a "longtemps participé à la dynamique et au progrès des civilisations islamiques. Pour cet universitaire, le soufisme est devenu "une référence spirituelle pour le Maroc et les Marocains" et la présence du soufisme dans la société marocaine a permis "d'enrichir son patrimoine spirituel et culturel par les différentes expériences religieuses et éducatives de ses maîtres". Mettant l'action sur l'apport scientifique et culturel du soufisme, M. Mounir Kadiri a fait remarquer que le soufisme a joué un rôle prépondérant dans l'enracinement de l'éducation spirituelle, la diffusion des valeurs traditionnelles et universelles de l'Islam, et le rayonnement culturel de la société marocaine à travers ses différentes activités, à savoir la recherche, l'édition et la formation. Evoquant les idéologies utopiques et les discours qui ont échoué dans leur projet de réforme des sociétés, il a estimé que la méthode soufie "se présente aujourd'hui comme une alternative d'autant plus qu'elle s'intègre parfaitement au travail en profondeur que plusieurs composantes de la société civile tentent de mettre en œuvre pour faire face à l'hégémonie de l'esprit de consommation qui menace la cohésion sociale". Les autres intervenants ont souligné que les valeurs spirituelles constituent les fondements nécessaires pour bâtir des sociétés équilibrées, solidaires et responsables, relevant que la promotion des valeurs de citoyenneté et de solidarité, la protection de l'environnement et la recherche constante de l'intérêt général sont les dénominateurs communs entre les voies soufies et l'ensemble des institutions et organisations de la société civile. Les exposés présentés lors de la première journée de cette rencontre, organisée à l'occasion de la commémoration de l'Aïd Al Mawlid Annabaoui par la Tariqa kadiria Boudchichia, ont porté notamment sur "le soufisme et la société civile", "l'expérience soufie et l'émergence d'une nouvelle culture de l'éducation", "le rôle des soufis dans la gestion de certains conflits historiques" et "le soufisme et la société: identité, communication et ouverture". Outre l'enracinement de l'éducation spirituelle pour recouvrer la place du soufisme dans la société marocaine et à l'échelon mondial, cette rencontre doit promouvoir le dialogue des cultures, à travers un discours soufi mieux adapté à l'époque contemporaine.