La Fondation Mohamed El Boukili "Création et Communication" a rendu, samedi, un hommage particulier au grand dramaturge marocain Tayeb Seddiki, que la plupart des témoignages ont hésité à classer tellement le champ de créativité de l'homme est dense. Metteur en scène, acteur, auteur, calligraphe, artiste peintre, directeur artistique, poète, un parcours très riche et diversifié. Le directeur de la fondation, M. El Boukili, lui-même artiste peintre qui a touché au théâtre et au décore théâtrale, le compare aux géants du théâtre de la Grèce antique et à Shakespeare, Goethe Brecht, Rihani. Tayeb Seddiki donne l'impression qu'il est constamment sur scène. Il n'hésite pas à interrompre ses interlocuteurs pour lancer une boutade ou une de ses blagues salées. Quelqu'un a apporté un jour un texte à son père Said Seddiki et lui a demandé de le traduire. Ce dernier lui rétorque qu'il faut le traduire en justice, raconte-t-il avec un sens de l'humeur du conteur professionnel pour égayer une conversation devenue trop sérieuse à son goût. Ce qui est étrange dans le théâtre, explique-t-il, est "qu'il est fait de choses qui ne sont pas vraies (décore, personnages, histoire), mais on atteint la vérité de la vie par le théâtre. Voilà pourquoi j'aime le théâtre et pourquoi le théâtre me fait vivre", résume-t-il entre deux témoignages. Tous ceux qui se sont succédés sur la tribune pour parler de l'homme et de son oeuvre ont montré beaucoup de prudence pour ne pas dépasser la dose laudative. C'est que l'homme n'aime pas trop les hommages. L'un des intervenants qui en a mis un peu de trop l'a appris à ses dépens. Tous les témoignages des écrivains, artistes, hommes de théâtre ou amis du dramaturge, présents à cette cérémonie, n'ont pas tari d'éloges sur la richesse de l'oeuvre de Tayeb Seddiki qui a marqué profondément de son empreinte l'expérience théâtrale au Maroc et aussi hors du Maroc. Pour certains d'entre, Tayeb Seddiki, reste un homme que le temps n'a pas réussi à entamer les ambitions. Entre théâtre, peinture, cinéma et télévision, Tayeb Seddiki confie avoir toujours réservé une place particulière à la calligraphie arabe qu'il "exerce avec beaucoup d'amour et de passion". "Je suis né entre les livres, et c'est le secret de mon grand amour pour la calligraphie", une passion héritée de son père Mohamed Ben Said Seddiki, confiait Tayeb Seddiki à la MAP, l'année dernière, en marge d'une exposition organisée par "la Minaudière des arts", pour célébrer son riche et exceptionnel parcours. Rares sont les gens qui, dit-il, savent qu'il vit de la calligraphie arabe plus que du théâtre, du cinéma ou de la télévision. Il affirme aussi sa passion démesurée pour le livre. "Rien ne remplace le livre", dit-il catégorique. Taib Seddiki né en 1938 à Essaouira, a appris son métier au Maroc, en France et en Allemagne notamment avec les comédiens et metteurs en scène français Hubert Gignoux, jean vilar. Il a notamment participé à création du théâtre travailliste, du café-théâtre, du théâtre Mogador et plusieurs autres troupes théâtrales. En 1964, il sera nommé directeur artistique du théâtre Mohammed V, puis directeur de celui de Casablanca et fut membre du l'Institut international du théâtre relevant de la commission exécutive de l'Unesco et reçut l'ordre des arts et des lettres du ministère français de la Culture. Tayeb Seddiki a mis en scène et composé un grand nombre de pièces dramatiques et contribué à un ouvrage sur les arts traditionnels dans l'architecture islamique. Il a également joué dans plusieurs films marocains, arabes et internationaux. En 1984, il réalise son premier long métrage "Zeft".