Un diplomate américain a déploré la position figée de l'Algérie qui "refuse la moindre concession" dans le dossier du Sahara, soulignant qu'"un signal fort" des Algériens est nécessaire pour dépasser le blocage actuel. "La position algérienne n'a jamais évolué, alors que les Marocains ont accepté le principe d'une large autonomie", a constaté le diplomate US cité, sous couvert de l'anonymat, par le mensuel international "Afrique Magazine" dans sa dernière livraison. Le diplomate a souligné que face à cette situation de blocage, "il faudrait un geste des Algériens, un signal fort, mais le régime actuel, regrette-t-il, refuse la moindre concession". "Afrique Magazine", qui publie dans son numéro de décembre un dossier sur la question du Sahara, estime que la position du pouvoir algérien sur ce dossier n'est pas partagée par les politologues algériens. Bien qu'ils soient "discrets", nombre d'entre eux estiment, selon la publication, qu'"un Etat sahraoui indépendant ne peut-être que faible et fragile sur le plan des institutions, ce qui menacerait la stabilité entière du Maghreb mais aussi du Sahel occidental". "Leur démonstration s'est même affinée, et ils affirment craindre qu'un Sahara indépendant ne bascule dans l'intégrisme voire qu'il ne constitue une proie facile pour les réseaux de narcotrafiquants qui infiltrent déjà nombre de pays ouest-africains afin d'en faire des bases-relais pour leurs cargaisons", relève le mensuel. Le chercheur Jean-Sylvestre Mongrenier de l'Institut Français de Géopolitique (Paris VIII) met en garde, dans un article publié par le magazine, contre le risque d'une dérive terroriste du "polisario" d'autant plus que les confins du Sahara "sont aussi ceux de la zone d'agissement d'Al Qaida pour le Maghreb islamique". "Bloqués dans leurs perspectives, les éléments les plus radicaux du Front Polisario pourraient être tentés par une forme de recyclage dans des activités nouvelles, à la croisée des narcotrafics et de l'islamisme combattant", a-t-il prévenu. Pour ce chercheur, également associé à l'Institut Thomas More, "il est difficile d'imaginer la création d'une +Atlantide des sables+, sur la base d'une idéologie en porte-à-faux avec la modernité". "Les méthodes de gestion dont le Front Polisario fait montre dans les camps de réfugiés à Tindouf (absence de libertés politiques et de liberté de l'information) ne présagent rien de bon quant à la nature du projet", a-t-il estimé pour conclure : "cette sombre anticipation nous conduit à envisager des conséquences géopolitiques bien au-delà du Sahara". Dans un reportage sur les provinces du Sud, "Afrique Magazine" souligne que de nombreux cadres du polisario ont fini, ces dernières années, par "tourner le dos à leur camp et rejoindre le Maroc, encouragés par la politique de la main tendue mise en place par le Royaume" et son "engagement massif" en matière d'investissement pour le développement de la région. "Tindouf, c'est devenu n'importe quoi. Là-bas, c'est la guerre des chefs et les petits intérêts personnels qui priment. J'en ai eu assez, alors je suis rentré", a confié au magazine un ancien élément du polisario qui, après vingt-huit ans passés à Tindouf, a choisi de revenir à la mère patrie et s'installer à Smara, "la terre de ses ancêtres". "Nous avons trop souffert. A présent, on veut juste pouvoir vivre normalement, faire des affaires, accueillir des touristes. Et ce n'est certainement pas les indépendantistes qui nous le permettront. Ils sont enfermés dans leur combat d'un autre âge! Il n'y a rien à Tindouf: pas d'infrastructures, pas d'entreprises, pas d'hôpitaux", souligne de son côté un jeune Sahraoui de la région de Laâyoune. C'est un avis que les Sahraouis partagent "y compris à Tindouf", selon "Afrique Magazine".