Après trois décennies d'oubli et de marginalisation, les survivants et les familles des victimes espagnoles des attentats perpétrés par le +front polisario+ se sont organisées et exigent du gouvernement de Madrid "réparation matérielle et d'êtres reconnues comme victimes du terrorisme", écrit lundi le journal électronique espagnol "El confidencial.com". "Des dizaines d'Espagnols, quelque 300 selon l'association canarienne des victimes du terrorisme (ACAVITE), ont été assassinés, blessés ou enlevés dans les années 1970-1980 par des membres du Front Polisario", relève le journal en précisant que "la majorité était des canariens qui pêchaient face aux côtes du Sahara ou des employés des mines de Phosboucraa, mais aussi des Galiciens, des Basques et des Andalous". "Maintenant, les survivants et les familles des victimes exigent une réparation matérielle et d'être reconnus par le gouvernement de leur pays comme des victimes du terrorisme" à l'instar des victimes des attentats terroristes du 11 mars 2004 ou encore de l'attentat de la T-4 à l'aéroport de Barajas, revendiqué par l'organisation séparatiste ETA, relève la même source. "Jusqu'à présent, le bureau de soutien des victimes du Terrorisme, relevant du ministère Espagnol de l'Intérieur, a reconnu que 90 travailleurs canariens ont été mêlés dans des actions armées menées par le front Polisario au Sahara entre 1975 et 1986. Pourtant, la majorité des victimes, quelque 300, selon la présidente de l'ACAVITE, la journaliste canarienne, Lucia Jiménez, attendent toujours une réparation". "Notre grand espoir est que la Loi générale sur les victimes du terrorisme, qui a atterri maintenant au Congrès des députés (Chambre basse du Parlement), puisse permettre d'assimiler les victimes du Polisario à celles des attentats du 11 mars 2004 et de celui de Barajas", affirme la présidente de l'ACAVITE citée par le journal. "Durant les 35 dernières années, une propagande romantique a été construite autour du Front polisario, une propagande qui n'est pas du tout réelle ", a regretté Lucia Jimenez, dont le père a été grièvement blessé dans un attentat perpétré en 1976 par le "Polisario" contre le complexe minier de Phosboucraa. La présidente de l'ACAVITE ne dissimule pas sa colère et accuse "tous les gouvernements de la démocratie espagnole d'avoir pratiqué un +négationnisme systématique+ des attentats perpétrés contre des citoyens espagnols par le Polisario durant les affrontements armés contre la Mauritanie en premier puis contre le Maroc". "Les victimes du terrorisme du +Polisario+ ont été, durant des décennies, maintenues dans l'ostracisme. Elles étaient oubliées socialement et administrativement", a-t-elle encore dénoncé, regrettant " la double morale qu'ont toujours pratiquée le PSOE et le PP". Créée en 2006, l'ACAVITE oeuvre pour obtenir justice et réparation pour les familles des victimes espagnoles tuées dans les années 70 et le début des années 80 par des éléments armés du +polisario+. L'ONG, basée aux îles Canaries, lutte également pour obtenir auprès de l´Etat espagnol et des organisations internationales et nationales une reconnaissance officielle de ces crimes, l'indemnisation des victimes et ayants droit et la réparation des dommages pour en finir avec l´oubli et la marginalisation subis par les survivants et les familles des victimes depuis plus de 35 ans. Elle réclame également qu'on leur apporte un appui similaire à celui accordé aux personnes victimes des actes de l'organisation basque "ETA" ou d'autres groupes terroristes.